THÉRAPEUTE DU SPORT
AVEC MAI-LINH DOVAN
Octobre 2019 | Musique et montage par Alex Andraos
Dans l’épisode d’aujourd’hui, on rencontre Mai-Linh Dovan, thérapeute du sport. Elle nous parle de son parcours ainsi que des multiples facettes de son quotidien professionnel; par exemple, la thérapie manuelle, le coaching, la formation d’entraîneurs, mais aussi la gestion de son entreprise.
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THÉRAPEUTE DU SPORT
AVEC MAI-LINH DOVAN
Aimy :
Bonjour et bienvenue aux Portraits professionnels, le balado où l’on tente de clarifier différentes professions du marché du travail. Dans l’épisode d’aujourd’hui, on rencontre Mai-Linh Dovan, thérapeute du sport. Elle nous parle de son parcours, ainsi que des multiples facettes de son quotidien professionnel. Par exemple, la thérapie manuelle, le coaching, la formation d’entraîneurs et aussi la gestion de sa business. Mai-Linh Dovan, bonjour.
Mai-Linh :Allo.
Aimy :Tu vas bien?
Mai-Linh :Ça va bien, merci.
Aimy :Alors, on se rencontre aujourd’hui pour parler de ton métier. Veux-tu nous dire ce que tu fais?
Mai-Linh :Je suis thérapeute du sport et entrepreneure.
Aimy :Thérapeute du sport et entrepreneure. Alors, quand tu vas dans un party et que tu rencontres quelqu’un pour la première fois et que tu lui dis : « Salut, je m’appelle Mai, je suis thérapeute du sport entrepreneure », qu’est-ce que les gens imaginent que tu fais?
Mai-Linh :Honnêtement, souvent, les gens ne savent pas c’est quoi un thérapeute du sport. Hum… généralement, je dirais que, quand j’ai besoin de l’expliquer pour que les gens comprennent bien, je dis souvent, je fais de la thérapie par le mouvement. Je travaille en gym.
Aimy :OK.
Mai-Linh :J’ai souvent le : « Ah! T’es entraîneure! », non pas vraiment. Oui, mais non.
Aimy :(Rire)
Mai-Linh :Oui, mais non. Un entraîneur avec une petite spécialité.
Aimy :OK. C’est comment que tu la qualifierais, cette spécialité?
Mai-Linh :Encore, c’est vraiment du point de vue thérapeutique. Autant en thérapie du sport on peut travailler en clinique, avec les gens qui ont des blessures musculo-squelettiques aiguës ou même des douleurs chroniques, autant on a la composante qu’on va travailler aussi au niveau de l’entraînement. On a quand même une formation assez développée en entraînement, en kinésiologie. En fait, c’est comme un peu un bac en kin avec une spécialisation en thérapie du sport, du moins dans mon temps. Donc, c’est sûr qu’on va travailler beaucoup sur l’aspect entraînement, renforcement, comment s’entraîner autour d’une blessure, comment trouver les solutions pour prévenir de récidives de blessures, comment optimiser le corps et le mouvement pou l’entraînement ou pour le sport. Je parle beaucoup d’entraînement, ma clientèle actuelle, c’est énormément des gens qui s’entraînent. Évidemment, les thérapeutes du sport on est aussi premiers répondants. On travaille aussi avec les équipes sportives, suivi des équipes sportives pour agir en tant que premiers répondants en cas d’urgence. Mais moi, je travaille beaucoup plus dans l’aspect gym.
Aimy :OK.
Mai-Linh :Vraiment plus cet aspect-là que j’ai développé dans ma pratique.
Aimy :Si on parle de cet aspect-là qui est vraiment ton quotidien, si tu me décrivais une journée typique de travail, de quoi ça peut avoir l’air pour toi?
Mai-Linh :Ça dépend de la journée pour moi parce que j’ai des journées où je vois des clients, j’ai des journées de développement d’affaires pour la business, pour Rehab-U. J’ai des journées de développement artistique que j’appelle, où je me permets de soit m’instruire un peu, retourner lire dans des livres, partir faire une formation pour la fin de semaine aussi, ça inclut souvent cette journée-là de développement artistique.
Aimy :Si on commence, mettons, avec une journée contact client, de quoi ça a l’air?
