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PORTRAIT DE CARRIÈRE:
MARC BOILARD

AVEC MARC BOILARD

Septembre 2021 | Musique et montage par Alex Andraos

On dresse aujourd'hui le portrait de carrière de Marc Boilard. Il porte plusieurs chapeaux, mais tous regroupent le même attribut : Communicateur. Avocat, gérant d’artistes, chroniqueur radio, fondateur d’un site de rencontres, auteur, conférencier, podcaster, animateur télé polarisant à ses heures, Marc multiplie l’éventail de ses expertises. Il nous illustre son parcours sinueux, mais toujours bien collé à qui il est.

PORTRAIT DE CARRIÈRE: MARC BOILARD

AVEC MARC BOILARD

Aimy :

Bonjour et bienvenue aux portraits professionnels, le balado où on tente de clarifier différentes professions du marché du travail. Aujourd’hui on dresse le portrait de carrière de Marc Boilard. Il porte plusieurs chapeaux, mais tous regroupent le même attribut : Communicateur. Avocat, gérant d’artistes, chroniqueur radio, fondateur d’un site de rencontres, auteur, conférencier, « podcaster », animateur télé polarisant à ses heures, Marc multiplie l’éventail de ses expertises. Il nous illustre son parcours sinueux, mais toujours bien collé à qui il est. Marc Boilard, bonjour!

Marc :

Salut!

Aimy :

Comment tu vas?

Marc :

Très très bien, toi-même?

Aimy :

Ça va bien merci! Alors, on se rencontre aujourd’hui pour faire le portrait de ta carrière. Es-tu prêt?

Marc :

Oui, prêt. D’ailleurs c’est tout un zig-zag, ça fait que, je sais où on va commencer, mais je n’ai aucune idée où on va finir! (rire)

Aimy :

J’ai vraiment hâte de voir ça! Alors, si on commence par le début. Quand tu rencontres des gens pour la première fois qui te demandent qu’est-ce que tu fais professionnellement, qu’est-ce que tu réponds?

Marc :

Je suis d’abord et avant tout un animateur, mais je suis devenu aussi un concepteur et un consultant. Ça fait qu’après ça, on peut continuer et ajouter plein de virgules : Auteur, avocat, gérant d’artistes à l’époque, il y a eu du « stand-up » comique. Ça ne finit juste plus, mais si on veut mettre les chapeaux qui sont réellement ceux que je pense… non seulement qui je suis, mais ce pourquoi les gens m’engagent, parce que ça c’est l’autre bout. On peut bien prétendre qu’on est bien des affaires, mais dans la vraie vie qu’est-ce qu’on fait? Ce sont ces trois éléments-là. C’est difficile de mettre juste un mot. Si un mot il y avait, je te dirais que c’est un communicateur, c’est-à-dire qu’à la base, ce que j’ai développé comme « skills » qui étaient déjà dans mon ADN manifestement, c’était de mettre en relation des gens, donc c’est mettre un client avec son fournisseur. C’est mettre en lien des personnes qui cherchent à « dater », ce qui a été mon début à la télévision. C’est tout le temps transmettre une idée, transmettre un message. J’ai écrit là-dessus, littéralement. Donc admettons qu’on veut vraiment juste mettre un mot je te dirais c’est un communicateur, c’est ce qui me décrit le mieux.

Aimy :

OK, donc tu es un communicateur qui porte plusieurs chapeaux. Si je te demandais de quoi est remplis ton quotidien professionnel, si j’avais un drone là par-dessus ta tête dans une semaine de travail, c’est quoi les tâches que je pourrais te voir faire?

Marc :

Mes journées se ressemblent beaucoup, puis je les trouve extraordinaires parce qu’ici je suis dans mon nouveau condo, où je ne pensais jamais être logé de même de ma vie. Donc moi cette année, je suis obligé de te dire que c’est une bonne année alors que je suis parfaitement au courant qu’il y en a pour qui c’est une année désastreuse. On se comprend. Ça fait que ça fait en sorte que bien… voilà! Donc je peux te décrire des journées, puis en plus je les aime énormément. J’aime beaucoup mon quotidien, même si c’est un quotidien. Je le répète pour plein de monde pour qui, je suis au courant, c’est difficile, ce n’est pas mon cas. Alors je me lève aux alentours de 7 h le matin, il y a de la construction en face donc je te dirais que mon réveille-matin, ce n’est pas moi qui ai payé pour! Non, mais sérieux tu vois, ça drill là puis c’est super bien insonorisé, mais c’est… 6 h et quelques c’est rare, puis après 7 h 30 c’est très rare, alors 7 h vraiment c’est l’heure! Donc là je tombe, de toute façon je le ferais et je le faisais 7 jours par semaine, 7 jours par semaine, toujours avant : C’est que je lis tous les journaux incluant le New York Times, le Monde, je tombe sur les sites de CNN, etc. Je suis directement « pluggé » depuis très longtemps, je te dirais depuis l’année que j’ai passée à Paris en 2009, sur l’actualité française. Je suis au courant de ça quasiment en temps réel, donc je suis très très très au courant de ça par intérêt, pur intérêt.

Aimy :

Puis c’est quoi l’intérêt?

Marc :

Alors moi je vais t’avouer que c’était un rêve de faire des spectacles à Paris, je me suis auto-produit en 2009. J’y allais pour trois mois et ça a duré un an. J’ai fait 100 spectacles là-bas, c’est un de mes plus beaux souvenirs, puis je pense que c’est l’intellect français que j’aime, c’est-à-dire que je vais te donner juste une image qui va tout illustrer : Presque tous les politiciens d’envergure à travers l’histoire, mais on peut retomber vraiment au 18e siècle là, les politiciens français ont tous été aussi des écrivains. C’est récemment que ce n’est plus le cas. Donc je ne te parle pas juste des présidents, beaucoup ont été des écrivains. Ici, François Legault, une fois par semaine avait tendance à nous dire qu’est-ce qu’il lit, pas qu’est-ce qu’il a écrit! Puis on réussit à lui tomber dessus. Donc ça illustre exactement que je trouve qu’on n’est pas du tout du même niveau, du tout, et puis ce n’est pas qu’ici il n’y a pas les compétences, mais il n’y a pas la culture qui vient avec, il n’y a pas la culture… tu sais, à l’oral, à la rigueur. Bien d’ailleurs, je te dirais même qu’une des raisons pour laquelle les humoristes québécois marchent beaucoup en France et l’inverse n’est pas vrai, c’est qu’ici on associe l’accent français à un accent d’élite, puis quelqu’un de l’élite ce n’est pas drôle. Alors que là-bas ils nous voient comme des gros provinciaux à cause qu’on a un gros accent qui les fait rire en soi. Ça fait qu’il y a quelque chose dans tout ça qui fait que moi je les écoute à la télé religieusement, ne serait-ce que par la façon qu’ils s’expriment, je suis un communicateur tu sais, ce n’est pas une surprise.

Aimy :

Donc il y a quelque chose de… il y a quelque chose de nourrissant pour toi là-dedans.

Marc :

Énorme, énorme. Donc pourquoi je fais ça au-delà de l’intérêt, bien c’est parce que j’ai une chronique moi à 15 h tous les jours au FM 93. Donc c’est le 98,5 de Québec si tu veux, c’est Cogeco, où je parle de ce que je veux. J’ai ce privilège-là, je suis à peu près le seul chroniqueur qui n’a aucun sujet attitré, donc je pige dans cette recherche-là que je fais, j’envoie une grande liste de sujets à l’animateur Sylvain Bouchard. Je lui envoie ça, puis il choisit deux sujets habituellement sur lesquels on va rebondir pendant une trentaine de minutes, puis les autres bien il les prend s’il le veut; ça alimente l’émission, ils ont quatre heures à faire et tout.

Aimy :

Donc tu te réveilles, tu écoutes tout ça, tu te nourris de ça parce que c’est un intérêt personnel, mais tu t’en inspires pour la chronique qui s’en vient plus tard dans la journée.

