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PHYSIOTHÉRAPEUTE

AVEC ALEXIS GOUGEON

Avril 2021 | Musique et montage par Alex Andraos

Aujourd’hui on rencontre Alexis Gougeon, physiothérapeute. Il nous parle de son quotidien professionnel en clinique privée, de son parcours académique et nous présente son propre podcast Parle-moi de santé.

PHYSIOTHÉRAPEUTE


AVEC ALEXIS GOUGEON

Aimy :

Bonjour et bienvenue aux portraits professionnels, le balado où on tente de clarifier différentes professions du marché du travail. Aujourd’hui on rencontre Alexis Gougeon, physiothérapeute. Il nous parle de son quotidien professionnel en clinique privée, de son parcours académique, il nous présente son propre podcast Parle-moi de santé. Alexis Gougeon bonjour!

Alexis :

Salut!

Aimy :

Tu vas bien?

Alexis :

Ça va super bien.

Aimy :

Alors, on se rencontre aujourd’hui pour parler de ton beau métier. Veux-tu me dire qu’est-ce que tu fais?

Alexis :

Moi je suis physiothérapeute.

Aimy :

Physiothérapeute, depuis combien de temps?

Alexis :

Depuis 2018, donc là c’est comme la 3e année que je travaille comme physio.

Aimy :

Fantastique. Alors, admettons que les partys existaient encore (rire), tu aurais le droit de voir des gens : si tu te présentes puis tu dis « Salut moi c’est Alexis, je suis physio », qu’est-ce que les gens imaginent que tu fais de tes journées?

Alexis :

Je dirais que le… ça dépend s’ils connaissent un peu c’est quoi la physio, mais le cliché si on veut c’est « Ah, toi tu dois faire de bons massages! ». Alors c’est souvent ça que les gens vont dire, ou ils vont dire : « Ah peux-tu me faire un massage? » ou « Peux-tu pratiquer tes massages sur moi? ». Ça c’est une des choses qu’on va dire.

Aimy :

OK, il y a cette vision de « Toi tu taponnes le monde ».

Alexis :

Oui, exactement ou tu sais, peu importe, le concept de contact physique ou de traitement physique, les gens vont avoir le « massage » comme mot pour mettre sur ce qu’on fait comme travail.

Aimy :

Comme si c’était la référence un peu.

Alexis :

Oui exactement alors qu’en fait, il y a des massothérapeutes qui est une profession à part entière aussi, puis en physio… c’est drôle parce que j’avais calculé récemment pour le fun et tu sais, on a trois heures de cours de massage dans toute notre profession et j’ai estimé à 3 700 heures le cursus de physio. C’est comme 23 heures par semaine environ. Donc quand tu fais les calculs, bien c’était comme 0,8% de nos études.

Aimy :

Super représentatif de ce que tu fais.

Alexis :

Exact, exact.

Aimy :

Oui OK!

Alexis :

Mais je comprends d’où ça vient, les gens voient qu’on traite manuellement les patients donc ils vont appeler ça massage.

Aimy :

OK OK, comme ça c’est un concept plus facile à suivre.

Alexis :

C’est ça, c’est peut-être juste un manque de vocabulaire aussi.

Aimy :

Aussi! Potentiellement. Si on essayait de clarifier ce vocabulaire-là dans tous les professionnels de la santé qui travaillent un peu au niveau musculosquelettique, il y en a un paquet qui ont des spécialisations un peu différentes. Comment est-ce que tu dirais qu’on pourrait définir un peu la physiothérapie?

Alexis :

La physiothérapie, ce qui est merveilleux de la profession, c’est que c’est très large la clientèle à laquelle ça peut s’appliquer. En termes de traits de base, le physiothérapeute c’est un professionnel de la santé qui est spécialisé ou qui a une expertise pour l’évaluation et le traitement des conditions qu’on va dire musculosquelettiques, neurologiques et même cardio-respiratoires. Donc il y a comme trois grands systèmes que le physiothérapeute peut traiter, puis la conception de la physiothérapie c’est peut-être plus ce qu’on connaît, c’est-à-dire la physiothérapie en clinique privée ou en sportif ou la clientèle blessée musculosquelettique comme on dit : les gens qui ont des fractures, des entorses, des déchirures musculaires, des choses comme ça. Ça fait que ça, c’est comme la définition plus large ou plus générale si on veut de la physiothérapie.

Aimy :

Donc là tu m’as dit dans le fond que ça peut être ces trois systèmes-là, alors j’entends de là que ça pourrait être un paquet de clientèles qui viendrait te consulter.

Alexis :

Exact, puis c’est là qui est la beauté de la profession, parce qu’il y a beaucoup de gens qui… je dirais que 80% de ce que les physios peuvent faire, les gens ne sont pas au courant de ça. OK? Donc je te donne un exemple, il n’y a probablement pas beaucoup de gens qui savent que les physiothérapeutes, ça peut traiter des patients qui ont eu des cancers, puis par exemple après ça qui ont besoin de réadaptation. Par exemple, des gens qui ont eu des crises cardiaques puis qui doivent reprendre leurs forces, reprendre leur endurance, reprendre leur souplesse parce qu’ils ont été alités, ils ont eu des chirurgies cardiaques. Donc ce sont des clientèles qu’on n’a pas, mais je pense qu’au niveau statistique c’est comme presque 50% ou au moins 50% des physiothérapeutes qui travaillent avec une clientèle privée là, ça fait que la clinique privée, ça représente comme 50 % des physios au Québec, ce qui est la conception de physio que nous on connaît très bien.

Aimy :

L’autre 50 %, où est-ce qu’on pourrait le retrouver?

Alexis :

Bien on peut le retrouver dans n’importe quel établissement de santé quasiment. Tous les hôpitaux ont des physiothérapeutes, tous les centres de réadaptation, tous les CLSC ont des physiothérapeutes donc il y a de la physiothérapie à domicile, par exemple les personnes âgées qui ont des prothèses de genoux, après ça ils vont aller à la maison pour faire de la physiothérapie, bien ça peut être des physiothérapeutes qui vont à la maison pour faire la réadaptation. Ils peuvent traiter à domicile, ils peuvent donner les exercices que les patients vont faire à domicile, donc ça c’est une portion, puis après ça il y a plein de patients, plein de physios plutôt, qui peuvent travailler par exemple en agence. Ils ne vont pas nécessairement être affiliés à un hôpital ou à un endroit précis, mais ils vont plutôt travailler pour une agence de placement puis l’agence va leur trouver des contrats un peu à droite et à gauche; ça, c’est une belle opportunité pour des gens qui ne savent pas précisément avec quelle clientèle ils veulent travailler.

Aimy :

C’est comme une chance d’explorer.

Alexis :

Exactement, donc ils peuvent faire trois mois à travailler avec des gens qui ont eu des AVC en neurologie, après ça ils peuvent aller faire quatre mois dans le Grand Nord travailler à l’hôpital de Kuujjuaq, par exemple, puis ils peuvent après ça aller dans une clinique privée à Montréal parce qu’il y a un besoin là. C’est très variable puis ça permet aux gens de toucher un peu à plein de choses. Il y a beaucoup de gens qui commencent avec ça en début de carrière, ça leur permet un peu de cibler.

