CONSEILLÈRE D'ORIENTATION
AVEC JOSÉE LANDRY
Janvier 2021 | Musique et montage par Alex Andraos
Josée Landry est conseillère d’orientation et présidente de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. Dans l’épisode, Josée explique le rôle des conseillers d’orientation, les différents secteurs de pratique où on les retrouve, et apporte un éclairage particulier à son domaine d’expertise: le secteur organisationnel. Nous discutons aussi de son parcours et de sa vision quant à l’évolution de la profession dans les années à venir.
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Josée Landry
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Les secteurs de pratique des conseillers.ères d’orientation
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CONSEILLÈRE D’ORIENTATION
AVEC JOSÉE LANDRY Aimy :Bonjour et bienvenue aux Portraits professionnels, le balado où l’on tente de clarifier différentes professions du marché du travail. Aujourd’hui, on rencontre Josée Landry, conseillère d’orientation et présidente de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. Dans l’épisode, Josée explique le rôle des conseillers d’orientation, différents secteurs de pratique où on les retrouver et apporte un éclairage particulier à son domaine d’expertise, le secteur organisationnel. Nous discutons aussi de son parcours et de sa vision quant à l’évolution de la profession dans les années à venir. Josée Landry, bonjour.
Josée :Bonjour Aimy.
Aimy :Tu vas bien?
Josée :Ça va bien, merci. Et toi?
Aimy :Ça va bien, merci. Alors, on commence l’entrevue aujourd’hui avec une petite note particulière. Je voulais juste mentionner qu’on se tutoie dans l’entrevue d’aujourd’hui parce que c’est ce qu’on a convenu de faire. C’est pas par manque de respect, ça a été convenu à l’avance. Alors, tu nous rencontres aujourd’hui, Josée, pour nous raconter un peu ce que tu fais professionnellement. Veux-tu nous dire quel est ton titre?
Josée :Alors, moi je suis conseillère d’orientation, depuis 1993. Je suis aussi présidente de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec.
Aimy :Fantastique. Donc, tu es conseillère d’orientation et tu es présidente de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. Encore une fois, petit disclaimer, c’est une entrevue aujourd’hui qui est un peu méta parce qu’on a la même profession mais je trouvais ça pertinent qu’on puisse se rencontrer pour présenter notre belle profession. Puis, aussi, pour avoir un point de vue plus global que si j’avais simplement moi-même parlé de ce que je fais dans mon quotidien. Donc, si je te demandais de me dire, lorsque tu te présentes à des gens qui ne te connaissent pas, pour la première fois et que tu leurs dis : « Je m’appelle Josée, je suis conseillère d’orientation, je suis présidente de l’Ordre », quelle vision est-ce que les gens peuvent avoir de toi et de ton travail?
Josée :Alors, tu vas t’en douter, déjà, je pense, les conseillers d’orientation qui nous écoutent présentement, les conseillères d’orientation doivent un peu s’attendre à ce que je vais dire. Automatiquement, on me répond : « Ah, tu travailles dans une école », quand je dis que je suis conseillère d’orientation. Alors là, on peut être découragé par ce genre de réponse-là qu’on reçois toujours. En même temps, je trouve que ça nous donne l’occasion de préciser la nature de notre profession. Alors là, j’explique qu’on a plusieurs secteurs de pratique comme conseillère d’orientation et qu’on a une maîtrise. D’ailleurs, petite anecdote, je rencontrais mon esthéticienne hier, petite tranche de vie, à qui j’expliquais que non, on n’était pas seulement dans les écoles parce qu’elle m’a fait cette réaction-là elle-même et elle en revenait pas de toute l’étendue de ce qu’on peut offrir comme services à différentes personnes. Alors, est-ce que tu veux que je l’explique tout de suite?
Aimy :Si tu veux. Fait que là on parle des différents secteurs de pratique dans lesquels les conseillers d’orientation pourraient avoir.