Mai-Linh :Je travaille dans deux centres différents. Je travaille, j’ai pas un bureau à moi, je travaille à partir d’un gym, un à Montréal, un ici sur la Rive-Sud de Montréal. Donc, je rencontre autant des gens de l’extérieur qui m’ont été référés ou qui m’ont trouvés sur les médias sociaux, autant les membres du gym qui ont des petites blessures, des petits bobos, des petites douleurs qui persistent. Donc, je fonctionne par rendez-vous.
Aimy :Puis là, les gens viennent te voir. Puis, habituellement, les gens ils te consultent pourquoi, par exemple?
Mai-Linh :Euh, douleurs à l’épaule reliées à l’entraînement, douleurs au bas de dos, retour à l’entraînement après une blessure au bas de dos, retour à l’entraînement après une blessure au genou ou ce genre de choses-là. Je dirais que je vois énormément de douleurs chroniques au bas de dos, des bas de dos ou des syndromes douloureux qui empêchent pas nécessairement les gens de faire leur entraînement, mais qui les limitent énormément dans l’atteinte de leurs objectifs, que ce soit en performance, que ce soit dans l’endurance ou des fois, ils sont affectés un peu dans la vie quotidienne. Je vois aussi beaucoup de problèmes d’épaule.
Aimy :Beaucoup de problèmes d’épaule. Fait que c’est des gens qui vont un peu venir de plusieurs, de plusieurs milieux, de ce que je comprends. Ça pourrait être des athlètes, mais ça pourrait être Monsieur, Madame Tout-le-monde qui s’entraîne parce qu’il y prend plaisir, mais là, j’arrive plus à faire ce que je faisais ou j’ai mal, ou je voudrais me rendre plus loin, j’y arrive pas, j’ai mal. C’est un peu ça?
Mai-Linh :Exactement.
Aimy :On frappe à ta porte un peu pour ça?
Mai-Linh :Exactement. Je dirais que la clientèle cible de Rehab-U, c’est les gens actifs ou les athlètes. Les gens qui font du sport, que ce soit entraînement ou autre et/ou les athlètes, les gens qui bougent. On les aide à mieux bouger.
Aimy :On les aide à mieux bouger. Puis, au début, quand tu me disais : « Je suis thérapeute du sport entrepreneure », fait que tu me dis : « J’ai des journées plus entrepreneure, vraiment la business ». Ça, ça a l’air de quoi ces journée-là?
Mai-Linh :Euh… Mon entreprise, Rehab-U, a comme trois volets. Il y a le volet clinique qui est les services de clients, donc rencontrer des clients. Il y a aussi un volet éducation. Donc, je donne aussi de la formation pour les entraîneurs. Donc, c’est tune formation qui vise à optimiser le mouvement. Il y a des concepts cliniques là-dedans, j’ai développé cette formation-là en me basant sur mon expérience qui vient beaucoup d’un background clinique. Par contre, comme j’ai toujours beaucoup travaillé en gym, j’ai dit bien c’est sûr qu’il y a des concepts qui sont applicables pour des entraîneurs qui n’ont pas le titre de clinicien, mais qui peuvent travailler avec les gens en gym pour les aider à bouger mieux ou à faire de la thérapie par le mouvement. Donc, j’ai tout ce volet-là d’éducation qu’on est actuellement en train de développer. Donc, on donne une formation, c’est une formation de deux jours. Je m’en vais à l’international aussi pour donner cette formation-là, donc c’est super excitant. Il y a aussi le volet online, fait qu’il y a un site où on offre du online coaching, des programmes de mobilité, des programmes du genre shoulder fix, optimiser le mouvement de l’épaule, low back fix, optimiser le mouvement du bas du dos.
Aimy :Quand tu dis, ces services-là en ligne, on voit des vidéos de toi qui explique des trucs ou tu vas comme skyper avec des gens puis dire comme : « Ah, ajuste ta posture »?
Mai-Linh :Oui, le coaching online, ça va être, ça inclut évidemment une entrevue Skype au départ pour parler de la blessure qu’il y a eu ou des petits syndromes douloureux qu’il y a. Ça inclut aussi une analyse vidéo. Donc, ce que je fais, c’est que j’envoie aux gens les vidéos de ce qu’ils doivent faire, se filmer en train de le faire, puis ils me renvoient ces vidéos-là. C’est-à-dire qu’ils créent un Dropbox, ils droppent les vidéos dedans. Moi, je peux visionner les vidéos et faire mon évaluation.