Aimy :

Oui c’est super intéressant. Toi ta clientèle, ça a l’air de quoi? Pour quel type de problématiques est-ce qu’on te consulte habituellement?

Alexis :

Moi vu que je travaille en clinique privée c’est vraiment une clientèle qu’on va appeler musculosquelettique, dans mon contexte à moi, parce qu’il y a des cliniques privées qui se spécialisent par exemple en neurologie. Eux ils vont voir juste des gens qui ont des problèmes neurologiques, comme la sclérose en plaques, les AVC, mais ça ce n’est pas ma clientèle. Moi c’est vraiment orthopédique, musculosquelettique. Le cas type, il y a comme deux types de cas qui peuvent venir me voir, soit des gens qui ont eu un élément déclencheur très franc, alors il y a eu un accident : Un accident d’auto, un accident de travail, une entorse de cheville, ils sont tombés, une mise en échec au hockey donc ils ont eu une commotion cérébrale. Donc il y a comme un élément déclencheur qui a amené une blessure, une douleur, puis là ces gens-là vont venir en physio pour se faire évaluer et se faire prendre en charge, se faire traiter. L’autre volet si on veut ça va être plus des gens qui vont arriver chez nous après une référence médicale. Ils vont avoir consulter leur médecin ou ils vont avoir eu une chirurgie, puis là l’orthopédiste ou peu importe le chirurgien qui va les avoir opérés va dire : « Bien là, il faut que tu fasses de la physiothérapie pour reprendre ta mobilité, reprendre tes forces, être capable de refaire tes sports, tes loisirs, ton travail. ». Alors soit les gens viennent par eux-mêmes parce qu’ils connaissent la physio, ou des fois il y a des gens qui sont référés à nous par un médecin puis ils ne connaissaient même pas la physio, donc moi c’est la première question que je pose quand les gens rentrent dans mon bureau : « Avez-vous déjà faire de la physiothérapie? », parce que je peux déjà savoir un peu bien s’ils en ont fait, probablement qu’ils ont des attentes de qu’est-ce que c’est, peut-être qu’ils ont déjà une idée de qu’est-ce qui a bien aidé, quel genre de prise en charge a aidé. Il y en a qui n’ont aucune attente et qui se fient 100 % à nous, puis là c’est parfait, on peut travailler comme ça en collaboration avec eux.

Aimy :

Dépendamment des styles…

Alexis :

Ça va de la tête aux pieds, c’est ça qui est fou c’est que dans la même journée je peux avoir une commotion cérébrale, tout de suite après une fracture de l’orteil, après ça un genou, après ça un cou, puis c’est…

Aimy :

C’est vraiment une grande variété dans ta journée.

Alexis :

Exactement, puis on est habitués de traiter de la tête aux pieds.

Aimy :

Excellent. Alors si on regarde une journée typique. De quoi ça pourrait avoir l’air dans la vie d’Alexis physiothérapeute.

Alexis :

Pour moi une journée typique, deux jours par semaine ça commence en après-midi parce que je fais un quart de travail de soir, donc je rentre au travail vers midi et demi ou midi, j’arrive une demi-heure avant mon premier patient et ma première demi-heure ça va être regarder mes courriels. Des fois, il y a des patients qui m’ont écrit parce que leurs exercices ne sont pas clairs ou ils ne savent pas comment bien les faire. Des fois, ils ont des questions, ils veulent savoir : « Est-ce que j’ai le droit de faire ça, est-ce que je peux faire ça? ». Des fois, ils sont inquiets, il est arrivé quelque chose de nouveau, ils ont eu mal et ils veulent se faire rassurer, être sûrs que c’est correct… donc il y a une partie de cette demi-heure-là qui va être allouée vraiment pour les courriels, il y a une partie qui va aussi juste dans la préparation de ma journée. Moi j’aime ça voir qui je vais voir dans ma journée et déjà me faire une idée. Des fois, il y a des cas où tu sais très bien où tu t’en vas, c’est très clair, puis il y a d’autres cas qui te demandent à plus réfléchir, qui sont plus “challengeants” qui sont un peu plus complexes.

Aimy :

Ça fait que tu pourrais faire un peu plus de recherche ou discuter avec tes collègues. Alexis :

Exact, oui c’est ça. Ça peut arriver, puis aussi des fois, j’ai des lettres au médecin à faire. Il faut que j’envoie un rapport, il faut que, je ne sais pas moi… il y avait un questionnaire que je voulais donner à un patient et là il faut que je l’imprime, des choses comme ça.

Aimy :

Donc cette demi-heure-là, c’est un peu la poutine au début.

Alexis :

Oui exact, c’est vraiment… je prépare ma journée et tu sais, moi c’est comme ça que je fonctionne, il y en a plein qui eux arrivent puis PAF!, ils rentrent avec leur premier patient, moi ça fait peut-être, depuis trois ans c’est arrivé deux ou trois fois que je sois arrivé comme pile à l’heure puis je sais que ça “rush” ma journée et que je commence un peu déboussolé.

Aimy :

Tu prends ton temps en arrivant.

Alexis :

C’est ça! Alors ça c’est ma première demi-heure puis après ça en général j’ai comme un quatre heures de patients avant de manger, donc c’est vraiment des patients un à la suite de l’autre. Ça peut être des évaluations qui vont être comme la première fois que je vois quelqu’une et là c’est l’évaluation du problème, un peu connaître l’historique, faire le plan de match, donc ça, c’est comme notre première rencontre… ou ça peut être des suivis, des traitements, puis là pendant ce traitement-là, bien je vais tout le temps m’assurer de voir comment ça a été depuis que les ai vus, qu’est-ce qui a bien été, qu’est-ce qui a mal été, est-ce qu’il y a des questions, des inquiétudes. Des fois, il y en a qui me disent : « Je suis de retour à 100 % », ça fait qu’on sait que cette séance-là ça va être la dernière. Ça ressemble à ça! Puis tu sais, je vais avoir le traitement que je peux faire, qui est très variable selon chaque personne, la révision, la progression des exercices. Donc ça, ça ressemble vraiment au “core” de la journée, dans le milieu c’est ça.

Aimy :

Donc ton espèce de quatre heures, est-ce que quatre heures ça correspond à quatre clients?

Alexis :

En fait ça dépend. Ça, c’est un modèle qui peut différer selon les cliniques. Je te dirais que pour la très très très grande majorité des cliniques au Québec, quand tu as une évaluation donc un nouveau patient tu vas avoir une heure avec lui, OK? Donc là c’est pour faire l’historique, le questionnaire, comprendre ce qui s’est passé, faire l’évaluation, des fois même commencer le traitement et faire une prescription d’exercices ou peu importe ce qui va être inclus dans le plan de match. Puis pour les suivis, les traitements à notre clinique c’est 30 minutes, OK? Donc là, déjà on connaît le problème donc on n’a pas besoin d’une heure à chaque fois, mais il y a des cliniques privées qui elles vont choisir de faire des traitements de 45 minutes, il y en a qui passent une heure avec les patients, donc le modèle d’affaires peut différer, mais grosso modo ça ressemble vraiment à ça. Donc pour 4 h bien ça pourrait être huit patients si ce sont tous des suivis ou ça pourrait être quatre nouveaux patients, ou un hybride entre les deux.