Josée :C’est ça.
Aimy :Alors, je t’écoute. Où est-ce qu’on peut retrouver des c.o.? On dit c.o. souvent, peut-être qu’on va le dire…
Josée :On dit c.o., on va le dire souvent parce que c’est plus court et c’est effectivement le titre qui nous est réservé par le Code des professions, c’est le titre qui est enregistré, donc on peut très bien dire c.o. C’est la même chose que conseiller ou conseillère d’orientation. Donc, c’est plus court, on va dire ça comme ça aussi et d’entrée de jeu, je veux dire que tous les conseillers d’orientation, peu importe le secteur de pratique dans lequel on intervient, nous détenons tous une maîtrise. Alors, pour être membre de l’Ordre des conseillers d’orientation, il faut avoir une maîtrise en sciences de l’orientation ou encore avoir été admis, ce qu’on appelle, par équivalence. Alors, on peut avoir été dans un autre domaine ou avoir une formation dans un autre domaine et on peut avoir des équivalences et être admis à l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation, parfois en faisant des stages ou des cours. Alors, évidemment, on est dans les écoles, les conseillers d’orientation, je pense que c’est la forme la plus traditionnelle de notre profession.
Aimy :Est-ce que c’est la plus grande proportion de conseillers d’orientation?
Josée :Oui, tout à fait. Tu as bien deviné. Donc, on est environ la moitié de nos membres. On est 2600 conseillers d’orientation maintenant au Québec. Environ la moitié des conseillers d’orientation sont dans les écoles.
Aimy :Fait que quand les gens assument que tous les conseillers d’orientation travaillent en contexte scolaire, bien ils ont une chance sur deux de ne pas se tromper.
Josée :Ou d’avoir raison.
Aimy :D’avoir raison. Ce que je veux dire par là, c’est que parfois le reste des secteurs sont méconnus, mais effectivement il y a quand même une bonne proportion de conseillers d’orientation qui travaille au scolaire.
Josée :Tout à fait. Et quand je parle du scolaire, automatiquement on a dans notre tête la vision de conseiller d’ orientation au niveau secondaire général. Par contre, il y a aussi des conseillers d’orientation au niveau collégial. Quant on parle, moi quand je parle du secteur de l’éducation ou du scolaire, ce sont tous les niveaux d’étude. Donc, niveau secondaire général, jeunes. Il y a la formation des adultes au secondaire, il y a le collégial et l’université aussi. On a des écoles privées où il y a des conseillers d’orientation, dans les écoles privées, formation professionnelle. Donc, tous les secteus d’éducation, il peut y avoir des conseillers d’orientation qui vont rencontrer les étudiants et étudiantes. Ensuite, un autre secteur qu’on a beaucoup de conseillers d’orientation, c’est le secteur qu’on appelle de l’employabilité. Alors, on va retrouver des c.o. dans des organismes en développement de l’employabilité, qui sont souvent dédiés à des clientèles en particulier, comme par exemple, les Carrefours Jeunesse-emploi qui vont desservir les clientèles de 35 ans et moins et ce sont en général des clientèles qui sont référées par Emploi Québec, donc référées par le Ministère de l’Emploi et du Travail et c’est des organismes qui vont aider ces clientèles-là e orientation, en recherche d’emploi, pour effectuer un retour aux études. Ils peuvent avoir des services en individuel ou en groupe, on a beaucoup de groupes dans ces organismes-là. Donc, il y a des organismes aussi pour les personnes immigrantes, nouvellement arrivées, les femmes, les personnes qui vivent des situations de handicap et qui doivent se réorienter ou se réintégrer au marché du travail. Alors, il y a différentes clientèles, peut-être que tu as d’autres idées, Aimy?
Aimy :Peut-être la clientèle judiciarisée?
Josée :Judiciarisée, effectivement. Là, je n’ai pas d’autres idées qui me viennent pour le moment.
