CHARPENTIER-MENUISIER
AVEC BRIAN BERNADEL
Mars 2021 | Musique et montage par Alex Andraos
Brian Bernadel est charpentier-menuisier. Il nous guide étape par étape à travers une journée de son quotidien professionnel, nous parle de l’importance d’explorer les différents secteurs de la construction pour découvrir où l’on souhaite œuvrer et nous explique comment le recrutement fonctionne dans cette industrie.
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CHARPENTIER-MENUISIER
AVEC BRIAN BERNADEL
Aimy :
Bonjour et bienvenue aux Portraits professionnels, le balado où l’on tente de clarifier différentes professions du marché du travail. Aujourd’hui on discute avec Brian Bernadel, charpentier-menuisier. Il nous guide étape par étape à travers une journée de son quotidien professionnel, nous parle de l’importance d’explorer les différents secteurs de la construction pour découvrir où l’on souhaite œuvrer et nous explique comment le recrutement fonctionne dans cette industrie Brian Bernadel, bonjour. Tu vas bien?
Brian :
Très bien, merci. Vous-même?
Aimy :
Oui, je vais bien, merci. Alors, on se rencontre aujourd’hui pour discuter de ton métier. Veux-tu nous dire ce que tu fais?
Brian :
Je suis charpentier-menuisier, première année.
Aimy :
Charpentier-menuisier, première année. Alors, si tu rencontrais quelqu’un pour la première fois et que tu lui disais : « Salut, je m’appelle Brian et je suis charpentier-menuisier première année », qu’est-ce que tu penses qu’il imaginerait que tu fais de tes journées?
Brian:
Je crois que je vais y aller sur l’idée que j’avais quand j’étais au secondaire, je me dirais : charpentier-menuisier, c’est quelqu’un qui bâtit des maisons. Peut-être que c’est quelqu’un qui travaille dans des climats qui sont variants, à l’extérieur, un métier qui est assez physique, quelque chose qui est payant, en général et qui a de bons avantages.
Aimy :
Ça, c’est ce que les gens peuvent imaginer quand ils te rencontrent pour la première fois.
Brian :
Oui, c’est l’idée que j’imagine.
Aimy :
Est-ce que tu considères que c’est une idée ajustée de ce que tu fais? Est-ce que ça ressemble à ce que tu fais?
Brian :
En général, oui. Sauf que la charpenterie-menuiserie, c’est vaste. Donc, ça serait une idée affiliée à une branche de la charpenterie-menuiserie.
Aimy :
En fait, ça pourrait être plus que ça?
Brian :
Ça pourrait être plus que ça, dans d’autres branches.
Aimy :
Fait que, si mettons on essayait de regarder les différentes branches. Qu’est-ce que ça pourrait être les différentes branches de la charpenterie-menuiserie?
Brian :
La charpenterie-menuiserie se divise en quatre secteurs, c’est-à-dire industriel, institutionnel et commercial. Il y a le secteur résidentiel léger et lourd et puis il y a le secteur commercial.
Aimy :
OK. Dépendamment dans quelle branche je me retrouve, peut-être que je ferais des choses quand même assez différentes qu’un autre de mes collègues qui fait une autre de ces branches-là.
Brian :
Exactement.
Aimy :
Toi, dans quelle branche est-ce que tu travailles?
Brian :
Dans le résidentiel léger.
Aimy :
OK. Fait que toi, en contexte de résidentiel léger, si tu me décrivais une journée typique de travail, de quoi ça pourrait avoir l’air? Tu arrives le matin au travail, tu es où, qu’est-ce que tu fais?
Brian :
Je vais vous expliquer deux contextes différents parce que quand je suis sorti de l’école, j’ai essayé la charpenterie. Donc, c’est encore dans le résidentiel léger sauf qu’une journée typique, c’est j’arrive avec mon véhicule sur le chantier, j’apporte les équipements nécessaires c’est-à-dire les équipements de protection individuelle, mon casque, mes bottes, mes vêtements appropriés selon les critères. S’il fait froid, j’apporte ce qui est nécessaire, s’il fait chaud, j’apporte ce qui est nécessaire et ce qui est nécessaire peut être assez diversifié selon les conditions. Mais, en général, en ce qui concerne les outils, de base je devrais avoir mon sac à clous, mon marteau, là étant donné que j’effectue la charpente, ce serait un marteau de charpente. Je devrais avoir mon équerre triangulaire, mon équerre de charpente. Ça peut être traduit sur deux types d’équerre, mais je dirais l’équerre triangulaire, il y aurait mon ruban à mesurer et il y aurait aussi un crayon de plomb. Ça c’est mon équipement et quand j’entre sur le chantier, dépendamment à quelle phase est le chantier, mais dans une idée où on commence le chantier, en général les fondations sont sous-traitées. Dans mon cas à moi, la compagnie avec laquelle je faisais affaire, elle elle effectuait seulement que la charpente, en jargon du métier, du rough. Donc, j’étais un gars de rough et la compagnie elle se concentrait que sur le rough. Donc, les fondations qui sont généralement des murs de béton, étaient effectués par une compagnie en sous-traitance. Nous on arrive, les murs de fondation sont faits, ce qu’on fait c’est qu’on érige les murs de la base et encore là, ça va dépendre du type d’immeuble qu’on va ériger, que ça soit une maison ou un édifice à maisons jumelées, il va y avoir plusieurs à un seul étage, mais dans l’idée où c’est un jumelé à deux étages, on va commencer par ériger les murs extérieurs. Une fois que les mures extérieurs sont faits, on va commencer et il va y avoir le plancher et ainsi de suite. Mais, selon la progression et l’équipe, tout ça peut varier. Dans on cas à moi, j’étais dans une équipe de 10 à 15 personnes. C’est quand même une assez grande équipe, c’est dans une journée, on pouvait facilement effectuer une bonne partie de la maison en tant que telle, c’est-à-dire qu’on pouvait aller jusqu’au deuxième plancher avec les gars. Généralement les matériaux sont déjà livrés sur le chantier, mais il peut arriver un paquet de facteur, est-ce que les matériaux sont là, est-ce que les matériaux sont pas là? En hiver, est-ce que ce qu’on a est gelé, pris dans la glace, on doit déneiger? Un contexte lié à ce que moi je faisais, on est arrivés dans une journée où est-ce que comme les gens peuvent se l’imaginer, oui on travaille quand il fait moins 30, on travaille quand même quand il neige et on travaille quand il pleut jusqu’à un certain degré. Bref, dans l’idée où on est entrés, il neige un petit peu, il fait froid, je suis habillé en conséquence et il y a, on va appeler ça un bundle, il y a un bundle de bois. La base est prise dans la glace. Il y a une bâche, la bâche est recouverte de neige. Les fondations, c’est où il y a les lisses sur lesquelles on va ériger les premiers murs. Ils sont couverts de glace. Qu’est-ce qu’on fait? En premier lieu, on déneige le tout. Après, si on doit casser la glace qu’il y a sur les lisses, qui recouvre les lisses en fait, on casse la glace. S’il y a du petit givre, il faut éliminer le petit givre sinon à ce moment là l’étanchéité et l’adhérence des premiers murs. Donc, on va mettre, on va avoir du sel. Tout ça vient avec un lot d’équipement et c’est pas tout le monde qui fait la même chose directement. À un certain niveau, on va tous donner un coup de pelle pour déneiger le plus gros et à ce moment-là, on va enchaîner avec d’autres parties du projet selon les compétences de chacun.