Aimy :

Ça va dépendre là.

Alexis :

Oui.

Aimy :

Donc tu vas faire ce bloc-là, tu vas souper et là tu refais un autre bloc après?

Alexis :

Exact, moi la façon que je fonctionne, je fais tout le temps un plus gros bloc avant le souper ou dîner, peu importe. J’essaie de faire 4 h, puis moi ma journée c’est 7 h de patients, donc après ça il me reste comme un 3 h et souvent je trouve que ça passe plus vite quand j’en fais plus au début, puis on dirait que quand tu commences ta journée, ça va bien et tu as de l’énergie, tu sais, tu commences. Donc c’est ça mon dîner, mon souper c’est une demi-heure quand tout va bien, parce que tu sais j’ai une demi-heure à l’horaire donc si j’ai débordé un peu avant mon souper des fois ça tourne en 25 minutes, une journée par mois ça tourne en 12 minutes, catastrophique, tu manges…

Aimy :

Coin de table, puis vite vite on recommence!

Alexis :

Coin de table un peu, mais moi depuis que j’ai commencé à travailler je me suis vraiment mis quand même un cadre rigide dans le respect de mon temps; autant que pour les patients moi je trouve que c’est important de respecter le temps de leur rendez-vous… l’heure à laquelle il est supposé être, que moi je trouve que c’est important que je respecte mon heure de dîner, puis que tu sais, que j’accepte que ce n’est pas avec tout le monde qu’on devrait déborder le temps, mais ça va dans ma personnalité. Il y a des gens, j’ai des collègues qui sont toujours en retard et pour eux, ça fonctionne très bien comme ça. C’est parfait!

Aimy :

C’est intéressant, cette thématique-là c’est quelque chose que j’entends souvent avec les gens qui travaillent dans un contexte privé.

Alexis :

Oui!

Aimy :

C’est comme, bien mon temps, c’est comme ça que j’achète mon pain, donc j’ai besoin de m’assurer que le temps qui est alloué au travail soit à 100 % au travail puis le temps qui n’est pas alloué au travail, bien que je le respecte parce que c’est comme ça que j’entretiens ma machine, qui est moi-même, qui me permet de vivre!

Alexis :

Exact! Parce que si je ne prends pas une demi-heure pour dîner, puis tu sais quand je dîne là en général j’essaie de comme, juste manger, tu sais, je lis La Presse sur mon téléphone, je discute avec mes collègues, c’est comme un trente minutes où on déconnecte, où on essaie de ne pas trop penser à tout ce qui se passe et ça permet d’un peu de revenir puis après ça, de faire un autre trois heures bien efficaces. Alors tu sais, ce temps-là que je prends pour moi c’est un temps que je suis capable de réinvestir après ça pour être plus disponible, puis plus à l’écoute, mieux… plus patient aussi tu sais c’est beaucoup d’écoute comme travail.

Aimy :

Si on regarde ça justement, tu me parlais tout à l’heure bon des problématiques que les gens peuvent avoir quand ils viennent te voir. Tu es dans un contexte peut-être plus musculosquelettique. Comment pourrais-tu décrire l’échange avec tes patients, de quoi ça pourrait avoir l’air?

Alexis :

Est-ce que tu parles plus de comme, souvent la première rencontre ou juste en général à quoi ça ressemble la dynamique entre un patient et son physio?

Aimy :

Oui je te dirais en général. Je m’explique : je sais qu’il y a certains spécialistes de la santé qui vont avoir quelque chose de très manuel, tu sais, donc on parlait du massage tout à l’heure, tu mets la personne sur la table et là tu fais tes manipulations. Il y a d’autres personnes qui ont le gros bilan, l’historique comme tu disais il faut vraiment qu’on comprenne et là, est-ce qu’il faut que je motive la personne? Tu vois un peu ce que je veux dire?

Alexis :

Oui, je comprends. La façon que moi je le perçois, puis je pense que c’est la façon qu’on doit aller de l’avant… tu sais pour le futur de la physiothérapie il faut de plus en plus se baser sur ce qu’on sait qui est le plus efficace et le plus bénéfique pour nos patients, OK? Je m’explique là-dedans : On est régis par un ordre professionnel donc on est tenus de pratiquer selon les meilleures évidences scientifiques, ce qu’on appelle la littérature scientifique, qui est l’ensemble des recherches et il y a des milliers de personnes à travers le monde en physiothérapie qui travaillent pour la recherche qui travaillent pour savoir qu’est-ce qui est le mieux dans tel et tel cas, dans telle pathologie, tel type de traitement. Ça fait que ça nous amène à avoir un peu un modèle en pyramide sur laquelle on a à la base de la pyramide les piliers les plus importants, OK? Puis ce qu’on comprend maintenant, qui est le plus important, en physiothérapie, mais ça, ça s’applique à toute la médecine générale, la médecine large là, donc toutes les interventions des professionnels en santé, c’est la relation thérapeutique. Quand je dis relation thérapeutique, c’est… ou on peut appeler ça l’alliance thérapeutique, c’est une espèce d’équipe si on veut, de collaboration AVEC le patient, où on crée une relation de confiance avec le patient, autant le physio envers son patient et le patient envers son physio. C’est vraiment un… c’est comme un consensus entre les deux, parce que si c’est une dictature, le modèle un peu…

Aimy :

Je te dis quoi faire puis tu vas faire ça!

Alexis :

C’est ça, exactement, on réalise maintenant que ce n’est pas ça la meilleure façon. En fait, on réalise ça depuis longtemps, mais c’est encore, tu sais, ce n’est pas tout le temps appliqué encore concrètement en clinique.

Aimy :

Tu sais, si je peux faire un parallèle : C’est intéressant, l’alliance thérapeutique on la voit souvent dans les professions de la relation d’aide, hein? Puis il a été soulevé à travers la littérature scientifique encore une fois que le facteur numéro 1 de réussite d’une thérapie, c’est la qualité de l’alliance thérapeutique.

Alexis :

Exact, puis ce n’est pas différent en physio, c’est identique.

Aimy :

Donc c’est exactement la même chose, on est encore, même si c’est de la relation d’aide liée à la santé on est dans cette relation de confiance.

Alexis :

100%, puis la physiothérapie c’est de la relation d’aide à 100 % et moi souvent je dis que le côté psychologique est bien plus puissant et plus fort que le côté physique. Tu peux être le meilleur physiothérapeute manuel, tu peux avoir les meilleures manipulations les meilleures techniques, si tu as une incapacité de créer rapidement une relation de confiance avec un client, un patient, tu ne vas pas avoir beaucoup de succès parce que les gens ne vont pas venir te voir parce que tu as les meilleures mains; ils vont venir te voir parce qu’ils ont confiance que tu vas cibler le bon problème, que tu vas leur expliquer comment se prendre en charge. Si je reviens à ma pyramide, l’alliance thérapeutique c’est clairement le bloc #1, puis là-dedans j’impliquerais dans le même bloc si on veut l’auto prise en charge du patient, qui est un modèle beaucoup plus actif de physiothérapie, c’est-à-dire de responsabiliser le patient dans sa guérison, dans sa réadaptation. Il faut qu’on se débarrasse du modèle où un patient arrive à une clinique, se couche sur une table et se fait, peu importe ce qu’on fait sur lui, sur son corps…

Aimy :

Ce n’est pas une coupe de cheveux là, je ne m’en vais pas chez la coiffeuse à me fait ma mise en plis puis je m’en vais, ce n’est pas ça.