Aimy :Fait que toi t’envoies une première vidéo : voici comment on fait un squat, là la personne elle dit : voici mon squat et là tu dis : arrange ça, ça, ça.
Mai-Linh :Exemple, ça peut être ça. Mais, c’est pas toujours axé sur le mouvement. Il y a aussi : lève les bras jusqu’en haut de la tête, filme-toi de côté, de face, de dos. Penche-toi pour toucher tes orteils, filme ça de côté, de face, de dos. Il y a des tests un peu plus cliniques.
Aimy :Fait que c’est toute ton évaluation que t’arrives à faire quand même à distance?
Mai-Linh :Quand même.
Aimy :OK. Fait que, si on reviens mettons… est-ce qu’on avait fini les volets déjà? On avait dit avec des gens, clinique…
Mai-Linh :… plus business…
Aimy :… éducation…
Mai-Linh :… éducation et online.
Aimy :Parfait. Fait que si je reviens à la partie vraiment avec la clientèle, comment tu pourrais me résumer mettons une rencontre avec un client? De quoi ça pourrait avoir l’air?
Mai-Linh :La première rencontre, mettons à l’évaluation initiale, c’est beaucoup, en anglais on dit le history thinking, c’est mettons une douleur aux épaules, c’est pas relié à j’ai fait un faux mouvement, j’ai eu une dislocation de l’épaule ou je me suis fait plaquer au hockey puis je me suis fait mal à l’épaule. Vraiment, plus un syndrome douloureux, là la portion history va être très importante dans le sens qu’il faut comprendre ça a commencé comment, c’est quoi le type de douleur, c’est quoi les mouvements qui augmentent la douleur, c’est quoi les choses que la personne fait pour diminuer la douleur, c’est quoi son expérience d’entraînement, est-ce qu’il y eu un changement au niveau du type d’entraînement. Il faut aller, il faut essayer de trouver qu’est-ce qui a mené à ça.
Aimy :Tout l’historique du bobo, là?
Mai-Linh :Oui. Puis tout l’historique de cette personne-là, c’est quoi sa fondation au niveau du mouvement parce qu’on a énormément de gens, de nos jours, qui ont commencé à s’entraîner. Ils sont partis de sédentaires à faire des cours de groupe de style boot camp, de style cross fit. Là, ils se mettent à travailler énormément avec des charges au-dessus de la tête ou à faire des pull up, à se pendre après une barre, etc. Puis on va s’entendre que dans la vie de tous les jours, c’est pas ça qu’on fait.
Aimy :Quand t’es assis à ton ordi, tu te tiens pas après une barre d’habitude.
Mai-Linh :Non. Puis, lever le bras au-dessus de la tête, si on y pense comme il faut, c’est pas quelque chose qu’on fait énormément souvent au quotidien.
Aimy :Dès qu’on change…
Mai-Linh :Exactement, exactement. Donc, important de comprendre l’historique de cette personne-là, elle est arrivée dans l’entraînement avec quelle foundation, avec quelle base de mouvement parce que ça déclenche des affaires. Ça me permet de voir un peu où je dois commencer. Est-ce qu’il faut que je régresse jusqu’à on a aller créer la base en premier avant de recommencer.
Aimy :Comment tu t’assois, comment tu marches?
Mai-Linh :Comment tu lèves les bras au-dessus de la tête, c’est quoi la mobilité de l’épaule, est-ce que t’as les prérequis pour faire ce que tu fais depuis un certain temps, que ton corps a survécu mais qu’à un moment donné t’as atteint la limite et là il y a un syndrome douloureux qui apparaît.
Aimy :OK, alors tu commences avec tout ce intake-là de l’historique de la personne, tu évalues d’où elle est partie, où est-ce qu’elle est rendue, qu’est-ce que ça avait impliqué entre les deux. Ensuite, qu’est-ce que tu pourrais faire dans une rencontre?