Aimy :
On a souvent cette vision du charpentier-menuisier qui est juste avec du bois. Lui, il travaille le bois, c’est tout. Mais là avec ce que tu me dis, c’est que si c’est gelé, il faut que je dégèle, faut que je pelte, il faut que j’aille trouver mon équipement, faut que j’apporte des trucs, faut que je m’habille en conséquence. Fait qu’il y a comme plein d’autres considérations outre que j’ai monté une poutre en bois?
Brian :
Oui, oh que oui!
Aimy :
OK. Fait que, si on revient à ta journée. Tu me dis : on arrive, on prend conscience d’où on est rendus dans le travail, le reste de l’équipe est là, j’ai apporté mon matériel personnel, ensuite, qu’est-ce que tu fais?
Brian :
Je vais demander à l’entrepreneur général, c’est-à-dire le contracteur qu’est-ce que je fais ou du moins la personne qui va déléguer ma première tâche. À ce moment-là, on va disposer le bois ou du moins tout le matériel nécessaire là où ça doit être. Dans l’option où on érige des murs, moi je vais peut-être être chargé, étant donné que je commence, à apporter les matériaux aux autres, effectuer les coupes selon ce qu’on va me demander. Donc, dans l’idée où on doit effectuer les montants de chaque mur, on doit effectuer les coupes et une fois que les murs sont faits, les tâches à effectuer sont diverses, donc ça va dépendre du chantier. Je ne connais pas toutes les phases du chantier de A à Z selon ce qu’on va devoir faire. Mais, de ce que je faisais, j’arrive sur le chantier, j’ai mon matériel, j’effectue ce qu’on me demande, en général, c’est-à-dire apporter les matériaux aux gens et on y va selon la progression de la journée.
Aimy :
Au fur et à mesure que le projet avance, là on va te, l’entrepreneur général va te donner des tâches différentes à faire que tu vas effectuer avec le reste de l’équipe.
Brian :
Exactement.
Aimy :
Parfait. Fait que tu me disais, ça c’est en contexte plus?
Brian :
Sur la charpente. Maintenant, je peux mettre en contexte plus avec ce que je fais présentement, c’est-à-dire je travaille en finition intérieure, c’est-à-dire en finition d’escalier. Une journée type en finition d’escalier, mon matériel est différent. En général, je ne suis pas amené à travailler à l’extérieur parce que la finition d’escalier c’est à l’intérieur puis en général, on fait l’escalier une fois que tous les corps de métier sont passés. L’équipement qui est nécessaire pour effectuer mon travail est différent que celui que je peux utiliser pour la charpente. Je ne vais pas avoir besoin d’un sac à clous, je ne traînerai pas mon marteau avec moi. Ce que je vais avoir, c’est un petit porte-outil et ce que je vais avoir dans ce porte-outil là c’est essentiellement un crayon plomb. Dans mes qualifications où est-ce que j’étais parce que ça peut varier d’un endroit à l’autre, j’avais un crayon feutre fin, on peut dire un Sharpie autrement dit, noir, puis un crayon feutre un peu plus grossier qui vont être utilisés à des méthodes différentes et puis un ruban à mesurer. Une fois que j’ai ces outils de base, ainsi qu’un petit réglet, j’arrive à l’entreprise ou l’atelier parce qu’en escalier ce qu’on fait, dans celle où j’étais, on va monter les éléments de base de l’escalier en usine. Ça, c’est un travail que le charpentier-menuisier peut faire. À ce moment-là c’est plus de la menuiserie, puis un ébéniste peut autant le faire. Dans mes qualifications, j’ai été amené à le faire. C’est une partie du contrat que j’avais avec l’entrepreneur, c’est-à-dire mon patron. Dans l’idée où tout est déjà effectué, on va charger le camion, on va charger le trailer, on va sortir, on va se rendre au chantier directement. À ce moment-là, l’entente que j’avais avec lui, c’est que lui m’amenait au chantier. Je me pointais à l’entreprise, je laissais mon véhicule et puis je me rendais avec lui sur le chantier à une heure prédéfinie. L’heure à laquelle je devais me rendre n’était pas constante, n’était pas fixe. Admettons, je peux me rendre à un client qui lui, selon ses ordonnances, il va être disponible à huit heures, dans le cas où je dois aller à la shop, je vais aller à sept heures et ça va me prendre environ une heure, je vais me rendre. Si je dois être beaucoup plus tôt parce qu’un autre corps de métier doit être là à huit heure, ce qui fait que je dois arriver avant, parfois je peux être amené à me lever à quatre heures, partir à cinq heures, arriver à la shop à cinq heures trente. Donc, les heures varient selon le contrat, mais dans l’idée où j’arrive à six à la shop, je commence à sept. À sept heure, généralement, dans toute municipalité on peut commencer à faire du bruit légalement à partir de cette heure-ci. Mais bref, je me rends à la maison, une fois que tout est effectué, le camion est chargé, on ouvre le trailer, d’abord on va évaluer les lieux, on va entrer chez le client dépendamment si c’est une rénovation ou une maison neuve. Si c’est une maison neuve, on va entrer sur les lieux, on va évaluer où on va disposer notre matériel, c’est-à-dire les outils, on va les disposer où c’est le plus astucieux de le faire, puis là où on va déposer le matériel. Une fois que c’est fait, on a évalué la situation, là lui mon patron, ce qu’il va faire, il va évaluer les lieux, il va prendre ses mesures, il va évaluer son terrain. Moi à ce moment-là, je vais décharger le camion, c’est-à-dire, je vais décharger les matériaux, les composantes de l’escalier là où c’est le plus astucieux.
Aimy :
Parce qu’il y a des trucs qui sont déjà pré-montés, c’est ça?
Brian :
Oui. En fait, les trucs ne sont pas pré-montés, mais ils sont déjà usinés. Dans la mesure où on a un escalier, on peut avoir des limons, gauche, droite, on va avoir des rampes, on va avoir des contre-marches, on va avoir des marches, on va avoir des bardeaux, on va avoir des mains-courantes, on va avoir des nez de pallier. Ça c’est toutes des moulures, c’est toutes des composantes, qui ne sont pas pré-montées.
Aimy :
C’est comme si tu amenais les différentes pièces qui vont toutes êtres montées sur les lieux.