Aimy :C’est la seule qui me vient pour tout de suite, mais on pourra de toute façon ajouter à l’épisode des liens pertinents.
Josée :Tout à fait. Pendant que tu parlais, j’ai eu une autre idée. Il y a les personnes de 50 ans et plus aussi, donc les travailleurs plus expérimentés. Il y a des organismes pour cette clientèle-là. Alors, ça c’est l’employabilité. Le, tout le secteur de la santé. Donc, c’est un secteur où il y a peu de conseillers d’orientation, malheureusement parce qu’il y a des besoins. On retrouve dans le secteur de la santé, santé mentale et santé physique, donc toute la réadaptation. Santé physique, il y en a un peu plus, c’est plus connu depuis plusieurs années. Donc, les personnes accidentées de la route, puis du travail, puis on a des conseillers d’orientation qui vont rencontrer ces clientèles-là en bureau privé, mais il y a des services en milieu hospitalier, si on prend ce qu’on appelle à Québec l’ancien Centre François-Charron, l’IRDPQ, l’Institut de réadaptation physique, Constance-Lethbridge ici à Montréal, bon, il en a quelques-uns. C’est des conseillers d’orientation qui vont aider les personnes accidentées ou avec des maladies dégénératives, par exemple, qui ne peuvent plus occuper le travail qu’ils occupaient, à se réorienter, à trouver un nouveau sens à leur travail aussi. Et en santé mentale, on a toute la clientèle qui a un diagnostic de santé mentale, aussi la déficience intellectuelle, ceux qui ont un trouble du spectre de autisme, alors c’est de ce côté-là où on a je dirais peut-être un terrain à occuper davantage. Je pense qu’on va parler plus tard du rôle d’un ordre professionnel, mais entre autres, faire des représentations auprès du Ministère de la Santé pour faire reconnaître l’orientation dans le réseau de la santé.
Aimy :Bon, là on a dit, des c.o. au scolaire, des c.o. en employabilité, des c.o. dans le secteur de la santé. Où est-ce qu’on peut trouver les conseillers d’orientation, sinon?
Josée :Secteur organisationnel, dont je suis. Alors, moi, je suis une conseillère d’orientation organisationnelle. C’est un titre qui n’est pas reconnu officiellement. C.o. organisationnel, je dirais que c’est l’ordre professionnel qui l’a reconnu à un moment donné pour amener une distinction de ce secteur de pratique-là. C’est c.o., le titre officiellement reconnu et les conseillers d’orientation organisationnels, nous travaillons auprès des entreprises, généralement. Alors, si je prends mon expérience à moi, je fais de l’évaluation de potentiel ou j’ai fait, ou je ferai. De l’évaluation de potentiel, par exemple, dans les cas d’embauche de nouvelles personnes ou encore de transition de carrière à l’intérieur d’une entreprise, moi je vais faire un évaluation du potentiel de la personne pour voir si elle a le profil pour ce qui est recherché par l’organisation pour ce poste-là. Donc, il faut vraiment tenir compte du contexte dans lequel la personne va évoluer dans son nouveau poste.
Aimy :Pendant qu’on est en train de parler de ce profil-là, de ce secteur-là des conseillers d’orientation, je serais comme curieuse de clarifier avec toi, c’est un secteur qui est moins connu ou un secteur parfois qu’on pourrait, pas confondre mais qu’on pourrait avoir l’impression qu’il partage certains traits peut-être avec les ressources humaines. Comment est-ce qu’on irait vulgariser au maximum l’évaluation de potentiel?