Mai-Linh :Euh… il y a toujours d’autres portions, évidemment, il va y avoir une portion traitement. On regarde la thérapie du sport, il y a une portion traitement. Tout dépendant de la blessure, ça peut être du relâchement au niveau des tissus mous, ça peut être au niveau musculaire, ça peut être des mobilisations articulaires. Ensuite, moi, évidemment j’aime beaucoup le mouvement. Je passe pas toute mon intervention à traiter la personne moi-même avec mes mains. On va dans le gym, on fait des exercices, je te montre des trucs que tu peux faire par toi-même parce que ce qui est important pour moi c’est de donner à la personne des outils de self-care. Comment toi tu peux gérer ta blessure parce que tu peux pas venir me voir à tous les jours. Leur donner cette autonomie-là parce que tu peux pas venir me voir à tous les jours. Du moins, la majorité des gens ne peuvent pas puis il y a tellement de travail que tu peux faire au quotidien toi-même et prendre charge de ta réadaptation. Ça c’est important pour moi de le faire comprendre aux gens. Il y a une grosse portion d’éducation.
Aimy :Oui, c’est ça. Je vais t’apprendre à le faire pour que tu puisses poursuivre entre nos rencontres là.
Mai-Linh :Oui. Y a des choses que t’auras pas le choix de venir me voir, mais il y a beaucoup de choses que tu peux faire aussi puis que tu vas devoir faire parce que de me voir une fois par semaine seulement, c’est beaucoup moins payant que de me voir une fois par semaine pour les choses qu’il faut que moi je fasse versus faire des devoirs toi aussi à tous les jours puis vraiment faire un chemin tout ce temps-là.
Aimy :Fait qu’il va y avoir un morceau évaluation, il va y avoir un morceau un peu traitement.
Mai-Linh :Oui.
Aimy :Traitement, vraiment manuel, tu portes les mains sur la personne, tu ajustes des trucs.
Mai-Linh :Oui.
Aimy :Puis, il va y avoir ensuite une partie éducative, entraînement. Je te montres comment faire des mouvements, je m’attends à ce que tu les fasses par toi-même d’ici à notre prochaine rencontre pour qu’on observe l’évolution.
Mai-Linh :Oui. Tout le monde ressort avec des exercices qu’ils ont à faire à tous les jours avant notre prochaine rencontre.
Aimy :Puis, j’imagine que tu dois te le faire dire, tout à l’heure, tu disais : « Mon travail, ma formation c’est comme si c’était de la kinésiologie avec un petit morceau de thérapie par le mouvement ». Bon, ton travail ressemble un peu à celui du kin, ton travail ressemble peut-être un peu à celui du physio, comment est-ce que tu distinguerais la thérapie du sport de ces autres domaines-là?
Mai-Linh :Encore là, c’est beaucoup, moi je connais la thérapie du sport très bien.
Aimy :Fait que de ton point de vue à toi.
Mai-Linh :Je connais moins, je veux dire les autres domaines je les connais moins. Ce que moi je vois, ce qui est différent avec la thérapie du sport puis de la majorité des thérapeutes du sport que je connais, c’est vraiment comme tu disais tantôt, l’aspect d’accompagnement pour tout ce qui est relié au sport, tout ce qui est relié à l’entraînement parce que c’est ça qu’on apprend. Nous, c’est de la thérapie pour le retour à l’activité.
Aimy :C’est ça la particularité.
Mai-Linh :C’est pas juste de la thérapie pour le retour à la fonction normale de l’articulation, mettons. Oui, ça fait partie de notre travail, c’est ça la partie qui est comme le physio…
Aimy :Mais c’est dans l’objectif de l’entraînement.
Mai-Linh :Exactement, fait qu’il y a vraiment un accompagnement et qui nécessite aussi une connaissance de l’entraînement, une connaissance du sport, une connaissance de comment je vais accompagner ma personne jusqu’au retour optimal à l’activité.
Aimy :Fait que c’est une couleur qui est vraiment particulière hein? Tu as un domaine physiologique qu’il y a comme plein d’autres professions pourraient toucher. Qu’est-ce qui t’a amenée à choisir ce domaine-là?