Brian :
Exactement. J’amène les différentes composantes sur le chantier là où on a pré-établi quand on a fait une inspection des lieux. Une fois que c’est fait, là je charge les outils. J’amène les outils, le premier outil, ça va être le botteur puis après les coffres d’outils puis ainsi de suite. Dans l’idée où toutes les composantes sont mises là où elles doivent être, là où tous les outils sont disposés là où ils doivent être, à ce moment-là, on commence par installer la première contre-marche du haut. On calcule l’élévation ou si c’est nécessaire, dépendamment quand c’est une maison neuve, il va y avoir un escalier temporaire. En général, s’il y a un escalier, il va y avoir un endroit à monter. Avant qu’on mette l’escalier, les gens devaient pouvoir avoir accès à l’étage et ce qu il y a c’est le rough. C’est-à-dire l’escalier de charpente de bois, généralement avec des matériaux de construction comme de l’épinette, qui sont seulement temporaires. Une fois qu’on a fait les outils, ce qu’on va faire, on va dégreyer l’escalier, on va disposer ça dans un endroit où ça ne va pas nous gêner pour faire notre travail. Une fois que ça c’est fait, on va installer la première contre-marche du haut. Installe la première contre-marche du haut, installe le nez de pallier, déballe le matériel, après ça, j’ai besoin du premier faux limon, gauche, droite, une fois que ça c’est fait, on installe la première contre-marche du bas, c’est des composantes différentes. Une fois que ça c’est fait, les deux limons sont posés, la première contre-marche du haut, les nez de pallier, là c’est là où ça s’enclenche plus facilement parce qu’une fois que c’est installé, les différentes composantes majeures où ça nécessite des calculs des angles et des coups, sont installées, c’est un travail qui peut être considéré plutôt à la chaîne. C’est un système de procédés qui s’enclenche puis ça va.
Aimy :
Une fois que j’ai installé le début, là après ça ça déboule tak-tak-tak-tak-tak là on va faire le reste. Tu me parlais de comme, bon il y a des angles à calculer, l’élévation à calculer, quel impact tu dirais qu’ont les mathématiques sur ton travail?
Brian :
Ils ont un grand impact selon ce que je dois effectuer. Dans l’idée, là à ce moment-là, la mathématique a un grand impact dans la mesure où c’est des angles. À ce moment-là où on fait un escalier si je pouvais faire un dessin, on aurait une vue d’ensemble, c’est toutes des formes. En général, on irait dans un triangle. Visuellement, c’est peut-être difficile à conceptualiser, mais c’est toute une histoire de géométrie. C’est des angles, c’est des coupes, puis ça une fois que c’est assimilé, ça va bien. Mais, cette partie-là du travail dans la mesure où je suis première année, c’est pas moi qui l’effectuait. J’apprends, j’observe, je la comprends, mais c’est pas moi qui l’effectue.
Aimy :
C’est qui qui va plus faire ces calculs-là?
Brian :
Ça va être le contremaître, c’est-à-dire l’entrepreneur général, mais ça peut être aussi moi dépendamment de l’initiative et des tâches que je veux prendre sur moi, ou du moins ma capacité d’apprentissage.
Aimy :
À un moment donné, tu pourrais être appelé à le faire toi-même.
Brian :
Exactement, c’est l’objectif. Si mon entrepreneur me forme, c’est pas dans le but que je fasse que de la coupe ou que de la pose. C’est dans une idée où éventuellement, je vais être en mesure de former quelqu’un pour faire ce que lui il fait. C’est comme une extension de lui-même.
Aimy :
Puis gagner en autonomie pour pouvoir être encore plus productif.
Brian :
Exactement.
Aimy :
Donc, là tu me parlais de l’exemple de l’escalier, donc on commence et ensuite c’est un peu plus un travail à la chaîne, on va faire le reste de l’escalier. Une fois que ça c’est posé, qu’est-ce que tu as d’autre à faire?
Brian :
Une fois que marche, contre-marche c’est posé?
Aimy :
Oui.
Brian :
À ce moment-là, ça va dépendre s’il y a une autre volée. C’est-à-dire s’il y a un deuxième escalier…
Aimy :
Après un autre étage.
Brian :
Exactement. Il y a, dans l’idée où on doit aller du sous-sol au rez-de-chaussée, l’escalier, les limons sont posés généralement, c’est huit contre-marches, on va dire environ sept à huit marches, ça c’est globalement, une fois que ça c’est fait, on est capable de monter du sous-sol au premier pallier qui va accéder au rez-de-chaussée. Dans l’idée où est-ce qu’on a un petit quatre marches pour accéder à l’étage, à ce moment-là ce qu’on va avoir, on va effectuer le même procédé qu’on a fait au sous-sol, c’est-à-dire pour un escalier qui est moins grand. C’est le même principe : première contre-marche du haut, nez de pallier, faux limon, contre-marche, marche, contre-marche, marche, contre-marche, marche et puis ça continue à la chaîne. Une fois que tout ça c’est fait, on passe à ce qui concerne les mains-courantes et les barreaux, c’est-à-dire ce sur quoi on s’appuie pour monter l’escalier. Une fois, à ce moment-là, ça va être disposition des barreaux. Une fois que tout ça c’est fait, nous dans notre compagnie ce qu’on faisait, étant donné qu’il y a la possibilité que d’autres corps de métier entrent, étant donné que c’est une maison neuve, on mettait les cartons pour protéger justement les, parce qu’une fois qu’on arrive et qu’on installe tout ça, c’est fini. Les marches sont teintes, les marches sont finies dépendamment ce que le client a demandé, donc à ce moment-là pour être sûrs qu’on les protège, on va mettre un carton. Une fois que les cartons sont posés, là on va entrer sur les différents nez de pallier sur lesquels on va calculer leur nombre de barreaux, les poteaux parce qu’en général on va mettre les poteaux. Une fois que c’est fait, on va y aller pour la main-courante. Elle va être posée au mur. Dans ma tâche à moi, ça va être le calcul de base. Là où les mathématiques entrent dans mon cas, c’est une de mes tâches. On a une formule puis cette formule-là peut changer d’une compagnie à une autre, mais la formule pré-établie par cette entreprise, c’était, je n’énoncerai pas la formule au grand complet parce que ça peut être long et je ne pense pas que ça peut être tant utile pour le moment, mais assimiler la formule d’une personne à une autre ça peut prendre un certain nombre de temps. Moi, ça m’a pas pris tant de temps à le faire et avec la pratique, ça s’est bien fait. Une fois que j’effectue la formule, j’effectue un traçage, d’où l’importance de mon crayon marqueur fin. J’effectue le traçage, une fois que le traçage est effectué, je reproduis sur la main-courante, on perce les trous, on perce les barreaux, on les mets. Dépendamment les différentes hauteurs, c’est-à-dire s’il y a les marches, à ce moment-là, je vais avoir une hauteur de plus ou moins cinquante pouces et des barreaux de plus ou moins soixante pouces, à ce moment-là je dois couper les barreaux selon la hauteur prédéfinie. Mais, autrement, ce que les gens peuvent penser, une maison, c’est jamais droit. D’où le pourquoi on doit effectuer certains calculs d’angles, de hauteurs et ainsi de suite.
Aimy :
C’est toujours la notion un peu de l’ajustement.
Brian :
Exactement.
Aimy :
Moi j’ai préparé quelque chose à la shop et quand j’arrive sur le terrain, tout est toujours un peu croche, donc j’ajuste pour qu’au look à la fin ça ait l’air beau.