Marc :

C’est-à-dire que oui, carrément. C’est-à-dire que mon sujet va être quelque chose qui va démarrer de, soi une expérience personnelle de la veille, tu sais c’est le quotidien, vu que j’ai carte blanche, ou littéralement un truc que je vais faire : « Hey vois-tu je viens de lire un article sur ça. ». C’est purement de la lecture ceci étant dit, je ne suis pas dans les vidéos à ce moment-là. Le reste de la journée, ça oscille entre une marche, une « ride » de vélo, faire un podcast, parce que j’en ai plusieurs. Ceux qui veulent aller voir mon site marcboilard.com, tout est résumé parce que je me suis lancé pour en parler énormément de toute l’activité Web podcast depuis un an maintenant, ça fait qu’il y a comme un heureux mélange de tout ça, ce qui fait que ma journée arrive rapidement à 15 h. Une fois par mois, j’ai aussi un client depuis 15 ans à Québec qui s’appelle Groupe Saillant qui ont cinq concessions automobiles où je leur livre une publicité de 30 secondes par mois qu’on renouvelle à chaque mois. Donc la dernière semaine du mois est occupée beaucoup à faire ça parce que là ce n’est pas moi qui les fais tous. Moi je suis la voix d’une de ces cinq concessions-là, donc j’ai des voix, je les supervise, je conçois tout, j’écris tout. Je rebondis avec le réalisateur. Alors ça, cette semaine-là si tu veux est occupée aussi pas mal par ça, puis pour le reste bien je « pitch » aussi pour toutes sorties de contrats. Tu vois hier à 9 h j’avais un zoom pour un éventuel mandat pour faire de la conception de projets télé, etc. On dirait que j’arrive à une situation où est-ce que j’ai fait beaucoup de choses, énormément, qui ont nui et aidé, c’est-à-dire comme à un moment donné j’ai un « brand » qui n’est pas clair, c’est-à-dire que pour certains je suis un avocat, pour d’autres je suis un humoriste, c’est incroyable! Mais on dirait qu’avec le temps, puis c’est sûr que ça prend du temps, il y a une espèce de synergie où je suis en train de meubler presque tous mes chapeaux. Je trouve ça extraordinaire, je ne te le cacherai pas. Donc un quotidien-là, c’est pas mal le résumé que je peux te faire, ça ressemble beaucoup beaucoup à ça.

Aimy :

OK. J’entends dans ce que tu me décris beaucoup de tâches qui sont des tâches de préparation. Je m’inspire pour ma chronique, j’enregistre un podcast parce que j’entretiens ma présence Web. Si je te demandais de manière très crue là, mais si je te demandais de quoi est-ce que tu vis, comment tu le payes ton condo? Qu’est-ce que tu me dirais qui sont tes sources de revenus?

Marc :

La radio depuis des années est une source principale de revenus. Mon client Saillant est une source régulière mois après mois depuis quinze ans, source de revenus. Se rajoutent à ça plein de revenus d’appoints : une conférence… qui sont, qui sont, je vais te dire le point en commun de toutes mes activités, c’est que je suis le spécialiste de la mission qui ne prend pas de temps. Moi une journée de huit heures sur un mandat je n’ai jamais connu ça de ma vie, sauf quand j’étais étudiant. Je travaillais dans un Sports Expert. Donc ça date du cégep. Faire de la radio ce n’est pas long, concevoir une pub ce n’est pas long, faire une conférence ce n’est pas long, mais ça demande… en un mot je te dirais je travaille 30 heures par semaine, sept jours sur sept. Et de ça, il y a une espèce de taux horaire hyper élevé, dans le sens que si tu calcules combien je gagne pour faire une chronique, oui tu peux prendre la préparation du matin, mais qui m’aide pour l’ensemble de l’œuvre! Je suis un communicateur! Ma tête est tout le temps en train de se nourrir de ces manières-là, eux autres ils payent pour que je réserve du temps dans la journée pour leur cracher un truc qui dure une trentaine de minutes. Évidemment c’est en équipe donc c’est en discussion, ce n’est pas un « one man show »! Et puis voilà. Donc c’est la radio principalement, puis c’est la publicité radio qui sont deux sources de revenus régulières. Écoute si tu recules, avant ma job, c’était mon site de rencontres. Pendant quinze ans moi j’ai eu un site, monclasseur.com qui pendant plusieurs années a été une vraie job. On s’est fait démolir par les applications, c’est la vie. Dieu merci je m’étais diversifié, mais il y a eu ça et après on peut reculer! Avant j’étais gérant d’artistes, mais j’ai toujours toujours toujours été dans… mon « input » si tu veux a toujours été quelque chose qui ne se calcule pas en termes d’heures. Ça se calcule en termes de créativité, puis en termes d’expertise. Ça ne se calcule pas à l’heure. Donc…

Aimy :

Donc c’est comme si toi tu apportes sur la table quelque chose que le voisin n’aurait pas nécessairement pu apporter. Tu apportes cette « plus value » là puis c’est par rapport à ça que tu es payé.

Marc :

Voilà, littéralement, c’est-à-dire que moi je considère qu’il n’y a à peu près aucun environnement de travail pour lequel je ne peux pas arriver à la table puis avoir un « input » genre. Est-ce un « input » révolutionnaire? Non, des fois oui. “Mon Classeur” avouons-le, c’était une idée, on va mettre de l’humour dans du « dating », ça ne s’était jamais fait, bon… mais règle générale c’est un « input » là, point. Il reste que quand tu es un communicateur, c’est ça qui est ta principale caractéristique, c’est que tu interviens parce que tu maîtrises bien la communication. Vois-tu, là je te donne un exemple. Ah oui ça je l’ai oublié dans mes sources de revenus là, mais bon ce n’est pas « heavy », je suis sur le conseil d’administration des condos où j’habite et j’ai lancé à mon initiative un programme de vérification pour prévenir les dégâts d’eau, parce que c’est notre principale dépense de problèmes d’année en année, c’est tout le temps : « Bon ça y est, le 1802 ça vient de péter », etc. Le building a dix ans OK il n’a pas cent ans, mais quand même après 10 ans ça commence, il y a un petit tuyau, tu comprends. Et j’ai initié donc un truc où est-ce que volontairement, puis ça il y avait une réflexion aussi en arrière de ça, les gens se sont fait proposer d’engager un expert qu’on a trouvé, qu’on paye à moitié, blabla… écoute les inscriptions, c’est fou furieux! Bien la réalité, c’est de dire « Ah j’ai pensé à un programme de prévention », entre toi et moi il n’y a pas, il n’y a rien rien de fantastique là-dedans, mais la communication de ça, le email, qu’est-ce qu’on dit, on insère quoi, est-ce que c’est volontaire ou obligé? Là il y a une expertise qui s’applique, c’est de la comm! Ça s’applique à n’importe quoi. Ça fait que tu vois là-dessus je suis en train de faire un grand coup ; toutes mes collègues sont super contents, puis bien entendu on pourrait dire « Ah quelle bonne idée ». Non non non! L’idée est ordinaire, mais sa communication fait une énorme différence.

Aimy :

Donc tout est dans comment c’est apporté. Ce qu’on apporte c’est autre chose.

Marc :

Moi ce que je prétends c’est qu’une idée n’est jamais plus forte que la communication de l’idée en question. C’est que ça mon point. Puis ça va au-delà de l’idée! Ça va de ta propre personne. On prétend que 80% des problèmes au travail sont de nature relationnelle. Moi quand je commence une conférence, je dis tout le temps : « Bonjour, juste par curiosité j’ai deux questions. La première, qu’est-ce qui vous stressait le plus dimanche avant de commencer votre semaine de travail le lundi? » Alors je laisse les gens penser et ma deuxième question c’est : « C’est quoi son nom? ». Parce que ce qui nous gosse, c’est quelqu’un! Ce n’est pas : « Ah ils ont changé notre programme. ». Non! C’est la personne qui va te superviser et qui va te gosser en disant blablabla… c’est des gens! Ça fait que ça, c’est de la comm! Donc si tu es capable d’établir des relations intéressantes, harmonieuse, ça fait têteux, mais c’est vraiment le mot. C’est drôle hein, mais les tâches tout à coup vont mieux, regarde donc ça!