Mai-Linh :Oh boy! Quand j’étais jeune, jeune et adolescente, j’ai fait à peu près tous les sports possibles (rire). J’aimais énormément le sport et évidemment je me suis beaucoup identifié à ça à l’adolescence. Le sport, c’était moi. Mon estime de moi, même, je dirais, à l’adolescence on cherche beaucoup notre identité. Je la retrouvais beaucoup dans le sport. J’étais bonne à l’école et j’étais bonne en sport aussi. Évidemment, rendue au cégep, je voulais m’orienter vers quelque chose qui était relié au sport. Je voulais rester dans mon dada. Puis je suis allée voir une conseillère au cégep puis on m’a parlé d’un bac en science de l’activité physique. Dans ce temps-là, j’étais à Trois-Rivières, ma ville natale, puis c’est ce qu’on m’a conseillé. Donc, j’ai commencé un bac en sciences de l’activité physique à Trois-Rivières dans le temps. Puis, j’ai découvert la thérapie du sport parce que je travaillais pour l’équipe de hockey à Trois-Rivières puis à chaque fois que Concordia venait jouer, il y avait un thérapeute du sport qui portait un manteau écrit « Athletic Therapy » puis là j’ai dit : C’est quoi ça? Je suis allée voir un peu c’était quoi et j’étais vendue. J’ai transféré à Concordia pour faire ma thérapie du sport.
Aimy :OK. Qu’est-ce qui était attrayant dans ce que tu voyais dans le rôle de cette personne-là avec l’équipe de Concordia?
Mai-Linh :C’est drôle parce qu’au départ, étant donné que j’aimais tellement le sport, c’était vraiment la partie accompagner des équipes sportives là. Être le thérapeute d’une équipe, faire le taping, la préparation avant la game.
Aimy :Quand tu me disais premier répondant, cette partie-là.
Mai-Linh :Oui. La partie, tu sais la partie premier répondant est pas toujours, dans un monde idéal, tout se passe bien, personne se blesse. Il y a beaucoup la partie, en tant que thérapeute du sport, t’es souvent impliqué dans la partie retour à l’entraînement, les modifications à faire, les trucs que la personne va pouvoir faire pendant les pratiques étant donné sa blessure. Tu es impliquée au-delà de tu viens, tu manipules un peu ta blessure, tu fais les trucs hands-on puis après ça t’es partie. C’est vraiment cette partie-là de dire : je m’entoure d’athlètes et de sport. C’est vraiment pour ça.
Aimy :Tu baignais dedans.
Mai-Linh :Exactement, fait que j’étais comme : Wow! C’est parfait. c’est pas juste en gym, c’est sport. C’est sport et gym. C’était pas mal, ça comblait.
Aimy :C’était beaucoup de choses que tu recherchais.
Mai-Linh :Exact.
Aimy :OK. Puis, éventuellement, tu as pris un angle qui était entrepreneurial, tu as parti ta business. Qu’est-ce qui fait que ça c’est l’approche que tu as choisie dans ta profession?
Mai-Linh :Écoute, ça, ça a été, j’en suis pas à ma première business, en fait. Fait que je suis déjà, j’ai déjà eu des partenaires d’affaires. J’ai déjà eu une autre compagnie avec d’autres partenaires où on faisait de la performance athlétique. C’était quand même très complet comme compagnie, on était quatre spécialistes dans nos domaines. C’est-à-dire, il y avait une autre thérapeute du sport qui elle faisait beaucoup de thérapie hands-on, moi qui faisait de entraînement plutôt en gym, fait que plutôt de la thérapie en gym, un entraîneur qui faisait beaucoup de développement athlétique fait qu’avec les équipes sportives, l’entraînement relié à la performance, le développement de l’athléticité et quelqu’un qui est spécialisé beaucoup en nutrition. Fait qu’on avait tout le package puis on avait développé un volet éducation à l’intérieur de ça aussi. Je pense que j’ai toujours eu un petit peu la touche de dire, bien, quand on a une spécialité particulière, c’est préférable de travailler pour nous-mêmes (rire).
Aimy :Fait que cette fibre entrepreneuriale-là, elle est là depuis toujours. Ça fait partie de comment tu conçois le travail?
Mai-Linh :Oui, mais je dirais, j’ai été travailleuse autonome pour la majeure partie de ma vie. Oui, j’ai déjà eu une job normale de bureau à un moment de ma vie où j’avais besoin de faire ça pour des raisons autant financières que personnelles que circonstancielles, etc. Mais, oui, j’ai toujours eu un peu la fibre de dire je veux travailler pour moi-même, je veux faire mon horaire, je veux gérer mes trucs. Par contre, je n’aurais pas fait ça toute seule. J’ai toujours été entourée de gens qui avaient la fibre entrepreneur et qui étaient meilleurs que moi pour développer une business. Pour Rehab-U, ça s’adonne que c’est mon conjoint qui m’aide beaucoup avec ce développement-là. Je pense que moi j’ai le know how de pouvoir développer, offrir quelque chose de différent.