Brian :
Exactement. C’est une excellente remarque parce qu’en conséquence on va prévoit le matériel justement pour s’adapter au fait que ça se peut que ça soit pas droit. Si je calcule une élévation avec une course puis un angle pour un escalier avec mon limon, bien je doit rajouter une marche de plus dans le sens où si il m’en manque un huit, dans la finition de l’escalier, un huit de jeu ça paraît énormément. On peut mettre de la potée ou du plâtre dedans, peinturé, teint ça fait pas très élégant. Avoir une coupe nette, précise, sans bavure, une fois que c’est fait bien on le calcule à l’usine, comme vous avez mentionné. Si j’ai une main-courante et que j’ai besoin d’une main-courante de 53 pouces et demi, je vais pas aller acheter, je vais pas usiner une main-courante de 53 pouces et demi parce que si : « Ah, j’y avais pas pensé », non. On le calcule, on va rajouter environ, en général deux à trois pouces c’est suffisant, dépendamment de l’utilisation qu’on va en faire, s’il y a des angles ou pas.
Aimy :
Il y a comme une notion de on est prévoyants, on est prudents puis on est flexibles en même temps, hein?
Brian :
Exactement.
Aimy :
Je peux pas me dire, oui mais c’était ça la mesure. Quand j’arrive, ça se peut que ce ne soit pas ça et que je doive m’ajuster.
Brian :
C’est constamment comme ça.
Aimy :
C’est constamment, fait que soit prêt à ça.
Brian :
C’est tout le temps comme ça. C’est, en général, j’ai pour des fins de précision à 99.99% du temps, il y a rien qui va pile-poil fit net, sinon à ce moment-là on pourrait directement arriver avec des cadres, des murs tous pré-établis. Il y a des compagnies qui le font, mais en général quand on fait de l’installation comme je fais, c’est là où c’est pas droit durant le montage, c’est-à-dire l’érection de murs, calcul d’un angle, le bois ça travaille et ainsi de suite. Donc on s’adapte en conséquence.
Aimy :
Là, tu m’as parlé des escaliers, du début de la première marche jusqu’à la fin on a posé les cartons pour tout protéger. Quoi d’autre que tu peux être amené à faire dans ton travail?
Brian :
Une fois que j’ai installé?
Aimy :
Ou dans toutes les tâches en général que tu peux faire?
Brian :
Excluant l’installation? Parce qu’une fois que l’installation est faite, c’est-à-dire limon, cotre-marche, marche, main courante, poteaux, barreaux, une fois que tout ça est fait, à ce moment il y aurait la finition par rapport aux teintures. Si admettons il y a eu un petit jeu, on doit s’adapter. C’est pas une garantie que toutes les coupes vont être à 100% nettes et à ce moment-là, on doit s’adapter en conséquence. L’aspect global, quand on regarde un escalier, quelqu’un qui ne s’y connaît pas va juger que c’est incroyable. Moi, qui ait effectué une coupe avec un petit 16 de jeu, je vais remarquer mon 16. À ce moment-là, on va analyser l’escalier, on va regarder s’il y a de petits ajustements à faire quant à la finition. S’il y a eu une rayure, il faut s’ajuster. Est-ce que la marque, la grafigne effectuée sur la matériel de finition, est-ce que c’est nécessaire que je le ramène à la shop pour effectuer la réparation? Ça c’est toute l’évaluation, on étudie l’aspect général. Ça, une fois que c’est fait, l’escalier est complété, on ramasse parce que c’est une partie qui est vitale. Dans tout projet, si tu construit quelque chose, en général, si on a calculé de l’excès, il va y avoir un restant et ce restants-là, accumulés sur environ une centaine de composantes, ça fait des choses. Soit on ramène, soit on jette, soit on ramasse, on ôte la poussière, on passe un petit balai sans nécessairement faire du zèle, mais il y a une période on ramasse et une fois qu’on ramasse, on rapporte les outils et une fois que les outils sont ramassés, soit on va dans un autre chantier, mais dans l’idée où le chantier est clos, on va à l’usine. Dans ma tâche en tant que finition d’escalier intérieur, il y a l’installation des composantes ou du moins la conception des composantes de l’escalier à l’usine. Ça c’est ma tâche, en tant que charpentier-menuisier ça en fait pas partie, mais en tant que menuisier c’est d’un commun accord. Dans l’idée où je suis charpentier-menuisier et que je veux seulement faire des heures rémunérées CCQ, parce qu’il y a une différence entre être rémunéré CCQ et être rémunéré quand c’est pas déclaré.
Aimy :
Ça est-ce que tu pourrais nous l’expliquer un peu? La CCQ, c’est la Commission de la construction du Québec?
Brian :
Exactement.
Aimy :
C’est quoi la différence entre les heures que tu nous décris?
Brian :
Les heures déclarées, c’est les heures que je déclare à la CCQ, c’est les heures qui peuvent être inscrites à mon carnet d’apprentissage en vue de monter dans.. Tantôt, je vous ai mentionné, je suis charpentier première année. Les heures que je déclare pour pouvoir monter charpentier deuxième année, c’est pour atteindre 2000 heures.
Aimy :
Fait que c’est pas juste à partir de la date où tu as commencé, puis là on calcule un an. C’est vraiment sur les heures que tu vas avoir travaillé. Si admettons que tu es un charpentier de première année et que tu faisais zéro heure, tu n’avancerais pas. Il faut vraiment qu’on se rende à ce 2000 heures là.
Brian :
Exactement. Exclusion faite parce que dans mon cas à moi, ça c’est l’entente que j’avais avec l’employeur, c’est moi je suis charpentier première année, mais j’effectue des heures en usine. Les heures que j’effectue en usine ne sont pas déclarées en tant que CCQ, mais quand il y a la reconnaissance d’heures, c’est-à-dire que si je m’entends avec mon patron pour rester avec lui longtemps dans l’option d’être compagnon éventuellement parce que lui ce qu’il va vouloir c’est que je sois capable d’aller sur un chantier sans qu’il ait nécessairement besoin d’être là.
Aimy :
Compagnon, c’est quand tu es devenu complètement autonome?
Brian :
Exactement. Bien, complètement autonome, ça varie. Il peut y avoir un compagnon dans le coffrage qui ne sera pas nécessairement, on peut établir compagnon dans ce en quoi tu t’es spécialisé. C’est très varié et c’est mitigé. Les opinons divergent, puis tous et chacun.
Aimy :
Juste pour clarifier pour quelqu’un qui ne connaît pas du tout le domaine, quand on commence on est première année?
Brian :
Charpentier première année.
Aimy :
Charpentier première année. On cumule 2000 heures dans un domaine.
Brian :
Exactement.
Aimy :
Puis là on devient?
Brian :
Charpentier-menuisier apprenti deuxième année, 2000 heures de plus apprenti troisième année, 2000 de plus on devient charpentier-menuisier compagnon.
Aimy :
OK. En fonction de l’expérience qu’on a cumulée, on a comme une genre de spécialité, c’est ça que tu me dis?