Aimy :

Donc un focus important! Hmmm, si on essaie de faire un peu un retour en arrière. Si je reculais à toi en tant qu’étudiant au secondaire.

Marc :

Oui!

Aimy :

Qu’est-ce que j’aurais vu? Il avait l’air de quoi Marc à ce moment-là?

Marc :

Il est exactement aujourd’hui, c’est-à-dire celui qui parle tout le temps dans la classe, celui qui était élu président, qui se met de connivence avec tous les profs, qui donne des surnoms à tout le monde. Il n’y a rien qui a changé. Rien n’a changé, c’est exactement pareil. Qui initiait les spectacles de fin d’année, qui était ordinaire en classe, qui était très bon en français, pourri en maths, zéro en chimie, puis qui adorait son milieu et qui l’influençait ; c’est-à-dire que moi je n’ai jamais été en arrière de la classe, tu comprends, j’étais avec tout le monde partout et j’étais aussi, ce qui me caractérise beaucoup, j’étais le « outsider » de toutes les gangs. Je n’étais dans aucune gang, mais j’étais bienvenu tout le temps, mais personne ne m’appelait pour me dire : « Il y a de quoi vendredi, viens-tu? ». Tout à coup j’en entendais parler, j’y allais, puis je connaissais tout le monde. Ça m’a toujours énormément caractérisé ça, c’est cette espèce de butinage-là, où est-ce que je suis ami avec l’univers puis j’ai de vrais vrais amis bien entendu, mais c’est comme… je pense que de tout temps j’ai su connecter avec tout le monde facilement.

Aimy :

Alors ce côté un peu, ce côté un peu papillon que tu me décris dans ce temps-là de : « Bien je suis dans toutes les gangs et je ne suis dans aucune gang en même temps », puis aujourd’hui quand tu me dis : « J’ai plein de chapeaux et je n’ai pas vraiment de chapeaux en même temps », c’est un « pattern » qu’on revoit encore aujourd’hui.

Marc :

Complètement, qui a ses qualités puis ses défauts, hein! C’est une pure description. Évidemment comme je le répète j’ai toujours eu un problème de « branding », c’est-à-dire que, puis c’est totalement normal parce que pour avoir étudié ça puis écrit littéralement un livre là-dessus, on essaie toujours de mettre les gens dans des boîtes quand on les rencontre. Quand on les connait, perso ou professionnel, c’est la même mécanique, puis on ne veut pas les sortir de la boîte. Moi les gens qui m’ont rencontré, comme n’importe qui, ont une boîte “Marc Boilard”, puis ils ont beau voir d‘autres affaires, à la rigueur c’est réglé puis je l’accepte. En un mot, j’ai souvent résumé ma démarche : « J’ai choisi de ne pas choisir. » Donc je paye le prix! Pour moi, c’est une démarche qui me convient vraiment bien, mais je ne peux pas dire à l’univers « Ah vous devriez faire ça, c’est un excellent choix de carrière! ». Non! Il faut que ça te convienne.

Aimy :

C’est comme ton fonctionnement interne à toi, c’est comme ça que tu fonctionnes.

Marc :

Oui, oui. Puis c’est frustrant des fois parce que tu te dis : « Me semble que c’est flagrant que j’ai de quoi à vous apporter », mais c’est flagrant pour moi, mais ce n’est pas flagrant compte tenu de la façon que tu sais que les gens te collent une étiquette, puis que c’est très difficile qu’on t’en mette une deuxième alors qu’on est tous polyvalents! Je veux dire, moi ma mère elle était très très bonne pour élever des enfants, mais elle était très bonne cuisinière. Ultimement elle a au moins deux étiquettes, puis en plus elle était excellente pour écouter. Tu sais, tu comprends, je ne suis pas exceptionnel, c’est juste que moi j’ai refusé de dire « Aha! Vous voulez me mettre dans une boîte, je vais y aller! ». Non, non. Pourquoi j’irais dans cette boîte-là? Je vais aller dans une autre.

Aimy :

C’était un choix conscient.

Marc :

C’est ça.

Aimy :

OK donc au secondaire, un peu le même portrait qu’aujourd’hui, on butine, plein de monde, des activités, une personne qui va engendrer certains changements, qui va être propulseur de certaines choses. Tu es sorti du secondaire, tu es allé au Cégep. Qu’est-ce que tu as fait?

Marc :

Je suis allé en communication au cégep Limoilou. Je me plais à dire que j’ai eu un DEC en cafétéria, parce que c’est là que j’ai passé mon DEC. Puis c’était vraiment un programme hautement insignifiant, je n’ai aucune estime pour les études que j’ai fait, c’est une perte de temps totale. Il y a des gens qui étaient vraiment, tu sais, qui faisaient des vraies études collégiales de deux ou trois ans là.

Aimy :

Alors toi tu as comme « flyé », tu as comme flyé à travers ton Cégep, tu t’es ramassé à l’université. Qu’est-ce que tu as fait à ce moment-là?

Marc :

Alors là c’est tout l’inverse. Ça a été une période extraordinaire, riche à mort, qui m’a défini, c’est-à-dire que j’ai complété un BAC. J’ai tout fait. Je suis membre du Barreau, je suis un avocat là. Tu sais des fois c’est comme « Ah tu as une formation. »… Non non. Je suis membre du Barreau depuis toujours. Ça fait que ça, il y a un côté très, le Boilard cartésien, le gars qui décortique tu sais, qui prend des phénomènes, qui les explique, philosophe depuis que j’écoute les Français justement. J’ai appris à rencontrer plein de philosophes qui m’ont énormément influencé, ce qui fait que maintenant mon intérêt se résume toujours à un mot c’est « Pourquoi? ». Moi je suis très peu polarisant. Je l’ai été dans le temps! Je faisais par exprès, c’était mon rôle, mais maintenant c’est complètement l’inverse! Les gens se demandent tout le temps : « Comment tu fais pour parler de tel sujet en ondes, puis que quand c’est lui, tout le monde lui tombe dessus, puis quand c’est toi… » Parce que ma position c’est de la généalogie. C’est : « Pourquoi ? ». Donc ça ce côté-là en droit, ça a été… c’est quelque chose qui m’a formé, mais l’intérêt était déjà là manifestement, mais ce n’est pas étranger. Ce n’est pas un accident de parcours, même si je le savais que je ne voulais pas pratiquer.

Aimy :

Mais qu’est-ce qui fait alors que c’est le droit que tu as choisi?