Alexis :

Exactement, puis après ça il s’en va, tu sais! Le traitement manuel a sa place en physiothérapie, je pense qu’il y a aussi certains débats associés aux traitements manuels, moi je crois fermement qu’il a sa place, mais c’est la proportion dans laquelle va prendre cette partie manuelle du traitement qui doit être importante et qui ne doit pas être la majeure. La majeure ça doit être bien comprendre le patient, comprendre la personne, pas juste son bobo, tu sais c’est beau une entorse de cheville, mais il y a un contexte à tout ça, il y a un être humain derrière ça, il y a quelqu’un qui peut-être ne peut plus faire ses commissions, peut-être qu’il ne peut plus aller au travail, tu sais? Donc il faut comprendre la psychologie de l’humain aussi, il faut être capable de lui expliquer ce qui se passe, il faut faire une bonne évaluation, créer cette relation-là et lui donner les outils pour guérir à la maison, parce que ce qu’on sait c’est que si je le vois une fois par semaine, bien je le vois 30 minutes dans ma semaine, puis il y a 1080 minutes dans une semaine.

Aimy :

Oh ça c’est une bonne statistique!

Alexis :

Si on fait les maths, c’est 0,3% de la semaine que le patient est avec nous, alors c’est un peu ridicule de dire que notre demi-heure c’est ce qui fait toute la différence, tu sais, c’est ce que le patient fait à la maison et donc nous notre rôle, moi je le vois souvent comme un rôle de coach, ou d’encadrement. Moi je suis l’expert pour lui dire puis lui expliquer comment se guérir lui-même. C’est sûr qu’il y a une partie de traitement qui va accélérer les choses, qui va permettre au patient d’avoir moins mal, de mieux bouger, d’être plus à l’aise dans ses exercices, mais si le patient ne comprend pas ce qu’il a, s’il ne sait pas quoi faire à la maison quand il a mal, puis il ne sait pas pourquoi il fait ce que je lui ai recommandé de faire, s’il ne sait pas pourquoi il fait les exercices, il demeure avec trop de points d’interrogation à mon goût donc il ne va pas évoluer de la bonne façon si pour lui se faire traiter c’est juste venir 30 minutes se faire taponner sur une table.

Aimy :

À ce moment-là ce que tu me dis c’est qu’il faut que la personne me fasse confiance, que j’établisse ce lien-là rapidement, ensuite il faut que moi je comprenne sa réalité au complet. OK tu as mal, ça veut dire que tu ne peux pas jouer avec tes enfants. Tu as mal, ça veut dire que tu n’es pas performant au travail, tu n’aimes pas ça. Donc de voir un peu tout ce que ça entoure le bobo, puis ensuite tu vas faire genre une prescription? Tu vas dire bien voici ce que tu devrais faire quand on n’est pas ensemble.

Alexis :

Oui, bien c’est ça. Le terme prescription est comme moins… en médecine c’est comme une prescription officielle avec un papier, puis c’est comme un acte médical…

Aimy :

Comment on pourrait appeler ça? Faire un plan de match, un plan d’action?

Alexis :

Exactement, un plan de traitement.

Aimy :

Un plan de traitement.

Alexis :

OK, donc moi les gens qui me voient pour la première fois, quand ils quittent ma salle après la première fois, ils quittent avec une feuille recto verso. D’un côté c’est leur plan de traitement. Il y a le diagnostic, il y a la cause du diagnostic, il y a le temps de récupération que moi je pense que ça va prendre.

Aimy :

Le diagnostic, c’est toi qui l’émets?

Alexis :

Exact! C’est un diagnostic physio-thérapeutique, OK? J’essaie de faire un diagnostic que le patient comprend. Si je lui dis quelque chose de compliqué puis que ça ne lui parle pas, bien il ne va rien comprendre. Je pourrais garder ça simple et lui dire que tu as une entorse de cheville, mais après ça je vais lui expliquer : « Pourquoi ton entorse de cheville te fait mal comme ça. », parce que ce n’est pas pareil, d’une personne à l’autre. Donc sur cette feuille de plan de traitement là, il va y avoir le nombre de traitements que moi je pense qu’il va avoir de besoin, ça c’est basé sur mon expérience, c’est basé aussi sur sa personne, parce qu’il y a des facteurs autres que la blessure qui vont déterminer si quelqu’un va évoluer bien ou mal, peut-être qu’on en reparlera, puis il va y avoir aussi les interventions qui vont être nécessaires. Alors là-dessus je peux lui dire : « Tu vas avoir besoin d’exercices de mobilité, d’exercices de contrôle de ton mouvement, d’exercices de renforcement, de stabilisation musculaire. Tu vas peut-être avoir besoin d’un peu de traitement de tes articulations, puis peut-être de quelques conseils ergonomiques, d’habitudes posturales et d’un programme de retour à, soit le travail, soit l’entraînement si tu es un sportif ». Puis là-dedans je vais aussi leur dire : « Je pense que tu es capable de récupérer à tant de “pourcent”. Toi qu’est-ce que tu vises comme pourcentage de récupération? ». Tout ça c’est sur la feuille et ils repartent avec ça. Au verso de cette feuille-là, ils ont les exercices qu’ils doivent faire, puis nous on fonctionne avec des vidéos sur YouTube. Les gens vont voir leurs vidéos, on le fait avec eux puis ils ont un aide-mémoire à la maison.

Aimy :

Excellent!

Alexis :

Si on parle de la prescription, c’est vraiment le plan de traitement, puis ça va toucher tous les aspects que moi je juge qu’il faut aborder pour qu’il aille mieux.

Aimy :

OK!

Alexis :

Ça peut être psychologique, ça peut être social, ça peut être physique, ça peut être plein de choses!

Aimy :

C’est une approche super globale en fait.

Alexis :

Exact.

Aimy :

Si on regarde justement tout ça, qu’est-ce que tu dirais qui est le plus “challengeant” dans ton travail?

Alexis :

Je pense que le plus “challengeant” c’est d’arriver au meilleur compromis possible entre ce que moi je sais et je crois qui est le mieux pour mon patient selon mon expérience, mes notions théoriques, mes notions pratiques et ce que le patient croit qui va l’aider. Puis, on rentre là-dedans un peu si on veut, l’élément de croyances personnelles, expériences antérieures de vie ou expériences de traitement, les attentes. Tout ça c’est comme un “melting-pot” et je pense que le plus gros défi c’est ça! Puis une espèce d’expansion de ce challenge-là, ce serait de gérer l’être humain juste en général, tu sais l’être humain c’est complexe, ça me fait tout le temps un peu rire quand je lis sur Internet « Les 10 meilleurs exercices pour votre entorse de genou ». Je suis d’accord de dire que pour des entorses de genou ou pour une douleur au genou il y a peut-être certains exercices qui semblent plus démontrés que c’est plus efficace, mais ça doit tellement être spécialisé ou individualisé à chaque personne, que tu ne peux pas dire « Voici un exercice pour les genoux. »

Aimy :

Il n’y a pas de « one size fits all ».