Aimy :Tu as une expertise à promouvoir.
Mai-Linh :Oui, mais je suis chanceuse d’avoir quelqu’un qui peut m’aider à développer le côté entreprise.
Aimy :Il y a des gens des fois qui vont dire que quand on est un entrepreneur, on a toujours un côté un peu technicien, on sait comment faire quelque chose. Puis parfois on a le côté très business, puis parfois on l’a pas. Ce que j’entends, que tu l’aies ou que tu l’aies pas, il y a quand même moyen d’aller t’allier à des gens qui pourraient te donner ce coup de main là dont t’aurais besoin?
Mai-Linh :Exactement. Moi, le côté business, je vais être honnête, je l’ai pas du tout (rire). Je dirais que moi j’ai plus un côté technique, oui, évidemment, j’ai des bonnes connaissances.
Aimy :Tu connais bien ton métier.
Mai-Linh :Sans vouloir être prétentieuse, je connais bien puis je pense que j’ai développé quelque chose de différent. Mes taux de succès avec les clients sont très bons. Je me décris plus comme artistique dans mon domaine.
Aimy :C’est quoi être artistique dans un domaine scientifique comme le tien?
Mai-Linh :Oui, ça fait spécial hein? Je pense que c’est de comprendre les nuances. Souvent, les gens, comme tu dis c’est un domaine scientifique, les gens c’est A ou c’est B ou c’est C. C’est noir ou c’est blanc. Moi je suis quelqu’un d’un peu philosophe. Mon père est asiatique, je suis proche du Bouddhisme. J’aime réfléchir sur les trucs, j’aime pas le noir et le blanc. C’est un peu surprenant que j’aie eu autant de succès dans un domaine qui est très scientifique, mais je pense qu’en partie mon succès est dû au fait que je suis capable d’aller chercher énormément d’information, de comprendre énormément d’information, mais de comprendre aussi que c’est les nuances de ça qui à un moment donné vont être utiles. C’est pas de l’appliquer à la lettre. On travaille avec l’être humain. Chaque personne est tellement différente que tu peux pas penser que tu vas utiliser un protocole X avec tous tes clients et c’est ça qui va fonctionner. Il faut aller jouer un peu.
Aimy :Il y a comme un grande notion de flexibilité.
Mai-Linh :Exact.
Aimy :J’ai besoin de savoir l’information comme elle est scientifiquement, mais quand je l’applique à un être humain, ça se peut que je le bend un peu là, pour que ça puisse répondre vraiment aux besoins de la personne.
Mai-Linh :Exactement. Puis je pense que pour être en mesure de faire ça, c’est pour ça qu’un mot, on jasait tantôt de mots que, d’un mot que j’aimais beaucoup, qui était le mot équilibre, d’avoir un équilibre. Tu sais de comprendre que dans chaque, que chaque outil a son rôle à un moment donné puis que chaque protocole, chaque système va fonctionner pour quelqu’un dans un contexte particulier, mais pas du tout pour quelqu’un d’autre dans un autre contexte, puis ça faut savoir comme pas s’enligner, comme pas avoir une vision tunnel. Pas vouloir prendre tout le temps le même chemin pour chaque personne puis se laisser beaucoup de liberté. Il y a des gens qui tolèrent pas bien ça parce que c’est comme si c’est un peu chaotique, c’est un peu désorganisé, c’est comme si je suis pas un ABC. Mais, la réalité c’est qu’avec un être humain, qui est blessé en plus, qui a un historique particulier, je veux dire un ABC…
Aimy :C’est pas comme une grande ligne droite…
Mai-Linh :Il y a une petite partie de ABC. Si on parle d’une blessure aigue, il y a un protocole. Mais, au-delà de ça, après ça, il y en a de la liberté. Si t’as assez d’outils, tu sais comment t’en servir comme il faut.
Aimy :Qu’est-ce que tu dirais, dans ton travail, qui est le plus grand challenge que tu rencontres?