Marc :

Alors la démarche c’est que je voulais aller… j’avais appliqué à Concordia en communication, puis je ne parlais pas assez anglais. Pendant l’entrevue j’ai, tu sais c’était ridicule. Puis, j’ai eu la réflexion suivante. Ça aussi c’est très très personnel. Je me suis dit : « Moi je vais vivre… », je me suis dit la chose suivante : « On peut vivre de trois façons. On peut vivre de notre force de travail en ouvrier, on peut vivre de notre expertise, puis on peut vivre de notre talent. » Je n’en ai pas trouvé une quatrième. Donc c’est A ou B ou C, ou un heureux mélange. Moi je valorisais le talent, parce que je me disais : « Manuellement, ça ne m’intéresse pas. » et l’expertise bien à la rigueur, si tu vas la chercher tu l’as! Le talent il y avait quelque chose pour moi qui était comme plus noble, c’est-à-dire le talent tu ne l’as pas nécessairement. Si t’en as un et que tu le développes c’est… j’ai toujours eu cette espèce de truc-là en « background ». Donc je me suis dit : « Je sais que je veux vivre de mon talent, je sais que je veux vivre du « showbiz ». », tout ça m’intéressait. Je faisais des sketchs à l’école, etc. Ça me donne quoi d’étudier là-dedans? Rien parce que ce n’est pas un prérequis. Alors je vais faire une formation qui flash. Je te jure hein, c’est purement égo. Je vais faire une formation qui flash socialement et puis je trouve que j’ai eu raison, c’est-à-dire que à chaque fois que tu « drop » que tu es avocat, c’est toujours comme : « Ah, monsieur est avocat! ». Bien oui! Ça veut dire quoi? Pas grand-chose, mais ça flash, c’est comme une belle carte d’affaires. Donc c’est exactement pour cette raison-là que j’ai fait ça. C’est… la réflexion est tellement depuis le Jour 1, c’est-à-dire que moi je n’ai pas d’intérêt dans cette profession-là, je n’en ai toujours pas. J’ai de l’estime! Je n’ai pas d’intérêt, mais ça se marie extrêmement bien avec le reste.

Aimy :

Donc tu as été chercher ce titre-là pour créer cet amalgame avec le reste des choses que tu avais envie de mettre de l’avant en disant : « Bien, j’ai toujours au moins cette carte d’entrée-là qui va être là. ».

Marc :

Non, ça c’est ce que tout le monde pense, le fameux, genre…

Aimy :

Non non non, carte d’entrée dans le sens de : peut-être que ça va être plus, comme une légitimation? Peut-être que ça va être plus facile de m’écouter si au moins on sait que j’ai un titre?

Marc :

Non! Ça ne faisait pas partie… c’est vrai, mais ce n’était pas ça ma réflexion, c’était uniquement de l’égo. Je vais même te le dire encore plus à mon désavantage, parce que tu me rappelles des affaires, tu sais ce n’est pas, je ne pense pas à ça à tous les jours, mais là tu me ramènes dans du « thinking ». Vraiment la pensée qui m’habitait, écoute bien ça là, c’était, je me disais : « Moi je vais vivre de mon talent », mais un ingénieur pourrait dire : « Ouais, mais moi je suis ingénieur. » Ce à quoi je vais répondre : « Moi je suis avocat ». Pour faire une histoire courte, si toi aussi tu es avocat, moi je peux faire ta job, mais toi tu ne peux pas faire la mienne. Vois-tu comment c’était mon égo? C’est hallucinant. J’ai fait quatre ans d’études juste pour dire : « Vous voulez… moi je suis avocat ». C’est hallucinant! Je ne te dis même pas que c’est payant ou autre, mais je t’avoue candidement que c’était ça la mentalité. Le pire, c’est que peu importe si c’est une motivation un peu « weird », ça a été extrêmement bon en bout de ligne, dans le sens que j’ai aimé ça moi aller à l’université, j’ai adoré ça! Alors chacun ses trucs qui sont, qui sont… haha! Mais je te dévoile ça sans gêne parce que…

Aimy :

Bien c’est super intéressant hein! Parce que des fois on a l’impression, là je me permets mon petit chapeau de conseillère en orientation deux secondes, mais des fois on a l’impression que tout le monde fait ses choix pour la même raison, mais vraiment pas hein! Tout le monde choisit pour une raison qui lui est propre et il n’y a pas de mauvaise raison de choisir. Tu en es la preuve! Tu es en train de me dire : « J’ai fait ce choix basé sur mon égo puis « check » comment ça a payé ! ». Bien voilà.

Marc :

C’est tout!

Aimy :

Excellent, OK! Donc tu as fait ta formation en droit. Tu es devenu membre du barreau. Tu es avocat. Puis là qu’est-ce que tu fais?

Marc :

Ah alors, pendant que je suis à l’université je monte la Fédération Universitaire d’Humour, parce qu’il y a toujours un artiste en moi puis il y a toujours un entrepreneur. Tu sais, “Mon Classeur”, concept puis on lance une business. Ça a tout le temps… c’est encore ça plus que jamais avec les podcasts. Je me suis retrouvé, même. On pourra en reparler. Ça fait que je suis à l’université puis je lance un… dans ma tête en un mot, c’est que je ne veux pas juste faire un show, je veux une organisation qui va voir passer les humoristes. Bien regarde, Juste pour Rire. Juste pour Rire existe puis les humoristes sont là, aujourd’hui c’est eux autres, demain ce seront d’autres. Même affaire! Et je rencontre François Morency et Jean-Michel Anctil, qui sont des étudiants comme moi, puis on…

Aimy :

Mais attend! Comment on fait pour rencontrer François Morency et Jean-Michel Anctil? C’est… comment tu organises ça ces rencontres-là? D’où ça vient?

Marc :

Parce qu’ils étaient… non, bonne question, tu vois quand c’est ton histoire tu sautes des bouts! Je les voyais à la télé communautaire, ils étaient chaque vendredi à la ligue universitaire d’improvisation, puis ils étaient les plus drôles de tous. Moi quand j’ai pensé à monter mon show, je me suis dit : « Je vais monter ça avec des étudiants. », d’ailleurs c’est pour ça que le service là-bas socio-culturel me permettait de financer puis de… je n’étais pas payé, mais j’avais tout le théâtre et tout, il fallait que ça ait rapport avec les étudiants. Ça fait qu’un vendredi soir, après l’émission, je suis allé les voir. J’ai dit : « Les gars voulez-vous monter un show? ». Puis après dans le journal étudiant de l’université j’ai fait des pubs hyper drôles ; c’était mon début de gars de pub. Ça a commencé littéralement là où je recrutais des étudiants pour monter des numéros puis on était une gang puis on allait chez ma mère une fois par semaine dans le sous-sol, puis on s’est monté des shows! Ça a commencé de même. Quand ça ça a été fini, donc quand l’université a fini, j’ai fait mon Barreau et là j’ai envoyé une lettre à Gilbert Rozon, que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Ève. J’ai expliqué mon parcours, j’ai joué un peu les points en commun ; je savais qu’il était avocat donc j’ai dit : « Ah, je finis mon Barreau. », puis j’ai eu un meeting avec lui. Il m’a engagé. Il m’a dit littéralement : « Je n’ai pas de job pour toi, mais manifestement tu es fait pour être dans cette business-là. ». Et j’ai travaillé, écoute bien ça, trois semaines avant on m’appelait Maître Boilard, j’avais été assermenté, puis trois semaines après je déménageais à Montréal et je vendais des billets. J’étais à la billetterie. Je vais te dire de quoi, l’égo-là, il venait d’en prendre un solide, mais c’est ça que je voulais et j’étais très déchaîné. Et je suis rentré donc à Juste pour Rire, j’ai connu Anthony Kavanagh et je suis parti à mon compte avec lui, puis j’ai créé…

Aimy :

OK je reviens à la même question que tout à l’heure. Comment on connait Anthony Kavanagh?

Marc :

Parce qu’une des jobs que j’avais à Juste pour Rire c’était coordonnateur des Lundis Juste pour Rire. Donc partout au Québec il y avait des Lundis Juste pour Rire, à Québec c’était au Dagobert, à Montréal c’était à l’ancien Café Campus qui était sur… dans NDG. C’était moi qui étais le responsable de ça. Donc la relève de cette époque-là était toute là. Tous les Mario Jean, les Daniel Thibault, les « name it ». Tous là, Maxime Martin, tous.