Alexis :

Non c’est ça et c’est un peu la difficulté que j’ai des fois avec les gens qui me disent : « Hey moi j’ai mal à la cheville as-tu un exercice pour ça? ». C’est comme dire : « Hey ton toit coule… » ou tu sais « Il y a de l’eau dans ton sous-sol, sais-tu quoi faire? », bien ça dépend!

Aimy :

Ça dépend d’où elle vient, ça dépend de ton sous-sol.

Alexis :

Est-ce qu’il y a un tuyau qui a craqué, ta toiture, est-ce la fenêtre qui est ouverte puis il a plu… C’est vraiment… moi je dis souvent qu’on a un rôle de détective, je pense que si je n’étais pas physio, je serais probablement comme inspecteur dans la police parce que tout ce qui est le mystère, tout ce qui est l’investigation c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Donc c’est très multifactoriel, puis ça c’est vraiment le plus beau challenge, je pense que c’est gérer ça.

Aimy :

Donc le challenge, c’est gérer cette balance-là entre ce qui serait le plus efficace et ce qui est jouable du côté du client compte tenu de qui il est, de ses croyances, etc.

Alexis :

Exact. Puis c’est là que vient le modèle de collaboration. Il faut que moi je fasse des compromis sur certaines choses et le patient peut-être aussi, pour qu’on se rejoigne dans le milieu avec un plan de match. Ça va arriver des fois que je vais être ferme et je vais dire : « Là, il faut que ce soit ça pour ton bien. », parce qu’il y a des gens qui parfois n’ont même pas du tout la perspective de tout ça, donc leur jugement peut être complètement erroné par le fait qu’ils ont mal depuis des années, par le fait qu’il y a trop de facteurs qui jouent.

Aimy :

C’est comme si certaines personnes vont avoir besoin de plus d’encadrement que d’autres.

Alexis :

Exactement et il y en a qui disent : « Regarde, moi je fais à 100% ce que tu dis, c’est toi le boss, tu me dis quoi faire puis c’est parfait comme ça. ». Il y en a qui arrivent et qui disent : « Moi c’est ça que je veux. », et des fois ça se peut qu’on puisse donner ça. Des fois veut veut pas, on est le professionnel qui est payé pour donner le meilleur avis alors s’il arrive avec un peu une idée déjà de ce qu’il veut, bien des fois je peux dire : « Pourquoi tu es ici si tu sais déjà comment le faire? ». Encore là, il ne faut pas être trop autoritaire, il faut quand même trouver l’équilibre. Le défi c’est vraiment ça et moi je trouve que le plus difficile maintenant, c’est un peu de ne pas avoir assez de pouvoir sur les éléments autres, externes, qui nuisent à une récupération, comme les facteurs psychologiques, les facteurs sociaux, les pressions au travail, les problèmes à la maison. Puis tu sais en plus le contexte actuel, avec tout ce qu’on sait à propos de la santé mentale qui est comme de plus en plus d’actualité, bien des fois moi j’ai un peu les mains liées parce que cette personne-là ne peut pas avancer tant qu’elle n’a pas cheminé sur d’autres problèmes qui sont déjà là avant ça, avant même la blessure là.

Aimy :

C’est toujours que le bobo ne flotte pas dans les airs, le bobo est dans une personne dans un corps qui est dans un esprit qui est dans tout ça, là. OK, donc le challenge c’est un peu de jongler avec tout ça aussi.

Alexis :

Oui.

Aimy :

à l’opposé, qu’est-ce que tu dirais qui est le plus satisfaisant dans ton travail?

Alexis :

Je pense que le plus satisfaisant c’est la valorisation que peut t’amener le fait d’avoir amené quelqu’un du point A au point B. Quand la personne t’arrive, moi souvent je vais leur demander au courant de l’évolution de me quantifier un peu leur pourcentage d’atteinte de leurs objectifs. Je leur dis : « Si tu es arrivé puis que tu étais à 0 % et que 100% c’est que tu vises, tu es rendu où? ». Quand ils disent 100%, ça c’est la chose qui me rend le plus content. Nous on travaille pour amener des gens à réaliser les choses qu’ils veulent faire. Donc c’est large, des fois il y en a que c’est attacher leurs souliers, parce qu’ils ne sont pas capables de se pencher, il y en a que c’est courir 120 kilomètres en montagne. Puis tous les objectifs sont bons, il n’y a pas un objectif qui est plus valable, valide que l’autre, ça je pense que c’est une des choses les plus valorisantes. Je dirais l’autre chose aussi c’est quand les gens t’identifient comme la personne de confiance et là on le voit, ils t’amènent leur frère, leur sœur, leur fils, leur grand-mère, puis que tu es vraiment la personne-ressource pour eux.

Aimy :

C’est une belle marque de reconnaissance.

Alexis :

C’est ça, exact, puis c’est le fun de pouvoir appliquer cette confiance-là, de pouvoir aider plus que juste une personne à la fois. Je pense que c’est quelque chose qui est très positif dans le travail; et c’est ce vers quoi on tend comme physiothérapeute aussi.

Aimy :

C’est cool à recevoir aussi hein?

Alexis :

Oui, exact.

Aimy :

Qu’est-ce qui t’a fait choisir ce métier-là?

Alexis :

Moi depuis… quand j’étais plus jeune début ado, ado, moi je voulais être médecin. Puis encore là, quasiment tout le monde voulait être médecin, c’est comme on dirait…

Aimy :

C’est un choix populaire!

Alexis :

C’est ça, c’est un choix populaire puis on dirait que quand tu es médecin tu as bien réussi, c’est un métier fabuleux d’être médecin. Ça fait que jusqu’à mon arrivée au cégep, moi je voulais être médecin, puis précisément je voulais être chirurgien orthopédique, OK? Parce que ce que j’aimais c’était les articulations et moi j’ai un “background” de sauveteur. Quand j’étais plus jeune j’ai travaillé cinq à six ans comme sauveteur, puis ça a été ma job comme… toutes mes études, c’était ça. Je me suis formé pour enseigner aux sauveteurs aussi donc j’étais déjà comme dans le médical. Tu sais, j’ai fait des interventions, j’ai déjà fait du RCR, j’ai déjà sauvé des gens de la noyade, des trucs comme ça. J’étais beaucoup dans les premiers soins et j’aimais beaucoup ça. Ça, c’est l’aspect médical qui a toujours été en moi qui m’a amené vers la santé, à la base. Ma mère est ergothérapeute, donc je connaissais un peu le milieu de la santé, un peu le milieu de la réadaptation, même si c’est deux professions très différentes, ce sont deux professions qui sont très…

Aimy :

Un peu cousines!

Alexis :

Oui cousines, en collaboration. L’autre élément c’est depuis que je suis jeune, j’aime ça aider les gens, j’aime ça expliquer, j’aime ça enseigner. Dans mon métier à moi j’ai cette chance-là de pouvoir être un peu, je n’aime pas le terme position d’autorité, mais un peu comme…

Aimy :

Un rôle de coach.