Josée :Oui. Tu as tout à fait raison, on peut confondre avec ressources humaines et avec psychologie industrielle. Je dirais qu’on est près de ces deux professions-là qui sont d’autres ordres professionnels, qui sont d’autres professionnels. On peut parler de ce qui nous différencie, mais on peut parler de ce qui aussi nous rapproche ou ce qui fait qu’on est semblable. Je dirais, avec les psychologues, ce qu’on va avoir, c’est l’évaluation de potentiel que, souvent, les conseillers en ressources humaines ne feront pas. Alors, c’est toute l’utilisation de nos connaissances et de notre expérience en évaluation des personnes. Je dirais, ce qui nous distingue, peut-être le plus des psychologues, c’est l’expertise et les connaissances que les conseillers d’orientation ont au niveau de la carrière. On peut dire qu’on est les spécialistes de la carrière. Parce que c’est vrai que les psychologues peuvent avoir des formations, des cours dans leur cursus. Ils en ont des cours et il y en a qui font des conseils en transition de carrière. En passant, il y a des c.o. parfois qui me disent, bien non, ça nous appartient à nous, mais je me dis, on peut partager parfois une expertise avec d’autres professionnels. Au moins, les gens font affaire avec une personne qui est membre d’un ordre professionnel. Alors, à ce moment-là, pour moi, le public est protégé. Donc, toute notre connaissance de l’évaluation et notre expertise dans le lien entre la personne, les études et le travail. Tout ce continuum-là, c’est une expertise que nous avons et quand on dit est-ce qu’une personne va être à la bonne place dans son poste, est-ce qu’elle est à la bonne place, est-ce qu’elle a ce qu’il faut, qu’est-ce qu’elle doit améliorer. C’est ça un peu une évaluation de potentiel pour bien performer et être heureuse dans le poste qu’elle convoite ou pour lequel l’entreprise la pressent. Je trouve que comme conseillers d’orientation, on a vraiment cette valeur ajoutée dans notre expertise.
Aimy :Puis, le conseiller d’orientation organisationnel, habituellement, est-ce que c’est une ressource interne à l’entreprise ou l’entreprise va se dire : « OK on voudrait faire évaluer tel joueur, on va aller se chercher une ressource au privé »?
Josée :Quand on parle d’évaluation de potentiel, je ne peux pas vous dire à 100% que j’ai raison parce que je ne connais pas tout le monde, mais la très grande majorité du temps, ce sont des conseillers externes parce que c’est une spécialité l’évaluation du potentiel. Moi, je ne connais pas d’organisation, ça ne veut pas dire que ça n’existe pas, qui ont des ressources d’évaluation de potentiel à l’interne. Quand on a des c.o. à l’interne, souvent ils vont faire des ressources humaines. Alors, ils vont faire du recrutement et il y en a qui le font aussi en privé, en pratique privée. Donc, ils vont faire du recrutement, ils vont faire de l’évaluation de poste, ils vont faire aussi du conseil aux gestionnaires qu’on fait aussi en consultation, du coaching de gestion. On va aider les gestionnaires à partir de leur profil à améliorer leurs compétences en gestion et à comprendre comment ils fonctionnent aussi. Je trouve ta question intéressante parce qu’effectivement, il y a des c.o. qui travaillent dans des services de ressources humaines, à l’intérieur d’organisations. Mais, ils ne font pas d’évaluation de potentiel. Même ces c.o.