Aimy :

Donc tu vois ce monde-là passer, puis là toi tu dis : « Allo, moi c’est Marc. »

Marc :

Non. Moi ce que je fais c’est que je m’occupe de mes affaires, je me « mingle », rappelle-toi j’étais le gars de toutes les gangs donc oui je suis un gars qui était entre guillemets du côté business, parce que souvent les artistes sont ensemble puis les gens de business… mais moi manifestement mes amis sont devenus des humoristes, ils ne sont pas devenus des producteurs! Ils sont devenus des humoristes. C’est Anthony lui-même qui m’a dit à un moment donné, il dit : « Hey tu es drôle toi! À chaque fois qu’on se voit… ça te tenterait de m’aider à écrire? ». C’est comme ça que ça a commencé. Puis là on a écrit des jokes, des jokes, puis un jour il a dit : « Moi je n’ai plus de gérant. ». Puis j’ai fait : « C’est quoi ça un gérant? ». Personne ne sait c’est quoi un gérant. Puis en voyant des gérants à Juste pour Rire, j’ai fait : « Bien oui! ». Puis on est partis de même! Pouf! Puis il s’est avéré que j’étais honnêtement très bon là-dedans. Après je peux te faire la liste de mes flops, mais j’étais très bon là-dedans! J’avais un naturel… justement, communicateur, créateur. J’étais même « over skilled » pour être un gérant d’artistes si tu veux mon avis. Alors ça a fait qu’après Anthony, François et Jean-Michel qui étaient devenus des amis depuis l’université, eux autres ont fait l’école de l’humour, ils ont fait la tournée Juste pour rire, les quatre meilleurs étaient invités à faire une tournée! Puis là la tournée finit, puis là… « What’s up? ». Puis moi j’avais un bel air d’aller depuis à peu près six mois un an avec Anthony, ça commençait à se savoir, tu sais. Puis là bien un jour je suis avec Anthony à Los Angeles pour un contrat de télé aux États-Unis, puis je vois Johny Carson. C’était Johny Carson dans le temps. Puis j’ai eu comme un genre de flash, j’ai fait : « Morency! Morency il est capable d’avoir un « talkshow » de même! ». C’est fou hein? J’ai appelé François on s’est rencontrés au Vogue sur la Grande-Allée à Québec. Puis je lui ai dit : « François, si ça te tente là on peut commencer à travailler ensemble, regarde! J’ai ce qu’il faut là pour être ton gérant. » Il a fait : « Hey c’est incroyable, je me demandais ce qui allait arriver. » PAF! Le lendemain j’appelle Jean-Michel ; lui il venait d’entrer à la radio. J’ai dit : « Jean-Michel, juste pour te dire : Pas de pression, mais je viens de signer avec François. Si ça te tente… ». Il dit : « Ah, génial! Juste pour Rire me court après. Je ne les « feel » pas, ça ne me tente pas. » PAF! J’étais rendu avec trois clients… regarde ce qui est arrivé! Puis là j’ai eu un associé, puis on en a eu d’autres, etc. Puis je suis tombé à une époque pendant 12 ans où j’ai été d’abord un gérant d’artistes.

Aimy :

Puis qu’est-ce que ça fait un gérant d’artistes?

Marc :

Alors pour prendre une image, c’est que c’est comme le directeur de l’usine. Donc dans l’usine tu as le chef machiniste, le go marketing, celui qui s’occupe des pâtes et papier, mais tu as un directeur général. Quand tu es un humoriste, tu écris tes textes habituellement. Si tu écris tes textes tu as donc le potentiel de faire ton propre « one man show » et ça c’est très différent des comédiens. Donc les comédiens n’ont pas besoin d’un gérant, ils ont besoin d’un agent, donc un « booker ». Quelqu’un qui est au confluent des offres de casting, puis qui essaie de placer ses clients, ce que tu fais aussi en partie quand tu es gérant, mais l’humoriste a des capacités et des potentialités de plus. Donc un gérant ce que ça fait, c’est que ça développe l’artiste, ça monnaye si tu veux son talent, mais ça dirige les équipes. Le jour où tu rentres en production, c’est toi qui s’occupes de tout le staff chez le producteur. C’est toi qui es en contact avec le « booker » qui s’occupe lui de booker des trucs. C’est toi qui parles avec la relationniste. Il y a tout un univers autour d’un humoriste. Évidemment pas un petit nouveau, donc quand tu ramasses un petit nouveau puis que tu es établi, bien tu le fais rentrer dans ton circuit. Tout à coup tu appelles ton chum qui est directeur des programmes à la radio CKOI pour lui dire : « Hey, attends un peu je t’envoie une cassette, il faut que tu voies, je viens de t’en signer un. » … « Ah, Marc à date il m’a tout le temps présenté… ». Tu vois? Donc avec le temps il se passe un genre de, bien comme tout le monde, tu développes ton réseau. Alors tu réseautes, mais je te dirais qu’il y a un grand grand bout, ce qui te démarques particulièrement c’est le côté « conseils ». Un vrai bon gérant il fait en sorte que ton artiste ne sera pas nécessairement meilleur que les autres, mais il va éviter des erreurs.

Aimy :

Comme quoi?

Marc :

Il ne prendra pas des décisions qui vont le brûler. Il ne va pas dire non à quelque chose qu’il devrait dire oui. Moi des fois je me pognais avec mes clients. Ils disaient : « Voyons, tu travailles de quel côté? ». Je disais : « Je travaille pour que ça marche. Donc ça, tu devrais le faire. » Puis je ne lâchais pas le… j’étais tannant tu sais. Donc ça fait ça!

Aimy :

OK! Super intéressant! OK, tu es gérant d’artistes pendant 12 ans. Qu’est-ce qui arrête ça?

Marc :

L’offre de François Massicotte, qui me dit… Câline, parce que je te dis que les humoristes étaient mes amis, alors je le voyais super souvent. François Massicotte me dit : « Marc, j’ai un projet avec Guy Latraverse. ». Tu sais Guy Latraverse qui était un producteur de renom, puis il dit : « C’est une émission, ça va s’appeler “Les Vrais Gars”. Je te verrais là-dessus. ». Hein wow, moi j’ai toujours rêvé, rappelle-toi au primaire je fais des sketchs moi, je ne suis pas supposé être un gérant! Ça il faut bien le comprendre. Je suis supposé avec mon BACC et mon titre d’avocat, mais je ne suis pas supposé être gérant. Pourquoi? Parce que toute ma vie quand c’était difficile je me sauvais, puis j’allais ailleurs, puis ailleurs ça marchait. Je pense qu’il y a bien du monde qui, jeunes, font ça puis la vie leur dit : « Non non, ça ne marche pas plus. ». Mais moi, où j’allais ça a marché. Donc je me suis rendu en quelque part où j’étais bon, mais ce n’était pas moi. Donc quand il m’a offert ça, j’ai fait : « Tabarouette, c’est de la TV que je veux faire. Je ne veux pas être gérant d’artistes! ». Même si j’étais bon. Ça fait que finalement on fait des pilotes et tout, puis je nais en télé comme ça, littéralement. C’est Massicotte qui m’a invité à, si tu veux, passer de derrière à devant la caméra.

Aimy :

OK. Ça fait que tu as commencé ce show-là à ce moment-là.

Marc :

Oui. Ça s’appelait “Je regarde moi non plus”, c’est-à-dire que l’ironie c’est que le projet n’allait nulle part puis un jour, quand on l’a « pitché » à TVA, la directrice des programmes Sophie Pellerin, a dit : « On ne prend pas le projet, mais c’est qui ce gars-là, Marc Boilard? ». Puis je suis allé déjeuner avec elle. Elle m’a dit : « J’ai un autre projet, en un mot le projet qu’on a pris à la place du vôtre, qui s’appelle “Je regarde moi non plus” », une émission de sexe, dix heures le soir les vendredis avec Varda, avec Marc-André, en tout cas… Marc-André Chabot, le staff a bougé un peu. Je suis arrivé là puis écoute, je suis arrivé avec toutes mes affaires tu sais de dossiers prioritaires et tout, j’ai explosé du jour au lendemain. C’était une émission qui marchait au bout! Et là pendant que cette saison-là a lieu, Massicotte me rappelle en disant : « Hey on l’a vendue. Ça ne s’appelle plus “Les Vrais Gars”, ça va s’appeler “Testostérone”, c’est à TQS. Ça te tente de revenir avec nous? ». J’ai fait : « Ouais je feel que ça va plus frapper ». Ça fait que j’ai annoncé l’an un de “Je regarde moi non plus” que je transférais sur le nouveau projet et qui m’a remplacé? Éric Salvail. Éric Salvail était l’animateur de foule de “Je regarde moi non plus”, je le connaissais. Puis quand je suis parti, c’est lui qui a pris ma place. Éric Salvail. Alors voilà.