Mai-Linh :Hum… Je dirais que, parfois, c’est de, d’impliquer les gens dans leur réhab. Les gens sont encore au stade de : Je suis blessé, quelqu’un va me traiter. Puis, c’est ça. Tu vas me le réparer là mon bobo. Bien, c’est ça. Fait que c’est souvent le volet, pour moi, le volet éducation est facile comme j’aime donner beaucoup d’information à la personne. Des fois, c’est le volet comme take ownership de leur blessure.
Aimy :Il faut que tu t’appropries ton cheminement là. Il faut que tu t’appropries les tâches que tu as à faire, ça te revient à toi de te réparer.
Mai-Linh :Exactement.
Aimy :Moi je peux faire des morceaux, mais le gros travail c’est toi.
Mai-Linh :Puis dans les pires cas, après c’est que la personne a pas de résultat.
Aimy :Hum.
Mai-Linh :Et associe le fait de ne pas avoir de résultat à ton intervention à toi.
Aimy :Fait que t’es pas bonne parce que j’ai encore mal.
Mai-Linh :T’es pas bonne parce que je suis pas mieux. Mais, ce sera pas mieux en me voyant une fois par semaine. Ce côté-là est difficile parfois. Je dirais beaucoup moins dans un contexte de gym que dans un contexte clinique pur parce que j’ai déjà travaillé dans un, au début début en clinique.
Aimy :Puis ça, tu le rencontrais plus souvent?
Mai-Linh :Oui. Par contre, là on parle de gens qui sont sédentaires. C’est différent.
Aimy :Fait que c’est sûr que dans un contexte de gym, t’as comme un terreau plus fertile là. T’as des gens qui sont déjà en train de s’entraîner puis qui ont déjà le goût. C’est ça la différence, tu dirais?
Mai-Linh :Puis qui ont un facteur motivateur beaucoup plus grand de : « Je ne suis plus capable de faire X mouvement puis je veux recommencer à le faire ». Fait qu’il y a un facteur de motivation qui est plus intéressant, mais encore là le gros facteur limitant pour tout le monde, c’est le temps : « Ah bien j’ai pas le temps! », de les convaincre de trouver le temps. Mais, j’ai un petit peu passé à côté de ça en leur faisant des petits plans d’exercices qu’ils font en échauffement fait que c’est correct. Tu es déjà au gym, tu as déjà un échauffement à faire, ça va être ça tes échauffements. Des fois, c’est un bon by pass.
Aimy :Fait que quand tu disais, des fois il faut être un peu inventif, bien ça ça fait partie un peu des trucs que tu as pu ajuster à ta sauce.
Mai-Linh :Oui.
Aimy :À l’opposé, qu’est-ce que tu dirais qui est le plus nourrissant, le plus validant dans ton travail?
Mai-Linh :Bien, évidemment, quand les gens se sentent mieux. Je dirais pour moi, personnellement, personnellement si je pense juste à moi pour un instant, c’est quand la personne me dit : « J’ai jamais eu une approche comme ça pour aller mieux puis ça fonctionne vraiment, je suis vraiment content, ça va mieux ».
Aimy :Fait que de voir un genre de match, ce que j’ai essayé avec cette personne-là ça a fitté puis ça a répondu au besoin.
Mai-Linh :Oui, puis plus d’une fois dans des contextes différents, ce qui pour moi veut dire OK, bien j’ai développé une façon d’appliquer les choses, des outils que tout le monde a là. J’ai rien, j’ai pas réinventé la roue en ce sens que j’utilise les mêmes outils que les autres thérapeutes, que les physiothérapeutes, que certains entraîneurs. Mais, j’ai comme développé une approche pour faire en sorte que, un je peux pallier au fait que les gens ont pas beaucoup de temps, deux je peux pallier au fait que les gens ont pas une grosse motivation pour faire des exercices plates de réadaptation. Donc, je suis plus innovative dans la façon que j’intègre les exercices, puis les gens ont des résultats rapidement. Fait que cette espèce de stratégie-là que j’ai développée parce que j’appelle ça une stratégie, c’est pas un système parce qu’il y a beaucoup de facteurs.
Aimy :C’est comme une méthode un peu, une façon de faire.
Mai-Linh :C’est comme, oui, une stratégie, vraiment. C’est quoi mes objectifs puis après ça, ce que j’utilise pour atteindre mes objectifs, c’est selon. Selon ton expertise, selon ce que le client a besoin, selon le background de la personne, etc.