Brian :
Exactement. Et puis, en ce qui concerne les heures, pour rester dans cette petite sphère-là, il y a une différence. Dans l’option où on a effectué son DEP qui constitue essentiellement 1350 pour des bases et des notions pré-établies par le programme, ces 1350 heures-là sont accréditées pour notre carnet d’apprentissage.
Aimy :
C’est comme si on avait déjà commencé à accumuler des heures.
Brian :
Exactement. On a déjà commencé à accumuler des heures et ces heures on peut les appliquer à tout moment. Advenant le cas où moi je suis apprenti première année, je pourrais, si je le voulais, utiliser mes 1350 heures pour tout de suite accéder à apprenti deuxième année. Une fois que c’est fait, là je deviens deuxième année, j’ai un meilleur salaire, mais la différence c’est qu’au vu de l’employeur, avoir un apprenti deuxième année qui connaît rien du tout, c’est pas un avantage.
Aimy :
Fait qu’il y a comme une stratégie dans l’utilisation de ces heures-là. Oui, elles sont à ta portée, mais il faut être savoir comment les utiliser pour ne pas avoir l’air d’un master de rien du tout.
Brian :
Exactement! C’est précisément ça. D’où l’importance d’essayer de tâter le terrain. Moi en ce moment, j’ai appris, encore là c’est une idée qui peut diverger d’une personne à une autre, mais si je parle pour moi, j’ai exploré la finition intérieure d’escalier, j’ai exploré la charpente, le rough, j’ai exploré un petit peu l’institutionnel et commercial et puis dans mes objectifs professionnels, c’était pas là. J’ai essayé la finition intérieure, mais pas d’escalier. J’ai essayé la finition intérieure en général, plinthes, moulures, cadres de porte, possibilité d’escaliers. Ce que je voulais, c’est les escaliers et je l’ai obtenu à force de chercher. L’objectif, c’est de trouver l’endroit où on se sent bien en vue d’acquérir justement comme vous avez mentionné, la spécialisation pour devenir compagnon dans son domaine. Mais dans l’idée où tu deviens compagnon en charpenterie menuiserie, c’est-à-dire dans le coffrage et là tu t’en vas en résidentiel, en finition d’escaliers, tu vas pas diminuer en grade. Tu vas pas demander
Aimy :
Tu gardes ce que tu as accumulé.
Brian :
Tu vas rester compagnon. Ça fait qu’au vu de l’employeur qui veut justement t’apprendre une nouvelle branche du métier, tu es déjà compagnon, tu coûtes cher de l’heure. C’est un univers de production. D’où l’importance de stratégiquement et aussi personnel, comment est-ce que tu vois ton métier et où tu veux être plus tard. C’est une bonne idée de se situer.
Aimy :
C’est comme si tu nous disais, ça pourrait être un conseil intéressant hein de dire : à travers ton DEP, commence à regarder les différentes options et une fois sur le marché, continue d’explorer avant de vraiment aller chercher toute ta spécialisation.
Brian :
Exactement parce que, comme on a commencé à en parler tantôt, l’équipement lié à une spécialisation a un grand impact. Moi, j’ai commencé en charpente, mais ce que j’avais en charpente, c’est à dire mon sac à clous, mon équerre triangulaire, mon marteau de charpente, mon cordeau à craie, aucun, à part mon crayon, aucun de ces équipements-là étaient nécessaires pour la finition intérieure d’escalier.
Aimy :
Et tous ces équipements-là, ils sont personnels? C’est pas le patron qui te les offre, c’est toi qui te les achète.
Brian :
Non, ils sont personnels. C’est-à-dire que le patron, en général, dans tes… on est syndiqués. Ça c’est un des avantages que comporte le métier de charpentier-menuisier et dans le syndicat, on a un montant qui est attribué pour l’équipement personnel ou l’équipement de protection individuelle. De base, si tu arrives sur un chantier et que tu n’as pas tes bottes de sécurité, il y a un problème. Si tu n’as pas ton casque, il y a un problème. En fait, l’entrepreneur général va pouvoir te fournir un casque, mais dans les règles non-écrites des choses, il y a un montant qui t’es attribué pour tes équipements personnels. Il y en a qui vont dire : « Oui, mais quand je commence. ». Quand tu es à l’école ou même si tu n’es pas à l’école, c’est des règles non-écrites. Tu dois avoir tes bottes de travail, tu dois avoir ton casque de travail. C’est élémentaire. Prépare-toi en fonction de la branche où tu veux aller. Si tu vas en charpente, tu as besoin d’un sac à clous, tu as besoin d’un marteau de charpente. Arrive pas là avec un marteau de finition, ça va fonctionner, mais pas du tout. Tu vas réaliser qu’après un certain temps, non seulement tu vas te faire critiquer par les autres parce que lorsque tu fais de la charpente, tu as un marteau de charpente, pas un petit marteau de finition que tu utilises pour des activités générales chez toi. Ça, je pense que d’un commun accord, tout le monde s’entendrait pour dire non. Il faut que tu te prépares en fonction de la branche où tu veux aller.
Aimy :
Donc, il faut que tu sois responsable toi aussi. OK, oui d’accord tu es syndiqué, puis oui l’employeur va t’aider dans tout ça, mais il y a un morceau où tu es responsable de ta sécurité et tu es responsable d’avoir le bon matériel pour faire le travail adéquatement.
Brian :
Oui. Ça c’est un des points les plus intéressants, puis tant qu’à moi, un des plus importants. Tout le monde est responsable de sa sécurité Tu arrives sur un chantier, tes équipements individuelle, tu peux décider de retirer ton casque si tu veux. Si quelque chose te tombe dessus, tu es responsable de ta sécurité. Évidemment, c’est à l’employeur justement de vérifier à ce que tout le monde porte ses équipements de protection individuelle, mais tu es responsable de ta sécurité. Autant si tu es pas à l’aise d’aller dans les hauteurs. En charpente, comme j’étais, une fois que les murs sont montés et qu’on fait le premier plancher. Avant d’avoir des planches de venir ou peu importe ce qu’on utilise pour recouvrir les poutres qu’on a établies pour soutenir le plancher.
Aimy :
Il faut que quelqu’un monte.