Aimy :

Donc là tu t’es ramassé à “Testostérone”. Tu as fait ça combien de temps?

Marc :

Ça a été une émission de deux ans dans laquelle j’ai été encore gérant d’artistes avec François. Les autres clients sont partis. Anthony est parti, Jean-Michel est parti, parce qu’il y avait des insatisfactions personnelles de leur part. Ils ne pouvaient pas me reprocher de ne pas être bons ; Ils ne l’ont jamais fait, mais avec Anthony on était très très proches. Sa mère est décédée, il m’en a voulu de la façon que je me suis comporté. Il dit qu’il se serait attendu à mieux ou plus, je n’ai jamais eu la conversation, il a vraiment… J’ai essayé plein de fois de revenir et il n’a jamais voulu, alors c’est la lecture que je t’en fais. Puis avec Jean-Michel, malaise, causé un peu parce qu’il y avait une espèce de compétition entre lui et Morency, c’était un peu « weird » puis il a fait comme… Bref, tout ça en très bons termes. Anthony pas en mauvais termes, mais comme je te dis il ne me parle plus, mais tous les autres, il n’y a pas un humoriste avec qui je ne m’entends pas bien ou peu importe. Alors pendant deux ans j’ai été à “Testostérone” et gérant de François, puis lui il venait d’arriver avec son propre talkshow, donc j’avais vu juste, à TVA qui s’appelait “Merci bonsoir”. À un moment donné j’ai fait : « Écoute François, je pense que là ça ne marchera pas et tout. ». Un jour il m’appelle et il me dit : « Je suis allé magasiner, puis je vais signer avec “Encore”. ». Puis c’était moi-même qui avait initié qu’il y avait quelque chose qui était étrange. Je sentais que c’était weird.

Aimy :

Donc tu as quitté ton chapeau de gérant d’artistes à ce moment-là pour te concentrer vraiment sur tes mandats à la télé.

Marc :

Télé, après ça la radio, après ça le “code Boilard du vrai gars”, après ça “Mon Classeur”. Là ça a été une période où j’ai été le gars de télé du dating qui avait un seul chapeau, un seul sujet, et puis tout ça… hop! Ça a bougé jusqu’à temps que la radio parlée embarque, en août 2013. En août 2013, un ami à moi Nicolas Rousseau, propriétaire du restaurant Conti Caffè à l’époque. Il a vendu ses parts depuis. Il avait deux amis lui dans la vie qu’il connaissait, mais qui eux ne se connaissaient pas, c’était Sylvain Bouchard animateur du matin au FM 93, puis Marc Boilard qui faisait de la radio. J’avais fait de la radio à Québec à Énergie, une autre station. Je n’habitais pas à Québec, je faisais ça… j’ai toujours été à Montréal depuis que j’ai quitté Québec. J’y allais souvent, mais je n’ai pas habité Québec comme tel. Puis je me souviens, c’était au mois d’août ou juillet 2013, on est au bar du resto, on jase puis là Sylvain il dit : « Hey j’aimerais ça t’avoir sur l’émission. » et ça, ça a été mon transfuge je dirais de la variété à la radio parlée. La radio parlée, c’est plus affaires publiques, tu sais. Puis ça me convenait très bien! Donc ça j’ai eu la chance d’être invité à ça. Quelqu’un, quelqu’un m’a sorti de la boîte, boîte dans laquelle moi j’étais déjà, mais pas avec un « label » officiel, si tu veux, tu sais. Et là la radio a pris beaucoup de place puis c’est là que j’ai développé d’autres affaires. C’est là que j’ai développé les livres, le contenu conférences, la consultation, etc. Et là “Mon Classeur” était à travers ça. Donc c’étaient des années « go fast », parce que j’avais un vrai business puis j’avais une présence en ondes, c’était intéressant.

Aimy :

Raconte-moi, c’est quoi “Mon Classeur”?

Marc :

Un site de rencontres, monclasseur.com.

Aimy :

C’était quoi cette idée-là de lancer ça?

Marc :

Bien moi j’étais dans le dating à mort, c’était vraiment mon sujet, puis je rêvais d’avoir en complément de mes activités un site de rencontres, puis je me disais toujours : « Pourquoi les filles disent tout le temps que c’est important le sens de l’humour, puis tous les sites sont plattes? ». Tu sais Réseau Contacts c’est platte. Ça fait que là, étant donné que moi, tout ça était toujours en humour. J’ai fait : « Hen! On va appeler ça MonClasseur.com. Tu vas ouvrir des dossiers. Il va y avoir des dossiers prioritaires, des dossiers secondaires. » J’ai juste entré mon univers de ce que je faisais à la TV, j’ai lancé ça en chronique à “Testostérone”. Ça a pété, puis ça n’a jamais arrêté de monter jusqu’à temps que Tinder arrive, qui a tué toute l’industrie. Pas juste moi. Tout ce qui était sites conventionnels, ciao bye! Mais ça a été ma business, comme quelqu’un qui aurait sa business, si tu veux. On était trois là-dedans…

Aimy :

Tu as fait ça… Vous avez fait ça combien de temps?

Marc :

De 2004 à… je l’ai fermé l’an passé. Non non ce n’est pas vrai, ça a rapporté quand même un petit peu d’argent jusqu’en 2017, en juillet 2017. Après ça s’est mis à « dropper », il était trop tard. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse. Ça n’existe plus d’ailleurs, des sites du genre, puis voilà! C’était terminé, sauf que moi j’étais multi-tasks donc, d’autres affaires comme la radio se sont mises, tu sais, à bouger.

Aimy :

Donc depuis ce projet-là, là c’est beaucoup ce que tu me décrivais au début toutes tes différentes tâches de communicateur.

Marc :

Voilà! Le quotidien dont je t’ai parlé, c’est-à-dire de la radio, de la publicité et puis maintenant, je te dirais… comment je pourrais dire? Appelons ça des engagements d’expertise, de consultation qui sont soit publicitaires soit Web ou littéralement des interventions corpo. C’est ça qui est, mais qui n’est pas mon « bread and butter ». C’est ce que je pousse, mais surtout, mon dada numéro un depuis un an c’est l’univers du podcast puis sa promotion. Les « newsletters », le site, le ci, la patente. Je me suis lancé là-dedans comme un malade.

Aimy :

Et qu’est-ce que ça te rapporte ça?