-là vont utiliser des services de l’externe, qui sont en consultation parce que le consultant externe, ce qu’il a à faire lui, c’est de faire une recommandation quant à l’embauche du candidat qui est pressenti. Il n’y a pas de candidat parfait. Moi, je dis souvent ça à mes clients. Là, même si vous m’envoyez votre star, c’est votre meilleur candidat ou votre meilleure candidate, il ou elle ne sera pas parfait, parfaite. C’est impossible. Alors, ce qui est important, c’est que vous puissiez prendre un décision. Mon rôle, c’est de vous aider à prendre une décision en connaissant mieux votre candidat et savoir sur quelles forces vous allez pouvoir miser et ces forces-là vont devenir des leviers pour vous aider à travailler, pour permettre à la personne de travailler sur points à développer et savoir comment intégrer cette personne-là et quel contexte est le plus favorable à son développement à l’intérieur du poste. Je peux te donner un exemple? J’ai eu à un moment donné, dans une organisation, un candidat. Ils m’ont envoyé le candidat pour être évalué, mais il était déjà embauché, il venait d’être embauché, il entrait là. Ils voulaient mieux le connaître, puis c’est une pratique de cette organisation-là d’évaluer leurs nouvelles ressources humaines. C’était une personne très introvertie, qui avait beaucoup de potentiel, mais qui ne le démontrait pas nécessairement à prime abord. J’avais dit au dirigeant de l’entreprise : « Écoute, tu as un excellent candidat. Laisse-lui du temps. Ne va pas trop vite parce que c’est quelqu’un qui a besoin de temps pour, premièrement s’exprimer, démontrer ce qu’il possède. Quand il va être en situation d’agir, il va agir. C’est quelqu’un qui a de l’initiative, mais ça ne paraît pas nécessairement au premier abord ». Ça, j’aime ça quand ça arrive. Je te dirais, six mois plus tard, à peu près, il m’avait rappelée et il m’avait dit : « Tu avais totalement raison. Si on s’était fiés sur les trois premiers mois, on n’était pas sûrs qu’on avait la bonne personne. Mais, j’ai fait confiance et j’ai regardé en arrière de ce que je voyais au début, comme la première vision que j’avais de lui, je voyais derrière ce qui avait parce que tu me l’avais dit ».
Aimy :Fait que cette expertise en évaluation, elle va jusque là hein? C’est comme la capacité, c’est peut-être pas le bon mot, mais la possibilité d’aller étudier un peu plus dans le détail c’est qui cette personne-là et à quel point est-ce que ça pourrait être un bel arrimage avec la culture, avec le poste, avec le mandat, avec les tâches de ce qu’on recherche ici.
Josée :Tout à fait, c’est une bonne vision que tu présentes, puis pour ajouter à ça, je dirais une évaluation de potentiel, ça le dit : c’est le potentiel. Donc, souvent, on va évaluer la personne au moment présent. On le dit souvent, même en orientation scolaire avec les jeunes ou les adultes qui se réorientent, moi je dis souvent, les tests qu’on utilise, quand on en utilise, c’est une photo de toi au moment où tu répond au questionnaire puis comme conseiller d’orientation, nous on a à discuter avec toi des résultats pour faire des liens entre tout ça. Mais, le but c’est de voir ce qui s’en vient, pas juste ce qui est actuellement. C’est de pouvoir projeter la personne vers l’avenir, autant dans son choix professionnel sa réorientation de carrière qu’à l’intérieur d’un poste. Et à l’intérieur d’un poste, c’est autant pour le candidat qui va intégrer l’entreprise que pour l’organisation. Donc, on a comme, puis je trouve que les conseillers d’orientation, on a peut-être cette valeur ajoutée-là aussi, de réellement accompagner le candidat et l’entreprise et même pour les rencontrer ensemble et leur dire : voilà comment vous pourriez développer votre relation à l’intérieur de vos rôles respectifs et ensemble comme collaborateurs pour faire avancer. On se cachera pas, une entreprise, c’est là pour performer, vendre des produits, des services, peu importe.
Aimy :Faire un profit.
Josée :Alors, on cherche le succès. Donc, c’est bien beau, on est tous heureux, mais comment on peut travailler de façon efficace ensemble, puis bien s’entendre et que ce soit agréable. Alors, en se connaissant mieux, personnellement et ensemble, c’est là où on peut intervenir, je trouve. C’est là aussi où on peut arriver à faire des consolidations d’équipe. Ça, c’est un autre rôle qu’on peut avoir comme conseillers d’orientation.
Aimy :Consolidation d’équipe, c’est du team building? C’est tu de ça qu’on parle?