Brian :
Tu montes ça les poutres justement et s’il fait froid et si c’est glissant, c’est à toi d’évaluer si tu es à l’aise d’y aller ou pas. Autant que pour monter dans une échelle, quand tu arrives pour escalader, on ne va pas tout le temps effectuer un escalier de rough juste pour escalader ce qui mène jusqu’au premier plancher. À ce moment-là, quand tu marches sur des poutres, c’est un sens de l’équilibre, c’est un sens des hauteurs et est-ce que tu l’as ça? C’est quelque chose que tu dois évaluer. Il y en a qui disent : « Oui, mais je ne le sais pas », en général, dans les conseils, c’est souvent avant d’entreprendre quoi que ce soit dans la construction, peu importe la branche où tu veux aller, le conseil que je recommande à tous c’est pose-toi des question sur toi-même. C’est une connaissance de soi et si tu ne sais pas ce que tu veux, tu sais ce que tu ne veux pas. Autant que je sais que je ne veux pas travailler dans un bureau, je sais que je suis habile de mes mains. Je sais que j’aime travailler en équipe, je sais que je suis quand même en bonne condition physique. Quand je regarde les caractéristiques et les compétences pour travailler en charpenterie-menuiserie, c’est des compétences qui sont nécessaires. J’arrive là-bas et certains vont dire, ce qui est mitigé dans l’idée globale, certains vont dire : « Ah! C’est un métier physique ». Ça prend pas d’être six pieds deux en muscles, pour être en charpenterie-menuiserie, quoique ça aide, mais ce n’est pas une absolue nécessité. C’est d’être endurant parce qu’effectuer une tâche, je pourrais, moi, physiquement, soulever une poutre d’une centaine de livres et la transporter avec la technique pré-établie. Le faire une fois c’est une chose. Le faire cent fois dans la journée, c’en est une autre. Si tu es capable de le faire cent fois dans une journée, tant mieux. Certaines personnes sont capables. Maintenant, c’est refais-le toute la semaine parce qu’une fois que le projet est fini, il y en a un autre, puis un autre, puis un autre et c’est là où tu vois l’endurance puis c’est là où tu vois c’est des techniques de travail pré-établies. Apprends à travailler, écoute les conseils. Il y a des gens qui sont là pour t’appuyer. Tu ne dois pas tout apprendre toi-même sur le tas. Les gens t’appuient, mais tu as une certaine partie d’apprentissage à faire et cette partie-là, c’est toi qui dois la découvrir. Mais, avant tout, tu dois essayer, tu dois te poser des questions sur toi-même, comment est-ce que tu te sens. Puis, l’autre conseil essentiel que je recommande aux gens, c’est recherche l’ambiance idéale pour toi parce que, peu importe les chantiers que tu vas faire, c’est un travail d’équipe et en général, il y a une ambiance. Un projet de construction qui s’effectue par une personne, je ne l’ai jamais vu. Est-ce que ça se ferait, peut-être, mais honnêtement, je pense que ça ne se ferait pas du tout. C’est un travail d’équipe, c’est une histoire de corps de métier, c’est une histoire de sous-traitance. Quelqu’un qui fait tout tout seul, je ne l’ai pas vu. Quelqu’un qui va devoir transporter une poutre de 20 pieds tout seul, je ne l’ai pas vu. Peut-être qu’il peut le faire, peut-être qu’il va utiliser la machinerie nécessaire, mais non. Puis en général, si tu es amené à travailler avec d’autres personnes, c’est une ambiance. C’est pas une absolue certitude que tu vas t’entendre avec tout le monde. Mais ça, ça s’apprend. C’est de la communication et si tu n’aimes pas quelque chose, tu le dis. Si au bout d’un certain temps, tu vois que l’ambiance tu l’aimes pas, bien le métier est vaste. C’est un des avantages de la construction, c’est que c’est très très vaste. Moi, j’ai essayé la charpente, j’ai adoré ça. Je suis déménagé dans une autre ville, partout où tu vas aller dans le monde, c’est un des avantages, il y a de la construction. Que tu sois au Nunavut complètement à l’extérieur, que tu sois dans cette ville ou dans une autre, il y a des constructions partout et tout le monde sont à la recherche de main d’œuvre qualifiée. Il y en a qui vont dire : « C’est dur. ». Mais par mon expérience, non. Par mon expérience, si tu veux, tu peux. Tu te pointes à la porte d’un chantier, tu dis, je veux travailler, quelqu’un qui voit ça, en général, il va l’essayer. C’est presque une certitude, du moins ça a fonctionné pour moi à tout coup. J’ai jamais manqué d’ouvrage, je me suis pointé, j’ai travaillé et ça a marché, tout le temps. Mais, c’est de savoir qu’est-ce que tu veux. J’ai exploré une ambiance et quelque fois, il va y avoir des endroits où tu ne vas pas t’entendre avec certaines personnes. Il va y avoir des croches, puis ça tu vas réaliser que ça va pas dans tes valeurs, c’est à toi de faire le point sur : est-ce que je vais endurer ça encore longtemps? Est-ce que j’ai tout fait pour essayer de régler la situation? C’est à toi de voir.
Aimy :
Cette notion d’exploration pour toi, elle allait au-delà de juste la tâche. Ça allait aussi vers l’ambiance et les gens qui t’entourent.
Brian :
Oui, ça c’est certain.
Aimy :
Tu nous parlais de, tu donnais l’exemple de soulever la poutre. Soulever la poutre, tu disais, oui il faut que tu sois endurant physiquement, mais il faut aussi que tu saches comment la soulever la poutre. On fait pas ça n’importe comment, il y a une méthode pré-établie.
Brian :
Exact.
Aimy :
Ça, c’est des choses que tu as apprises dans ton DEP?
Brian :
Oui, tout ça. Bien, oui et non d’une certaine méthode parce que…
Aimy :
Parce qu’on continue d’apprendre ensuite sur le terrain.
Brian :
Exactement, parce qu’on apprend un certain modèle de montage d’une maison dans le DEP, mais c’est pas nécessaire que ça soit tous les mêmes et les conditions dans lesquelles on le fait ne sont pas les mêmes. Mais, oui, on nous apprend les techniques pré-établies pour soulever puis transporter des charges et si ce n’est pas le cas parce qu’on n’a pas à effectuer cette tâche précise-là, on nous indique au moment venu : « Demandez l’aide si nécessaire », pour accéder à l’information.
Aimy :
Pour éviter les blessures.
Brian :
Exact.
Aimy :
Voudrais-tu nous parler de ton parcours scolaire, qui t’a amené à faire ce que tu fais aujourd’hui?
Brian :
Moi, au départ, j’ai fait un DEP en ébénisterie. À la base, je voulais être charpentier-menuisier, mais quand j’ai voulu appliquer, c’était très contingenté à l’École des métiers de la construction de Montréal. J’étais là, bon, qu’est-ce que je pourrais faire qui me rejoindrait tout autant? J’ai vu l’ébénisterie, j’ai vu habile de mes mains, un petit côté artistique, c’est quelque chose qui vient me rejoindre. Je l’ai essayé, j’ai effectué mon cours, mon DEP. À la fin de ça, j’ai travaillé deux ans pour une entreprise d’ébénisterie. J’ai commencé au bas de l’échelle, au salaire minimum. Une fois après j’ai commencé à développer des tâches, développer une certaine expertise dans mon domaine et à un certain moment, je m’en allais en installation. Il y avait quelqu’un qui effectuait des installations, il me guidait à travers ça et puis d’un chantier à un autre, d’aune maison à une autre, j’ai commencé à voir que je pouvais, moi, il y avait des charpentiers-menuisiers qui faisaient le même emploi que moi et qui étaient mieux rémunérés. À ce moment-là, ce qui m’a guidé vers un prochain emploi, c’est la rémunération. Ça devrait pas être le moteur de tout guide, mais en biais avec ça, il y avait un sentiment que je pense que j’avais atteint le maximum d’expérience que je souhaitais dans l’entreprise où j’étais.
Aimy :
Tu étais prêt à cette croissance-là.
Brian :
J’étais prêt à cette croissance-là.