Marc :

Alors, bien en dollars très peu ; C’est-à-dire que j’ai un club privé, un Patreon, où les gens payent tant par mois. Puis chaque semaine c’est aujourd’hui, le lundi, je leur propose trois sujets de conseils en communication. Ils votent, puis je fais une vidéo, 45 à 60 minutes, qu’ils peuvent écouter en audio, j’ai fait ça en audiobook ou qu’ils peuvent regarder que je fais dans mon salon ici, puis ça ce sont des inscriptions qui montent, etc. J’ai “Angle mort”, mon podcast audio quotidien, 5 jours semaine, j’ai une émission de cuisine que je fais ici qui s’appelle “Chef Boilard Cuit” au lieu de “Chef Boilard Dit” qui est souvent mon « brand ». Ce que ça rapporte en dollars au moment où on se parle, très peu. En expertise ; C’est mon domaine! Moi je suis un gars de médias, je suis un gars de comm. Je suis en train de maîtriser tout l’univers du podcast que tout le monde, tous les gros diffuseurs n’en ont que pour ça, mais ils n’y arrivent pas du tout, mais du tout. Moi je développe une expertise par moi-même et en plus ce qui est le fun, j’ai un exemple. Hier j’avais à 9 heures un « meeting » pour un éventuel mandat de conception télé, ça fait que quand ils me demandent : « Tu en es où toi côté télé », bien il n’y a plus d’affaires de « j’ai une idée » là. Marcboilard.com, c’est tout, c’est terminé. J’ai mon CV en temps réel, j’ai tout envahi les plateformes. Là je pars ma ligne ouverte sur Twitch, je suis partout, je suis partout. Je comprends les affaires, un projet par plateforme. J’ai été un laboratoire. Il faut que tu comprennes que moi dans mon ADN je suis un gars de première vitesse. Je suis un « fire starter ». Ma zone c’est ça. Tout ce qui a eu de la pérennité dans ma vie sauf le contrat de pub, qui en quelque part ironiquement se renouvelle à chaque mois donc tu vois on ne s’en sort pas, c’est quand j’ai été associé à des gens d’opérations. Je ne suis pas quelqu’un d’opérations. Je suis un idéateur, je suis le gars qui lance le truc, je suis le gars qui y a pensé, je suis le gars qui le vend. Je suis un vendeur mortel, donc je suis au début, mais pour que…

Aimy :

Alors je vais te faire une passe, mais là ça prend quelqu’un qui va « goaler » la balle après.

Marc :

Je ne suis pas sûr que ton image fonctionne.

Aimy :

Dans le sens de : OK moi je vais la lancer l’idée, mais si c’est moi qui dois faire le suivi après le…

Marc :

Ah, que l’idée doit continuer sans moi.

Aimy :

Oui oui oui.

Marc :

Absolument! Absolument! C’est-à-dire que si… “Mon Classeur” sans mes associés ça aurait duré six mois. Ça aurait été la même idée, le même lancement, le monde serait venu au début, puis la tout à coup, bof! Tu comprends? Ça a duré quinze ans, ce n’est pas à cause de moi, vraiment. Sauf que sans moi, ça n’aurait juste jamais existé. C’est très Marc Boilard ça. Ça fait que là moi je suis juste dans ma zone, hein! Je suis en début de projet. Là tantôt j’ai envoyé ma « newsletter ». Là je vais envoyer, je suis en train de prendre tous mes emails de Gmail, j’en ai comme 1200, je vais me mettre là-dessus pour… tu sais, c’est tout le « début de », moi! C’est comme à chaque fois je suis là : « Yes! », sauf que, est-ce que j’ai dit que c’était payant? Non! Ça va devenir payant quand quelqu’un va soit dire : « Hey on t’a vu, on a un projet de TV pour toi » ou « On a un associé qui aimerait ça bonifier. » ou je ne sais pas quoi, mais je suis extrêmement actif puis ultra visible, donc ce que ça me paye c’est…

Aimy :

C’est ça, tu es en train d’apprendre à « master » différents « skills », tu es en train de te créer un porte-folio énorme. C’est là-dessus que tu es en train de miser pour l’instant là.

Marc :

Oui c’est-à-dire que pour tout te résumer, au moment où on se parle j’envoie un signal. C’est ça que je fais. J’envoie un signal! J’envoie un signal à toute l’industrie que j’ai pris pendant le confinement une avance de fou sur l’univers du podcast et sa promotion, puis je le dis en toute fausse humilité. Il n’y a actuellement à ma connaissance personne qui a un pied dans les médias réguliers comme moi avec ma chronique tous les jours à Cogeco ; Ce n’est pas Radio Ville-Marie là ; qui est aussi actif sur les podcasts. Je ne te dis pas que je suis le plus écouté! Mike Ward, avec ses écoutes, il me torche mille fois, mais Mike il fait ça, point barre, puis il ne s’occupe pas de la promo ni rien. Moi là j’ai un audio qui est d’affaires publiques, de réflexions persos, etc., j’ai une émission de cuisine qui n’est que rigolote, comprends-tu? C’est comme, j’avais des discussions avec un expert que j’ai fait pendant tout l’automne que j’ai arrêté. Tu dis, attends un peu là, bien oui! Il y a du Marc Boilard qui se sert en fines lanières selon la clientèle à qui je m’adresse, etc. Donc cette pâte à modeler-là, elle envoie un signal. Il va donner quoi? Je ne peux pas te répondre, mais je suis extrêmement stimulé. En plus, j’ai découvert quelque chose qui a toujours été chez moi un défaut qui est rendu une immense qualité. Fouille-moi ce qui s’est passé… c’est l’assiduité. Tous les jours, ce que j’ai à faire, je le fais, même si ça rapporte zéro. Évidemment je vois les chiffres monter! Si je voyais que c’était nul, tu sais, je vois tous les chiffres monter, bien entendu c’est stimulant, mais payant? Non!

Aimy :

En quoi est-ce que l’assiduité peut être un défaut?

Marc :

Non ce n’était pas un défaut, c’est une lacune. Ce n’est vraiment pas un défaut, je te répète que c’étaient des gens assidus avec qui je m’associais, que je valorise énormément. C’est juste que je ne l’étais pas. À un moment donné, je ne suis pas en train de me flageller. On ne peut pas tout avoir.

Aimy :

Dans tout ce que tu es en train de développer, il y a cette caractéristique-là aussi que tu es en train de développer.

Marc :

Oui. Oui, de l’assiduité. C’est comme… Marc Boilard et assiduité ça n’allait pas du tout ensemble, puis là c’est comme… bien oui! Vraiment. Ça fait que je trouve que c’est plein de bénéfices, puis l’ère actuelle m’a permis aussi, je te dirais quand tu es bien logé et que tu travailles de chez vous là, la créativité vient de gagner une coche, puis je m’en doutais. Mon émission de cuisine, où je la faisais avant dans mon 3 et demi là… euh, non! J’étais tout le temps à la même place, je ne sais pas. Perso, moi ça m’affectait.

Aimy :

Tu es comme dans un terreau fertile pour pouvoir aller générer ces trucs que tu as envie de générer. Super intéressant! Super intéressant.

Marc :

Écoute, oui.

Aimy :

OK, je te pose une question plus globale. C’est quoi le plus grand « challenge » que tu rencontres au quotidien?

Marc :

C’est me défaire de mon ancienne image. Quand tu arrives à la télévision, tu es « brandé » plus fort que n’importe quoi d’autre. Même dans le positif! Tu peux être : « Ah mon dieu elle, elle est fine! Elle est fantastique! On l’aime tellement! ». Demande-lui ensuite d’avoir une position d’expert! Non. Je dis ça parce que moi je suis arrivé, j’étais le gars hyper provoquant, macho à mort, la grosse affaire, dans une émission dont c’était le concept. On se comprend? Mais même à ça. De un, il y en a qui ont zéro fait la différence. « Fine », je savais que je créais un remous qui est un peu de l’ordre du méchant lutteur versus le bon, tu sais. Mais il reste que le grand défi c’est tout le temps d’être capable, le grand défi c’est que les gens puissent percevoir ta réelle compétence alors qu’en quelque part, c’est possible qu’ils te connaissaient déjà avec un autre chapeau et je le répète, c’est pareil pour tout le monde! C’est juste qu’en télé, bien ça devient national. Donc ça c’est mon plus grand défi. En dehors de ça je n’ai pas de défi, parce que si je travaille et que je cogne sur le clou, les choses finissent par arriver, mais celui-là a ralenti beaucoup. Il a immensément ralenti des choses qui depuis des années devraient avoir lieu.

Aimy :

Donc cette image-là qui a comme collé. À l’opposé, qu’est-ce qui est le plus vitalisant dans ton travail?

Marc :

C’est la latitude énorme que j’ai. Moi j’ai un taux de liberté qui n’existe à peu près pas, je vais être franc avec toi là, c’est…

Aimy :

Ce grand grand terrain de jeux.