Josée :Team building, mais team building, c’est qu’il y a des organisations, je dirais des consultants qui font des activités de team building, on va traverser une rivière, on va faire de l’hébertisme, mais il n’y a pas d’intervention. Alors que, moi je vais parler de la façon dont je le fais, une consolidation d’équipe, c’est de rencontrer chaque personne individuellement, pour connaître…
Aimy :Ça passe par l’évaluation encore une fois.
Josée :Oui, mais pas obligé d’être aussi élaboré là, mais que la personne prenne conscience de son fonctionnement, que moi je puisse connaître chaque personne de l’équipe, qu’elles soient deux ou quinze là et qu’après, on fasse une activité une journée, ça peut être ludique, mais souvent ça va être une réunion où on va animer une activité pour que les personnes entre elles apprennent à se connaître, voient leurs ressemblances, leurs différences et comprennent la dynamique de leur équipe et utilisent ça pour continuer à travailler ou pour améliorer des choses dans leur fonctionnement.
Aimy :Super intéressant. Là, on a un peu clarifié qu’est-ce que toi tu faisais en organisationnel, si je reviens un petit peu en arrière, on parlait des différents secteurs. Alors, on a dit le scolaire, on a dit l’employabilité, on a dit la santé, on a dit l’organisationnel, qu’est-ce qui nous reste?
Josée :Bien, on appelle ça la pratique privée, c’est pas vraiment un secteur de pratique dans le sens où on peut voir différents types de problématiques ou de clientèle parce qu’on peut voir autant des jeunes en orientation scolaire et professionnelle, des adultes en réorientation, des adultes en réadaptation, parce que bon, comme je le disais tantôt, accidents du travail ou maladies dégénératives. On peut voir des gens aussi qui sont, qui ont été en arrêt de travail pour, par exemple, burn out, dépression, qui doivent retourner au travail, donc on les accompagne. En pratique privée, je dirais, la panoplie est assez large de situations qu’on peut aider à solutionner.
Aimy :Depuis le début, on a abordé la question d’où est-ce que les conseillers d’orientation peuvent oeuvrer, si on parlait à quelqu’un qui avait pas encore d’image de c’est quoi un conseiller d’orientation, comment est-ce qu’on pourrait décrire la profession?
Josée :Hé c’est une bonne question que tu me poses là. Toi, tu parles d’une image concrète?
Aimy :Ou juste une description.
Josée :Le conseiller d’orientation, j’ai parlé tout à l’heure, c’est un peu abstrait là, mais de faire le lien entre la personne, sa formation et son travail. Donc, c’est un professionnel qui va évaluer une personne pour l’aider à mieux se connaître. Donc, à connaître ses intérêts, sa personnalité, ses compétences ou ses aptitudes pour pouvoir, je donne un exemple, souvent, quand on rencontre un adulte en orientation, c’est parce qu’il y a un mal-être, il est pas bien dans son travail. Donc, il veut comprendre ce qui se passe. Pour comprendre ce qui fait défaut ou pourquoi il ne se sent pas bien, on doit faire une évaluation et permettre à la personne de mieux elle-même se connaître et de comprendre ce qui se passe. Pas tout que nous le comprenions, nous, comme c.o., c’est que la personne le comprenne aussi. Et quand je dis une évaluation, ça ne veut pas nécessairement dire passer des tests. Peut-être que l’image d’un psychologue est plus claire dans la tête des gens. On sait qu’on va s’asseoir devant un psychologue et qu’on discute. Bien, un conseiller d’orientation, c’est un peu la même chose. Le c.o. va recevoir la personne et va discuter avec elle à partir de différentes questions pour comprendre la situation. Premièrement, on va demander à la personne qui nous consulte, quelle est votre situation, qu’est-ce qui vous amène à consulter. Et à partir de ça, nous, à partir de ce que la personne nous dit, on pose des question pour bien comprendre. C’est la