Alexis :

Un rôle de coach, un rôle de confiance exactement. Pour moi, ça c’est quelque chose que je recherchais. L’Élément déclencheur, ça a été quand… moi j’étais dans un club de ski de fond, bien je suis dans un club de ski de fond maintenant je suis rendu coach, mais comme jeune ado dans ce club de ski de fond, il y avait une physio qui était dans le club aussi. Je me suis rapprochée de cette personne-là, puis on a échangé et à un moment donné j’avais eu mal à l’épaule puis elle avait regardé ça. J’avais trouvé ça vraiment intéressant, vraiment intrigant. J’étais allé passer une demi-journée avec elle à sa clinique, en clinique privée. Ça, je pense que c’était au secondaire probablement, peut-être Cégep, en tout cas… Cégep, je pense! Puis à ce moment-là j’avais vraiment trouvé ça cool, ça m’avait allumé. Après ça c’était vraiment « OK… moi c’est clair je veux être physiothérapeute », mais quand j’étais, quand je voulais être physio, après ça moi dans ma tête j’allais être physio pour le Canadien de Montréal. Tu sais, parce que c’est ça aussi, il y a un autre aspect, on peut être physio comme en intervention sportive, qui est un autre aspect, et là tranquillement j’ai réalisé que ce n’était pas nécessairement ça que je voulais faire, tu sais. Ça m’intéressait, mais pas autant. C’est ça qui m’a vraiment amené vers la profession.

Aimy :

OK! Parfait. Comment tu décrirais ton parcours scolaire?

Alexis :

Le plus typique qu’on peut avoir.

Aimy :

Tu as fait la belle ligne droite.

Alexis :

J’ai fait la ligne droite, secondaire cinq années, après ça j’ai été au Cégep Gérald-Godin en sciences de la nature, j’ai fait mes deux ans là, j’ai été plus de temps à la bibliothèque que n’importe où ailleurs. Mes deux ans de cégep c’était vraiment juste comme…

Aimy :

Tu as bûché!

Alexis :

Oui, bien c’était comme le sport, je faisais du volleyball avec l’équipe collégiale, puis le reste du temps j’étais à la bibliothèque. J’étais quand même très…

Aimy :

Discipliné tu dirais?

Alexis :

Oui quand même très discipliné, j’avais un bel équilibre parce que je faisais du sport puis j’avais quand même une vie sociale intéressante aussi, mais j’étais quand même très rigoureux, si on veut, dans mes études. Veut veut pas, je savais la cote R que ça prenait pour aller en physio, qui est rendu fou, c’est quasiment, c’est autant que la médecine maintenant là.

Aimy :

Pratiquement.

Alexis :

Puis mon année à moi spécifiquement c’était 33 le dernier accepté tu sais, comme je pense 33.1, ce qui est fou. Ça, ça a été mes deux années de cégep, après ça je suis rentré directement en physiothérapie à l’Université de Montréal, première année… puis j’ai vraiment découvert tout un monde incroyable parce que les physiothérapeutes, les êtres humains qui sont des physiothérapeutes, ce sont des personnes exceptionnelles. Ce sont des personnes qui font du sport, qui sont équilibrées, qui ont une vie sociale, tous du monde avec de l’entregent, vraiment du beau monde tu sais. J’ai eu beaucoup de plaisir, j’ai été quatre ans à l’étude, puis pendant mon parcours universitaire, là après à partir de ma deuxième année, là j’ai commencé à vouloir m’impliquer un peu plus. J’ai été représentant sportif pour le conseil d’administration de notre association étudiante. On était comme… je pense que, en fait c’était physiothérapie et ergothérapie ensemble qui étaient la SÉRUM qu’on appelait, la Société des Étudiants en Réadaptation de l’Université de Montréal et moi j’étais comme représentant sportif avec une autre collègue. Donc j’ai fait trois ans de ça, ça fait que j’organisais des événements sportifs, on organisait des tournois, on a créé un événement de tournois entre les cohortes à l’école, entre les cohortes d’ergothérapie, de physiothérapie. C’était beaucoup dans : Encourager les gens à faire du sport, à bouge, donc on a fait plein de choses comme ça. Ça a comme gardé mon parcours scolaire quand même occupé aussi, puis en physiothérapie c’est fou à l’école de nombre de choses qu’on organise et qu’on fait. Les gens sont vraiment impliqués on fait des “shows” de musique, des “shows” de talents.

Aimy :

C’est une gang qui est dynamique!

Alexis :

Oui c’est vraiment une gang qui est dynamique! Ça a été quatre ans qui ont passé en deux secondes puis après ça on gradue et on rentre sur le marché du travail, donc ça a vraiment passé vite.

Aimy :

Quand tu décris ton parcours académique, c’est intéressant, tu me parles beaucoup d’équilibre puis tu me parles beaucoup de diligence quand même. Ce n’est pas… Tu me parles de la cote, c’est une cote qui est super élevée pour rentrer en physio et ça n’a pas vraiment baissé depuis!

Alexis :

Non c’est ça.

Aimy :

On est dans un contexte où est-ce que ces efforts-là sont nécessaires. C’est ça que j’entends? C’est comme : Oui tu peux avoir du fun, oui tu vas rencontrer du monde, ça va être agréable, mais il y a place à réguler ton horaire pour être sûr de faire ce que tu es supposé faire.

Alexis :

Oui, je pense aussi… l’équilibre je pense que c’est quelque chose qui est très difficile à atteindre. Moi de base je suis chanceux parce que j’avais une facilité à l’école. Il y a des gens pour qui, pour le même nombre d’heures de travail, ils vont pratiquement juste passer leurs cours, puis il y en a d’autres qui vont avoir 80, 90 % pratiquement en ne faisant presque rien. Moi j’étais dans la catégorie de gens qui travaillaient fort, mais j’avais quand même une facilité. J’avais cette chance-là et ça m’a permis d’avoir cet équilibre-là parce que peut-être qu’il y en a pour qui c’est difficile de faire du sport et apprendre un instrument de musique, et faire des arts, avoir des amis, faire des sorties, puis en plus l’école… et je pense que l’école maintenant c’est quasiment rendu un élément plus stressant qu’autre chose pour beaucoup de jeunes, surtout au primaire, secondaire, on voit maintenant en très bas âge des jeunes avec des troubles d’anxiété élevés et ça, moi ça m’attriste profondément. Je pense justement que ce travail-là vaut la peine, c’est surtout quand tu as un objectif en tête puis que tu sais qu’est-ce que tu veux atteindre, c’est important de mettre le travail, mais je ne mettrais jamais ça au détriment de l’équilibre de vie, tu sais?

Aimy :

C’est ça hein? L’équilibre est difficile à atteindre, mais c’est quelque chose à quoi on peut aspirer.

Alexis :

Exact. Je préfère quelqu’un qui a 75 %, 70 %, mais qu’en plus il fait du sport, il a des amis, il est heureux, que quelqu’un qui a de l’anxiété de performance et qui a des 90 %, mais qui passe tous ses week-ends à étudier, puis ça pour moi ce n’est pas un bon équilibre. Les notes, c’est un chiffre tu sais, je pense qu’on devrait aussi axer sur les compétences, pas juste sur les connaissances théoriques. C’est important de développer plusieurs aspects et on le sait que, la science nous démontre que de faire du sport, de faire, de s’épanouir dans les arts ou autre chose, ça aide pour le développement de notre cerveau aussi. Ça, ça s’applique aussi après ça dans nos études, c’est sûr!