Aimy :
Là, tu t’es inscrit au DEP en charpenterie-menuiserie.
Brian :
Exactement. Quand je me suis inscrit, en fait, certaines compétences que j’avais acquises à travers mon DEP en ébénisterie m’ont beaucoup aidé, c’est à dire les calculs, tenir un tape à mesurer. Quand je suis rentrée à l’école pour la première fois, un 16 sur un tape à mesurer, un 32, un quart, une demie, un pouce, les décimales, système métrique, aucune idée.
Aimy :
La première fois, tu veux dire.
Brian :
Oui, la première fois. Puis quand je suis arrivé, c’est des notions qui étaient déjà là et souvent, des fois, on ne le reconnaît pas. Ça m’a permis d’explorer d’autres facettes. Est-ce que ça a tout le temps été facile? Non. Il y avait un côté mathématique à l’école qui a été difficile, je crois, pas seulement pour moi mais pour tout le monde en général parce que c’est des notions qui remontent à loin, mais tout s’apprend. C’est des formules et puis la volonté de vouloir acquérir une compétence en vue d’avoir un métier par après, ça aide. Et si tous les gens autour de nous, on est amené à s’entraider, ça m’a beaucoup permis et ce qui est utile c’est que l’information reliée aux formules, on la voit concrètement. Si on parle d’angle, puis de triangle, puis de coupe, une fois tu vas avoir une théorie, tu vas arriver en atelier et tu vas pouvoir appliquer cette formule-là concrètement. Et si tu ne comprends toujours pas, il y a d’autres personnes qui comprennent mieux lorsqu’ils le voient. Il y a d’autres personnes qui apprennent, tu peux demander à un de tes collègues : « Hé, montre-moi! ». Fait que ça va de mieux en mieux.
Aimy :
Dans le fait que ça soit très appliqué, là pour toi ça devenait vraiment plus facile d’aller faire des trucs abstraits comme les mathématiques qui devenaient concrètes plus facilement.
Brian :
Exactement.
Aimy :
Fait que je le calcule comme ça, je le fabrique comme ça parce que ça va donner ça.
Brian :
Exactement.
Aimy :
Ça, ça a été ton parcours. Là tu me disais tout à l’heure, ça a été facile pour moi de trouver de l’emploi. Je me suis présenté, j’ai fait ce que j’avais à faire, ça a bien été. Comment ça fonctionne habituellement le parcours quand on sort d’un DEP en charpenterie-menuiserie pour aller chercher ses premiers emplois?
Brian :
En fait, il y a dernier volet, c’est à dire dans le programme, qui est intégration au marché du travail. L’école, peu importe l’école, c’est un programme lié au SRAFP, il y a un critère pré-établi, il y a un volet intégration sur le marché du travail où on te prépare à comment aller chercher de l’emploi. Comme je l’ai mentionné, c’est qu’est-ce que tu veux? Quelle branche tu veux aller explorer. Est-ce que tu veux faire du coffrage, est-ce que tu veux faire de la charpente, est-ce que tu veux faire de la finition intérieure, finition intérieure d’escalier? Qu’est-ce que tu veux explorer et si oui, tu effectues la recherche, tu fais tes demandes, tu regardes un petit peu. Après, il y a une partie CV, curriculum vitae, c’est-à-dire l’ensemble de tes compétences, l’ensemble de ton expertise professionnelle, un ensemble de tes qualités. Tu regardes si ça te rejoint et à ce moment-là, il faut que tu effectues certaines recherches. Déjà, tu es à l’école, tu es encadré par des professionnels, des gens qui ont vécu, qui sont passés par là et qui comprennent le marché, qui te guident à travers ta recherche pour te dire : « Où tu veux aller? Qu’est-ce que tu veux faire? Puis tu dois amener certaines preuves ». Advenant la cas où c’était le mieux, c’est trois rencontres d’employeurs que tu peux éventuellement. Généralement, tu pourrais chercher tout employeur possible, tant que ça sera dans le coffrage, peu importe les volets ou les sphères de la construction. Je recommande de chercher une sphère qui t’intéresse parce que tu es au dernier volet du métier et on sait que l’industrie en ce moment est en pénurie de main-d’œuvre. On en veut de la main-d’œuvre. Donc, va voir quelqu’un qui va pouvoir t’embaucher après, puis ça va t’aider. Donc, ça c’est comme ça, dans l’idée que c’est toujours une affaire de questionnement. Qu’est-ce que tu veux, comment tu es, quelles sont tes aptitudes et comment tu peux faire pour aller chercher ce que tu veux réellement. Après, c’est l’ambiance. Il y a possibilité que tu cherches un emploi et que c’est exactement ce que tu veux et que tu arrives là-bas et que tu parles à l’employeur et que tu fasses : « Wô wô wô! ».
Aimy :
Il y a un clash et tu te sens moins bien.
Brian :
Il y a un clash, tu te sens pas bien, tu regardes. Encore une fois, il y a certains préjugés, il y a une certaine mentalité, que tu sois une minorité visible, que tu sois une femme essentiellement dans l’univers de la construction. Des fois c’est mitigé, des fois c’est méconnu, ils pensent que tout le monde, ils pensent que : « Une femme c’est tabou ». Tu pré-conçois que c’est un groupe de gars sur un chantier, on va siffler la fille. Mais, non, c’est pas comme ça, il y a de la sensibilité. Dans tous les chantiers, que j’ai été, il y a un grand égard envers les femmes, les gens sont susceptibles de OK, c’est bon, on va faire attention, on gère. On prépare l’entrée à ça et quand il y a quelqu’un, on se surveille et s’il y a de l’intimidation ou quelque forme de harcèlement, bien c’est tout de suite réprimé et il y a de sévères conséquences. J’en ai jamais vu parce que c’est jamais arrivé, mais c’est possible.
Aimy :
Tu parlais tout à l’heure, de la notion du bassin. C’est quoi ça?
Brian :
En fait, le bassin de la construction, c’est quand il y a une pénurie de main-d’œuvre, on déclare à tout le monde, j’ai pas toutes les mentions précises, mais en général il y a une pénurie de main-d’œuvre, on ouvre les bassins. Les bassins, c’est ce qui permet à je dirais monsieur, madame Tout-le-monde, d’intégrer le marché de la construction, à défaut d’avoir une garantie de 150 heures.
Aimy :
Ça, ça veut dire que les gens s’inscrivent au bassin?
Brian :
En fait, ils doivent constamment s’informer quand est-ce que les bassins ouvrent et quand est-ce que les bassins ferment.
Aimy :
Et à qui est-ce qu’on s’informe de ça?
Brian :
Il y a certaines institutions qui l’offrent et dans mon cas à moi, c’est les syndicats. Une fois que j’ai mon cours, je suis syndiqué. Les syndicats t’informent constamment et le meilleur moyen d’y accéder c’est d’approcher un syndicat, il y en a plusieurs, juste de sélectionner lequel. Tu pré-paies ton 100 dollars et à ce moment-là, ce que le syndicat va faire, ils vont t’approcher et lorsque les bassins vont ouvrir, ils vont avoir ton nom en tête de liste. Ils vont t’appeler : « Hé Brian, est-ce que tu veux travailler, est-ce que tu veux entrer comme charpentier-menuisier et est-ce que tu as encore ta garantie de 150 heures? ». Si au moment où ils vont t’appeler tu n’as pas la garantie de 150 heures…
Aimy :
C’est quoi, une garantie de 150 heures?