Aimy :Fait que de voir les gens atteindre ce résultat-là ça, ça vaut la peine. C’est pour ça que tu fais ce que tu fais, j’imagine.
Mai-Linh :Oui. Puis de voir les gens continuer à s’entraîner et d’être contents de pouvoir continuer à s’entraîner alors que, exemple, ils se sont peut-être fait dire par le médecin : « Arrête de faire des sports ». Les gens viennent me voir puis je dis : On va juste changer le type de squat que tu fais pour un quatre semaines. La partie accompagnement, j’aime beaucoup. C’est ça. C’est mon petit côté entraînement que je peux aller chercher puis j’ai mon petit côté clinique en même temps.
Aimy :Fait que c’est une combinaison qui est cool.
Mai-Linh :Oui.
Aimy :OK. Avec la science qui continue d’avancer, avec la technologie qui arrête pas de bouger, comment tu imagines que ton métier va évoluer dans les dix, quinze, vingt prochaines années?
Mai-Linh :Énormément, j’imagine (rire).
Aimy :Je sais que là, je te demande de voir dans le futur. Je sais que c’est difficile (rire).
Mai-Linh :Écoute, c’est un peu difficile à répondre. Des fois, j’ai des craintes parce que maintenant, avec les médias sociaux, il y a aussi beaucoup de gens qui se self traitent. Autant tu peux acheter des outils de traitement de tissu mou pour le faire toi-même sur toi-même, ce qui pour moi fait pas vraiment de sens. Ça, ça m’inquiète un peu pour les professionnels comme les thérapeutes du sport, les physiothérapeutes, etc.
Aimy :Dans le sens où les gens pourraient se faire plus de tort que de bien?
Mai-Linh :Bien, oui.
Aimy :Ou dans le sens que vous pourriez devenir moins utiles?
Bien, les deux. Dans le sens que les gens pensent, les gens traitent leurs symptômes et quand tu as un soulagement instantané de tes symptômes, tu es satisfait. Alors qu’il y a beaucoup plus que ça derrière, il y a beaucoup plus que ça à regarder. Il y a des gens qui vont dire : « J’ai pas besoin d’aller voir un thérapeute du sport, je fais mon petit relâchement avec mon petit outil puis ça va mieux ». Mais derrière ça, il y a toute une dysfonction qui s’installe. Aimy :Tu as travaillé le symptôme, mais tu as pas travaillé la cause?
Mai-Linh :Oui.
Aimy :Fait que vous restez pertinents, mais est-ce que les gens vont s’en rappeler? C’est là qu’on le sait pas.
Mai-Linh :Oui. C’est tellement un domaine, tu sais le domaine de l’entraînement et maintenant, même le domaine de la thérapie, c’est comme devenu très blendé. Puis, c’est un domaine où il n’y a pas beaucoup, tu sais, n’importe qui peut se dire entraîneur spécialiste. Donc, les gens se réfèrent beaucoup, il y a beaucoup de mauvaises informations qui circulent. Ça, ça me fait un peu peur. Peut-être pas autant pour la thérapie du sport, en ce sens-là, mais dans le monde de l’entraînement, puis pour moi, ça fait partie de mon, de ma profession le monde de l’entraînement. Côté thérapie, encore là, c’est sûr qui reste que la plupart des gens qui se fracturent une cheville vont pas penser à se traiter eux-mêmes. Mais, pour les petits syndromes douloureux reliés à l’entraînement, souvent les gens pensent que c’est pas pertinent de voir un professionnel, alors que…
Aimy :C’est comme s’il restait du travail de promotion, d’information à faire quant aux services que vous offrez?
Mai-Linh :Oui. Oui, d’éducation. Les gens associent souvent la rehab à, tu sais , la rehab c’est quelque chose que je fais à côté de mon entraînement et de mon sport, alors qu’en réalité, faut voir ça, faudrait qu’ils voient ça comme un même continuum.
Aimy :Fait que si je m’entraîne, j’ai intérêt à prendre soin en même temps. C’est les deux ensemble. OK.
Aimy :Merci à notre invitée et merci à vous d’avoir écouté cet épisode des Portraits professionnels. Pour plus de détails sur cette profession, visitez notre site internet au www.saltoconseil.com.