Aimy :

C’est toujours intéressant de se dire que oui mes études, oui ma carrière, mais en même temps, comme on disait tout à l’heure, le bobo n’est pas indépendant de la personne, la carrière n’est pas indépendante de ta personne non plus. Si dans le reste de ta vie c’est pénible, bien OK, tu as peut-être atteint ce que tu voulais, mais il y a plein d’autres affaires à observer aussi, donc cet équilibre-là il est un peu généralisé dans tout.

Alexis :

Oui, puis ce à quoi ta journée ressemble ou ce à quoi tes semaines ressemblent, bien ça se traduit par être ce que ta vie elle est! Si tu passes ta journée à être stressé, à être tout le temps sur tes textos, tout le temps sur tes courriels, juste dans le travail travail travail, tu as beau dire : « Éventuellement je vais être autre chose. », mais ta vie c’est ça! Si ton quotidien est comme ça, sur le “rush”, il est stressé, bien ta vie elle est stressée.

Aimy :

J’ai envie de parler d’un beau projet que tu as lancé, qui est un podcast, tu sais que les podcasts sont près de mon cœur! (rire)

Alexis :

Exact! Les podcasts c’est le futur!

Aimy :

C’est le futur. C’est tout de suite!

Alexis :

C’est tout de suite, mais tu sais, ça n’a pas fini de monter.

Aimy :

Clairement, clairement. Donc tu as lancé un beau podcast qui s’appelle Parle-moi de santé.

Alexis :

Oui.

Aimy :

Veux-tu nous décrire un peu le concept?

Alexis :

Oui bien moi j’ai commencé à travaille là-dessus au printemps 2019, oui, donc au printemps… pas le printemps Covid, le printemps pré-Covid, puis la prémisse de base ou l’idée de base de ce podcast-là c’était : Comment je peux faire pour qu’à chaque fois que j’expliquer quelque chose ou à chaque fois que je veux avoir une conversation éducative, que ce ne soit pas juste une personne dans mon bureau qui l’entende à la fois, parce que c’est ça mon travail c’est « one on one », un à un. Quand j’explique quelque chose à une personne, à un patient, bien ça touche une seule personne, ce qui est excellent parce que c’est déjà une personne de plus, mais moi je me suis demandé : comment je peux élargir ça avec la même parole, avec le même nombre de minutes de paroles, comment on peut toucher plus de gens? Puis là j’ai commencé à écouter beaucoup de podcasts à partir de 2018, en fait à partir du moment que je suis rentré sur le marché du travail, parce que j’ai acheté une voiture et là j’avais du voyagement à faire. J’ai horreur du trafic, donc là il fallait quelque chose qui…

Aimy :

Il fallait meubler ce temps-là!

Alexis :

Exactement, puis là si j’étais dans le trafic avec un podcast, aucun problème, puis dans le trafic sans podcast, là j’étais comme un être humain misérable. Donc là, le podcast ça a vraiment été une découverte incroyable et je pouvais en écouter de toutes sortes, donc j’ai vraiment choisi ce média-là pour commencer à penser à mon projet. La deuxième prémisse de base du projet c’était : Il y a un manque flagrant d’éducation en termes de santé, choix de santé, au Québec, mais partout dans le monde. Je me suis dit : « On va commencer avec le Québec à petite échelle, éventuellement tu sais il y a déjà des gens qui font du travail exceptionnel un peu partout dans le monde. Alors, c’était vraiment de créer une plateforme éducative pour les gens puis avec une rigueur scientifique, donc pas juste de l’opinion, pas juste du blabla pour le fun, mais d’avoir des invités qui vont amener une crédibilité et d’aborder des sujets en santé pour que les gens puissent écouter ça, savoir qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux, c’est quoi les mythes? Peut-être aussi un peu comme… brasser certaines idées et réveiller, peut-être des personnes qui peuvent des fois être un peu, pas endormies, mais tu sais qui ne réalisent pas l’importance des choix de santé qu’on fait, que ça a un impact sur, oui l’individu, mais aussi juste notre société en général. On a une société qui en général ne performe pas très bien au niveau de la santé. On se compare aux États-Unis et on est excellents, mais les États-Unis c’est une des pires sociétés dans le monde…

Aimy :

Occidental!

Alexis :

Occidental riche, tu sais, donc ça a parti de ça. Tranquillement, je me suis bâti mon idée de podcast, j’ai trouvé le concept, après ça je me suis dit : bon, ça va être ça. Je vais inviter un invité à chaque fois, à chaque épisode, puis on va parler d’un sujet X et j’essaie d’avoir des experts dans leur domaine pour amener une crédibilité. Il y a aussi l’aspect d’échange que j’aime, un peu ce que toi tu recherches aussi quand tu fais ton projet, de pouvoir converser avec quelqu’un, pas juste une entrevue et tout le temps la même personne qui parle. Même si aujourd’hui c’est moi beaucoup qui parle!

Aimy :

Mais c’est en même temps la beauté du podcast c’est ça, c’est le fait que c’est une conversation, ce n’est pas nécessairement liché comme un documentaire ou comme la télé, puis il y a cet aspect très humain de, bien, toi tu as une expertise, j’aimerais l’entendre, raconte-nous ça et là on rend la chose, on la vulgarise et on la rend accessible à un maximum de personnes, right?

Alexis :

Oui et souvent la conversation en tant que telle est plus importante que les éléments qui ont été dits dedans. Juste le fait d’entendre deux personnes échanger, échanger des points de vue, échanger des idées…

Aimy :

Quand tu disais je veux allumer des gens, je veux brasser des idées, c’est un peu ça.

Alexis :

C’est ça, c’est ça. On dit souvent : l’important ce n’est pas la finalité, c’est juste comme avoir la conversation. Il y a plein d’enjeux sociaux en ce moment qui ont éclaté en 2020 et ce n’est pas tout le temps les opinions qui sont importantes, c’est juste est-ce qu’on peut discuter, puis est-ce qu’on peut avoir ces conversations pour que les gens se posent des questions, parce que les gens ont arrêté de se poser des questions. Les gens ont arrêté de remettre en question leurs choix, ils vont faire tout ce que leur médecin ou leur physio vont dire sans aucune remise en doute, puis c’est un jugement un peu critique qu’il faut avoir et qu’il faut continuer à avoir. Il faut rester allumé là-dessus.

Aimy :

Donc l’idée du podcast c’est entre autres d’ouvrir une porte à cette conversation-là et à ces réflexions-là qui sont valides.

Alexis :

Exact, puis d’essayer de détruire des croyances qui sont ancrées profondément et qui peuvent être nuisibles pour l’ensemble du système de santé, si on veut.

Aimy :

Pour en avoir écouté un peu, c’est vraiment super bien fait. Bravo, c’est du bon travail! Donc Parle-moi de santé, on va mettre le lien sur notre page si vous voulez aller écouter ça, ça vaut vraiment la peine.