première évaluation qu’on fait, évaluer le besoin de la personne et après ça on va voir, est-ce qu’on utilise des tests, de quoi on a besoin pour aider la personne à mieux se connaître, l’éclairer dans une décision et ensuite, l’aider à faire un plan d’action pour réaliser le projet qu’elle a, soit de retourner aux études, soit de trouver un autre emploi ou soit de rester dans le même emploi, mais de voir différemment son lien avec le travail ou par exemple, faire une évolution dans son emploi actuel, aller voir son patron, aller faire une formation d’appoint. Il y a toutes sortes de situations. Moi, ça m’est arrivé souvent, je ne sais pas dans ton cas, que la personne arrive avec un besoin, en fait, une demande. La personne arrive avec une demande et je discute avec elle et finalement, je réalise que son besoin n’est peut-être pas celui qu’elle m’expose. C’est autre chose. Souvent, la demande, c’est je veux changer d’emploi. Ça, je l’ai entendu souvent et au terme du processus, de la démarche, la personne ne change pas d’emploi parce que, par exemple, on a discuté avec elle, est-ce que financièrement c’est possible de faire un retour aux études? Est-ce que tu as des enfants à ta charge financière, c’est quoi tes obligations financières? Etc. Parce qu’au-delà de l’aspect personnalité, intérêts et tout ça, il y a l’aspect réalité. Il faut faire attention à ça. Je me permets un petit éditorial, Aimy, si tu le permets.
Aimy :Je t’écoute, je t’écoute.
Josée :En ce moment, on est en janvier 2020 et on dirait que c’est le temps des résolutions et bon, le goût de changer de carrière, le goût de changer d’emploi. Et là, on voit apparaître, dans mon cas, c’est sur Facebook, peut-être que c’est votre cas aussi, c’est le temps de changer, retournez aux études et là on fait miroiter toutes sortes de choses, réalise ton rêve, c’est le temps ou jamais. Un instant. Ce sont des questions qui demandent une réflexion profonde. On ne peut pas prendre cette décision-là sur un coup de tête. C’est important de le planifier, de le réfléchir, qu’est-ce qui presse tant que ça? Peut-être que vous le réfléchissez depuis un bout de temps et c’est tant mieux, mais peut-être que non. Ce sont des questions qui demandent vraiment de prendre le temps de s’arrêter et de réfléchir. Il n’y a pas de solution miracle et il n’y a pas de solution si rapide que ça. C’est pas parce que c’est faisable que c’est facile et c’est pas parce que ça demande quand même de la patience, on va se le dire, des fois ça demande des sacrifices et des compromis. Mais, c’est faisable. C’est juste qu’il faut savoir dans quoi on s’embarque et ça, le conseiller d’orientation permet aux gens de se poser toutes ces questions-là.
Aimy :Et si je peux me permettre de faire un petit bout de chemin là-dessus, je trouve ça intéressant parce que, parfois, j’ai l’impression que l’un des rôles du conseiller d’orientation, c’est aussi d’accompagner son client dans une espèce de tâche d’équilibriste ou de jonglerie où est-ce que, c’est comme s’il y avait une recherche de vitalité. Il y a un mal-être, il y a quelque chose qui ne va pas, je suis pas bien au travail, je veux changer de travail ou new year, new mean et on va tout bouger. Il est où le mal-être et si tu décides d’investir ailleurs, si tu décides de retourner aux études, si tu décides de trouver un nouveau poste, qu’est-ce que ça va te coûter, qu’est-ce que ça implique? Mais, aussi si tu décides de rester puis de te maintenir, tu ne veux pas revivre ce mal-être là. Où est-ce que tu vas la chercher la vitalité, dans le reste de ta vie. Est-ce qu’on met plus de temps pour tes loisirs? Est-ce qu’on est capable de rajouter un sport, est-ce qu’on est capable de rajouter du temps pour toi? Qu’est-ce qu’on fait pour que tu sois plus dans cette situation même si, sur papier, peut-être que tu es encore dans le même contexte.