Marc :

Oui, oui, cette année c’est encore plus particulier. Ça ressemble aux années “Mon Classeur”, où est-ce que sérieusement, on était libres comme l’air, puis je veux dire, je travaille! Tu remarqueras, je travaille beaucoup à conserver ça. C’est-à-dire que je suis tout le temps en train de « pitcher ». Même si le portrait va bien, je suis tout le temps en train de dire : « S’il y a un truc qui tombe, il faut qu’il y en ait un autre. ». Pourquoi? Ultimement à la fin de mon entonnoir c’est pour garder la latitude au quotidien que je t’ai décrite tantôt. Des journées comme ça…

Aimy :

C’est ça l’objectif.

Marc :

Oui, pour moi les journées que je vis sont tous les jours exceptionnelles, ce n’est même pas une farce! Mais ça là, il faut, alors je fais tout pour conserver ça : Discipline, proactivité, qualité des relations, essayer d’être droit comme une barre, le fun. Je te jure, je suis conscient là on dirait que je me vois toujours aller en me disant : « Il faut que tu travailles à garder ça parce que c’est extrêmement précieux. ».

Aimy :

Donc si tu rencontrais un jeune ou quelqu’un en réflexion quant à la suite de sa carrière, puis qu’il te disait : « Hey Marc toi tu vis comme mon idéal professionnel » ou « Tu vis quelque chose à quoi j’aspire ». Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil à cette personne-là pour s’en rapprocher?

Marc :

Deux affaires : On pourrait en parler tellement longtemps parce que ma vision n’est pas LA vision, tu sais. Mais la mienne que j’essaie de sortir un peu de moi aussi, la première c’est que l’inquiétude, c’est vraiment une maladie, puis caché sous la prudence il y a la gestion du risque, comme premier critère de décision. Moi j’en suis presque offensé de ça. J’ai vu des potentiels hallucinants faire : « Ouais non finalement je n’irai pas. ». Je vais te donner un exemple très banal. Le monde m’appelle souvent maintenant pour me dire : « Hey, je veux lancer un podcast ». J’adore ça. Go! Puis on fait quoi, puis on fait ci…? Bien on le fait. On ne le prépare pas. On le fait, c’est tout. “Chef Boilard Cuit” mine de rien là, un petit podcast de 15 minutes, c’est quoi dans le fond? Ça a commencé par une réflexion qui est : « Je veux une émission de cuisine. Ça marche les émissions de cuisine, puis je trouve ça le fun, je trouve que c’est convivial, c’est sympathique. Je veux une émission de cuisine, ça fait longtemps, mais qu’est-ce qu’elle va avoir de spécial? ». Un jour là là, j’arrive avec mes sacs de l’épicerie IGA rouges, puis je fais : « C’est aujourd’hui que ça part, je vais déballer mes sacs. Je vais montrer qu’est-ce que j’ai acheté, point barre. ». Sais-tu quoi? Réaction instantanée. Le monde a fait : « C’est drôle, c’est cool. ». Bien j’ai fait : « Voilà, ça va être le podcast. ». Il n’y a pas eu de longue réflexion, il y a eu une question! Ah ça, il y a une question! Il n’y a pas eu de comment, puis l’éclairage, zéro. Une caméra, bing!, bang!, pas de montage. Bien cette démarche-là, moi non seulement elle me convient, mais je trouve qu’elle convient à, à peu près tout le monde qui hésite à faire un truc. Alors évidemment, si c’est comme « Moi je laisse ma job, j’ai quatre enfants. », les défis sont différents d’un à l’autre. Ce n’est pas mon point! Mon point, c’est juste que tout le monde réalise que souvent, on ne fait pas quelque chose juste parce qu’on essaie de diminuer le risque. Ce n’est pas un critère de décision, diminuer le risque. Ça fait partie du portrait puis de la réflexion, mais c’est très insidieux et les gens souvent ne vont pas le faire. Bon, le deuxième c’est la gestion de l’égo. Combien de fois que j’entends du monde dire : « Ah ben là, je n’en parle pas parce que… ». Pourquoi tu n’en parles pas? Si tu en parles il y a peut-être quelqu’un qui va t’aider. La vraie raison, c’est que si tu en parles et ça ne marche pas, tu as peur de ce que quelqu’un va dire. Ouin pis? Pis? Tu fais des trucs puis il y a des gens qui vont par définition trouver ça ordinaire. Ouin pis? Il faut que « Ouin pis? » ça t’habite. Ça fait que ça pour moi c’est essentiel.

Aimy :

Il y a quelque chose là dans tes deux conseils qui est vraiment de l’ordre de : « Ose! Essaye-le, fais quelque chose. ». Il y a cette portée vers l’action, hen?

Marc :

Oui, puis si tu trouves que c’est compliqué, tu fais la même affaire, mais en plus petit. Tu l’écris, tous les jours. Il y a un gars de podcast qui dit une phrase d’une banalité sans nom, mais moi ça m’a, wow! C’est Yan Thériault puis il dit, il commence tous ses podcasts en disant : « As-tu mis cinq minutes sur ton projet? ». Ouais, mais cinq minutes… Sinon c’est zéro minute! As-tu mis cinq minutes sur ta recherche d’emploi. Tu ne l’aimes pas ta job! « Ouin mais là, si je laisse ma job… », on n’est pas rendu là! As-tu mis cinq minutes à changer de job, as-tu parlé à quelqu’un qui a une job qui toi te fascine. Juste savoir c’est quoi. As-tu mis cinq minutes sur ton projet? C’est sûr qu’il va arriver de quoi à un moment donné, puis tu annules le risque qui t’apparaît énorme en mettant un petit cinq minutes. Alors voilà, c’est ça que je te dirais.

Aimy :

Excellent, excellent. OK, pour finir l’entrevue, je te propose un petit exercice. Je vais te poser des questions en rafale où est-ce que j’aimerais que tu me répondes en un ou deux mots, ce qui te vient en tête.

Marc :

OK.

Aimy :

Allright! Un : Le travail, c’est…?

Marc :

Pareil comme ma vie privée, il n’y a aucune différence entre les deux.

Aimy :

L’école, c’est…?

Marc :

Un passage obligé nécessaire. La plus belle affaire qu’on peut faire en bas de vingt-cinq ans, c’est d’aller à l’école.

Aimy :

La carrière, c’est…?

Marc :

C’est une façon de se réaliser.

Aimy :

La retraite, c’est…?

Marc :

Un concept moi qui n’existe pas parce que, revenons au point un, pour moi la vie personnelle et le travail c’est la même chose.

Aimy :

La conciliation travail-vie, c’est…?

Marc :

N’existe pas.

Aimy :

Qu’est-ce qui te motive à sortir du lit chaque matin?

Marc :

Ma journée est faite sur mesure pour moi, c’est moi qui l’ai bâtie! Ça fait que, je me lève parce que je trippe, je sais que je vais aller faire mon café, puis lire, puis je trippe.

Aimy :

Être un adulte, c’est…?

Marc :

C’est très intéressant ça. Être un adulte, c’est être fiable.

Aimy :

Tu sors de ton appart maintenant, tu croises le Marc de quand tu avais 20 ans. « Salut Marc de 20 ans ». Qu’est-ce que tu as à lui dire?

Marc :

Fais exactement tout pareil, sauf à “Testostérone”, fais un personnage! Dis la même affaire, mais mets une perruque, puis invente-toi un nom et tout tout tout va être différent, c’est-à-dire qu’on va arriver à la même place, mais ça va être plus en ligne droite.

Aimy :

Marc ça a été super intéressant, merci beaucoup pour ton temps.

Marc :

Pareillement.

Aimy :

Merci à notre invité et merci à vous d’avoir écouté cet épisode des portraits professionnels. Pour plus de détails sur cette profession, visitez notre site Internet au www.saltoconseil.com/