Alexis :

Super!

Aimy :

Si je reviens à ta profession, avant-dernière question. Je te demanderais : comment est-ce que tu penses que ton métier va évoluer dans les cinq, dix, quinze, vingt prochaines années?

Alexis :

C’est une bonne question. C’est difficile à prévoir. Je pense que d’une part, on se dirige de plus en plus vers des physiothérapeutes qui sont conscients que c’est beaucoup plus que le traitement manuel qui est important, OK? Beaucoup plus que de se faire mettre des machines d’électrothérapie. C’est un peu de la vieille mentalité de physio tout ça. On vient en clinique, on se faire mettre de la glace, de la chaleur, des électrodes, puis ça existe encore dans bien des endroits et c’est un problème. Il ne faut pas avoir peur de le dire. C’est vraiment un problème, les scientifiques et les recherches démontrent que c’est un problème si c’est ça qui est la majeure partie du traitement, OK? Si c’est une minime partie à la limite c’est négligeable. Je pense que ça, ça va évoluer! Que plus en plus, on va avoir des physiothérapeutes qui sont très très habiles pour “sizer” l’être humain, pour établir une bonne alliance thérapeutique, pour favoriser l’auto prise en charge du patient comme on parlait tantôt, que les gens puissent être indépendants et autonomes dans leur guérison. Donc ça je pense que c’est un volet qui risque d’évoluer, puis déjà moi je le vois là, les cohortes qui graduent année après année, sont vraiment solides et il y a comme aussi un changement de garde dans les enseignants, c’est normal, les enseignants qui prennent leur retraite, il y a de nouveaux enseignants qui arrivent, qui sont un peu plus motivés, peut-être qui veulent un peu plus pousser les nouvelles évidences scientifiques.

Aimy :

C’est sûr que cette vague-là elle est portée par le monde universitaire là.

Alexis :

Clairement. La littérature démontre que c’est ta formation universitaire qui a le plus grand impact sur ton type de pratique puis comment tu vas pratiquer. C’est beau avoir les meilleures formations continues, la base c’est ce que tu apprends à l’université, donc il faut que ce qu’on apprenne à l’université soit de mieux en mieux. Il y a encore beaucoup de travail à faire, puis j’inclus toutes les universités là-dedans c’est sûr, on s’en va dans la bonne direction, il y a beaucoup de gens qui travaillent pour que ça aille de mieux en mieux et c’est bon pour ça. Ça, c’est un volet clairement qui va évoluer. L’autre volet qui va évoluer qu’on a comme découvert avec la pandémie, c’est la téléréadaptation, qui est la physiothérapie ou d’autres types de professions, mais la physiothérapie par vidéoconférence. Moi j’en ai fait au printemps, je faisais du dix, vingt heures semaine en téléphysio qu’on appelait, donc avec un logiciel de vidéoconférence et on disait : « Hey, on peut aider des gens sans être avec eux physiquement. » Le taux de satisfaction au Québec est en haut de 80 %, toutes les cliniques confondues. C’est exceptionnel!

Aimy :

Donc ça, ça vient un peu exploser les possibilités de personnes qu’on irait rejoindre, de traitements qu’on pourrait faire?

Alexis :

Oui exact. Oui il y a un nouveau marché, 100 %, puis je suis sûr, je peux le prédire : il y a des “startups”, il y a des business qui vont se lancer là-dedans, qui vont créer un modèle d’affaires 100 % en ligne. Je pense que ce n’est pas nécessairement juste une… ce n’est pas nécessairement une compétition au présentiel, au traitement en personne, mais ça va peut-être complémenter pour des gens qui eux, n’ont pas le temps de se déplacer, n’ont pas le temps d’aller en clinique, de prendre le temps, prendre des rendez-vous, puis tout ça.

Aimy :

Pour plein de raisons hein, des gens qui manquent de temps, un éloignement géographique, un manque de mobilité, pour tous ces gens-là ça peut être intéressant.

Alexis :

Exact et tu sais, combien de fois on a des gens qui font une heure de voiture pour aller voir l’expert physio, bien si tu es capable de voir l’expert physio en vidéo et que tu as le même genre de résultat, ça devient quand même très intéressant. Puis là on a le télétravail qui est vraiment rendu un standard, combien de fois on a réalisé dernièrement : Hey nos “meetings” on n’a pas besoin de les faire en personne là, on peut les faire en vidéoconférence, il y a un modèle d’affaires qui est intéressant, puis je pense que ça va continuer de se développer.

Aimy :

Dernière question, je te demanderais : Si tu rencontrais quelqu’un qui était intéressé par ton domaine, qu’est-ce que tu pourrais lui donner comme “cue” pour s’en rapprocher, pour se faire une tête quant à si c’est pour lui ou pas?

Alexis :

Je dirais d’essayer de voir si dans son entourage il y a quelqu’un de proche ou à une ou deux connexions près qu’il connaît qui est physiothérapeute puis juste d’aller voir en clinique, ou dans un autre domaine. Ça peut être en hôpital. La meilleure façon de savoir si on va aimer ça c’est de se lancer dedans et c’est de voir un peu le milieu, de voir ça ressemble à quoi une journée typique, parce que tu peux aimer la profession ou l’idée de la profession, ce que tu vas vivre c’est le quotidien de la profession donc il faut que tu aimes ce quotidien-là. Ça c’est clairement un élément que je dirais, puis l’autre élément que je dirais c’est qu’il faut aimer les gens, il faut aimer aider, il faut aimer donner beaucoup, il faut aimer expliquer, il faut aimer toucher les gens aussi tu sais parce que même s’il n’y a pas, même si tu ne deviens pas nécessairement un physio qui fait beaucoup de traitements manuels, bien ton évaluation est en proximité avec les gens aussi là.

Aimy :

Tu ne peux pas être super dédaigneux là.

Alexis :

Non c’est ça tu sais, il faut que tu aimes les pieds! Bien, il faut que tu aimes les pieds… il ne faut pas que ça te dégoûte au moins!

Aimy :

Il faut que tu sois capable de faire cette partie-là.

Alexis :

C’est ça exact parce que c’est de la tête aux pieds, donc vraiment, je dirais que ces ça les qualités qu’il faut rechercher, puis il faut aimer communiquer. Je dirais que c’est la première chose, c’est vraiment la relation d’aide. Si tu es quelqu’un qui a de la misère à être là pour tes amis, conseiller et écouter, ça se peut que la physio ça ne soit pas pour toi, mais encore une fois chacun va trouver aussi sa sauce un peu, sa façon de travailler. Moi je suis quand même très verbal des fois je parle trop en fait avec les patients et c’est quelque chose qu’on essaie de modeler avec eux, mais…

Aimy :

C’est comme dans n’importe quoi, ça sert, puis des fois on ajuste.

Alexis :

Oui exactement, c’est ça. Ce serait les éléments à considérer.

Aimy :

Alexis ça a été super intéressant, merci beaucoup.

Alexis :

Ça me fait plaisir, merci à toi.

Aimy :

Merci à notre invité et merci à vous d’avoir écouté cet épisode des portraits professionnels. Pour plus de détails sur cette profession, visitez notre site Internet au www.saltoconseil.com