Brian :
La garantie de 150 heures, c’est même principe que quand tu sors de l’école pour approcher l’emploi, c’est comme la base avant de devenir apprenti première année.
Aimy :
C’est que tu as déjà cumulé 150 heures?
Brian :
Non. La garantie de 150 heures, c’est que tu t’engages envers un employeur.
Aimy :
À lui offrir au moins ça.
Brian :
Non. Lui te garantit qu’il va te fournir 150 heures de travail. Ce 150 heures-là, c’est l’une des premières périodes d’apprentissage. C’est ce qui te permet d’entrer dans le milieu du travail. D’où le pourquoi si tu entres par les bassins via le syndicat qui te contacte, que tu as payé ton 100 dollars, puis il te dit : « Est-ce que tu as encore ta garantie de 150 heures », vas-y tout de suite.
Aimy :
Comment tu pourrais la perdre?
Brian :
Admettons que, parce que les bassins ouvrent selon une période déterminée, je ne la connais pas précisément…
Aimy :
Mais est-ce que tu as encore ta garantie de 150 heures, ça veut dire est-ce que tu as encore cette promesse-là de 150 heures.
Brian :
Exactement. C’est que tu as encore cette promesse-là. Dans le sens où généralement, ceux qui vont être enclins à le faire c’est, moi je travaille pour quelqu’un comme je vous l’ai mentionné, en ébénisterie. Je suis en ébénisterie, je suis seulement une personne d’atelier, j’ai pas accès aux chantiers parce que je n’ai pas mes cartes de compétence et puis les bassins ouvrent. J’ai déjà payé mon 100 dollars, il m’appelle, j’ai mon employeur et je lui dit : « Hé! Mon syndicat m’a appelé, est-ce que tu veux encore me signer ma garantie de 150 heures? ». Ça se fait tout de suite. D’où le pourquoi il faut être à l’affût d’une éventuelle approche pour le syndicat et en tant que garantie de 150 heures aussi.
Aimy :
Je comprends. Dernière question dans notre grande série de questions, avec l’évolution de la société, avec les évolutions technologiques, comment est-ce que tu penses que ton métier risque de changer ou d’évoluer dans les cinq, dix, quinze, vingt prochaines années?
Brian :
En fait, le métier est déjà en constante évolution. À point dire qu’en ce moment, il y a des systèmes de conception que moi-même je ne connais même pas. Dans l’idée où il y a un système qui s’appelle Dura, c’est un système de montage de blocs de béton par isolation. C’est un système de montage de maisons par blocs, c’est un système technologique qui est écologique. Lorsque tu construis une maison, ça réduit les pertes, ça réduit tellement de choses et ça augmente la vitesse de construction aussi. Je ne connais pas tous les détails. Mais ça reste que c’est une technologie que je connaissais pas avant de m’y connaître. On nous dit l’approche et on nous apprend certaines méthodes de perception technologique quand on est à l’école et pour donner un autre exemple, c’est des chariots élévateurs. Autrement dit, avant, quand tu montes une maison de quatre étages, il faut quand même que tu poses le revêtement, le papier par air, les forens à travers une maison dans le revêtement extérieur, tout ça, il faut que ça soit fait. Avant, qu’est-ce que les gens faisaient, c’est que tu devais monter quatre étages plus ou moins avec une échelle à trente pieds, que tu dois déplacer deux pieds plus loin et tu redescends. Maintenant, la technologie, c’est que tu peux y avoir accès, c’est un chariot-élévateur. Une fois que tu as le chariot-élévateur, tu peux faire le tour de la maison, la vitesse est beaucoup plus accrue. Dans une autre idée, c’est advenant le cas où tu prends une photo de la maison. Aujourd’hui, on a des drones. Avant, si tu voulais prendre une photo en vue d’une maison, comment est-ce que tu t’y prenais? Est-ce que tu y allais en hélicoptère? Est-ce que tu montais sur un autre édifice pour prendre une photo? Aujourd’hui, on a des drones et les drones nous permettent de prendre non seulement une vidéo, non seulement des photos périphériques de périmètre de toute la bâtisse avec un seul outil qui est accessible à tout le monde aujourd’hui et si ce même outil, c’est-à-dire le drone est accessible à tout le monde pour quelques centaines de dollars, imaginez-vous à quel point ce qu’on ne voit pas peut évoluer en ce moment?
Aimy :
C’est comme l’idée que la façon de faire, la façon de construire va continuer d’évoluer. L’outillage qu’on utilise, la technologie qu’on utilise vont aussi continuer d’évoluer, donc tout ça, ça va augmenter la performance, augmenter la rapidité de production des charpentiers-menuisiers.
Brian :
Exactement. Mais ce qu’il faut garder en tête, c’est qu’il y a certains volets dans certains métiers où la technologie avance, la main-d’œuvre n’est plus nécessaire. On prend un exemple, un supermarché, maintenant, on innove, on peut aller chez Wal-Mart et on va réaliser qu’il y a des systèmes de caisses intelligentes automatiques. Qu’est-ce que ça fait? Ça réduit le nombre de caissières. Au lieu d’avoir une dizaine de caissières, maintenant on peut se permettre d’avoir une caissière, c’est-à-dire une personne en chair et en os en face de nous.
Aimy :
Est-ce que tu as l’impression que ça pourrait se produire dans ton domaine?
Brian :
Non. C’est là où je veux en venir, c’est que dans la charpenterie, même si la technologie évolue, on aura constamment besoin de main-d’œuvre. Dans l’option où je vous ai mentionné un chariot-élévateur, ça prend quelqu’un pour opérer ce chariot-élévateur là et ça prend quelqu’un dedans. Dans l’idée où on a innové un système de blocs, ça prend quelqu’un qui va monter les blocs.
Aimy :
Dans toute cette notion où tu me décrivais, tu me disais, la construction, tu arrives sur un chantier, c’est jamais droit, mais ça va comme prendre quelqu’un pour aller ajuster, fignoler, s’organiser pour que tout ne soit pas correct juste sur papier, mais aussi dans les faits.
Brian :
Exactement. Quand on y va à cette notion d’installation-là, ça prend quelqu’un qui. Avec son expérience, va être en mesure d’analyser la situation, de comprendre puis de poser des gestes concrets pour justement corriger le tir. Donc, peu importe l’évolution, à quel point ça va se développer avec le temps, il y aura constamment un besoin de charpentiers-menuisiers dans le métier. La main-d’œuvre va être super importante à la petite échelle autant qu’à la grande.
Aimy :
Brian, ça a été super intéressant. Merci beaucoup.
Brian :
Ça fait plaisir.
Aimy :
Merci à notre invité et merci à vous d’avoir écouté cet épisode des Portraits professionnels. Pour plus de détails sur cette profession, visitez notre site internet au www.saltoconseil.com.