Josée :Tout à fait. Je trouve ça intéressant quand tu dis sur papier parce qu’il y a tout l’aspect théorique, là je vais m’attaquer à autre chose, tous les tests en ligne. Il y en a des bons, il y en a des moins bons, je pense. Je dirais que ce sont des outils de réflexion, mais si on n’est pas accompagné pour les faire entrer dans notre vie, les résultats de ces outils-là, c’est pas parce que le test internet de dix minutes que tu as passé et qui te donne une liste de professions, ça ne veut pas dire qu’il faut que tu ailles là-dedans les yeux fermés : « le test l’a dit ». Il faut être accompagné. Puis, moi je dis toujours, oui il y a l’aspect sur papier et il y a la réalité aussi et ce que tu vis présentement dans ton travail, même si tu changes d’emploi, tu pars avec ce que tu es dans un nouvel environnement. Alors, tu vas peut-être reproduire tôt ou tard, pas juste toi, mais dans l’environnement dans lequel tu es, peut-être que ça va se reproduire. Tu restes la même personne même si tu changes de milieu. Je compare ça un peu à une relation de couple, parfois. Tu sais, on laisse quelqu’un pour différentes raisons, on se retrouve avec une autre personne et on reproduit la même affaire. C’est peut-être pas juste la faute de l’autre personne, c’est une autre personne. Ou on retrouve le même type de conjoint ou conjointe et donc, dans l’environnement de travail, peut-être qu’on va se retrouver dans le même type d’environnement. Comme tu dis, peut-être qu’on va encore se retrouver dans la même situation.
Aimy :Fait que c’est encore de ramener, c’est encore un peu la partie évaluation, mais connaissance de soi hein? D’amener la personne à prendre conscience de qui elle est et de ce qu’elle amène à la table.
Josée :Tout à fait, et du sens qu’elle donne au travail.
Aimy :De son lien au travail.
Josée :C’est ça. Tu parlais de loisirs, de toute la conciliation travail-famille aussi, quand on a des enfants. Il y en a qui disent, je travaille trop d’heures et je veux avoir plus de temps pour mes enfants. Si tu vas dans un nouvel emploi, peut-être qu’au début ça va demander effectivement plus d’heures. Est-ce que tu es prêt à ça? Je trouve que comme conseiller d’orientation, c’est une vision très personnelle, mais je trouve ça important. Je trouve qu’on doit faire preuve de bienveillance. On n’a pas à juger qu’une personne doit ou pas retourner aux études, doit ou pas changer d’emploi. Ce qu’on a à faire et tu as dit un très bon mot tout à l’heure, c’est d’accompagner. Accompagner la personne dans sa réflexion, accompagner la personne dans sa décision, dans son plan d’action. Toujours en partant de ce qu’elle elle est. Pas de ce que nous on ferait.
Aimy :Il y a un souci d’humilité quand même, hein, dans ce qu’on fait? On fait un processus d’orientation avec quelqu’un, on écoute cette personne-là, on travaille avec elle pendant une rencontre, deux rencontres, trois rencontres, quatre rencontres, cinq rencontres, je sais pas, six rencontres. Si on a vu cette personne six heures, six heures dans la vie d’un humain, c’est très court. Il est possible que moi j’aie une idée de ce qui pourrait être bien pour cette personne-là, mais il est très possible aussi que je me trompe. Il est très possible aussi que j’aie des angles morts. Il est très possible aussi que la personne, pour une raison X, Y, Z même si je suis consciente de la raison, choisisse de faire quelque chose que moi j’aurais peut-être pas fait. Mais, je ne sais pas si humilité c’est le bon mot, mais c’est celui qui me vient en tête maintenant. Mais c’est d’avoir l’humilité de dire : son choix lui appartient, peu importe mon expertise, ma vision ou mon regard sur tout ça. Son choix lui appartient puis ma tâche < moi ce n’est pas de lui dire quoi faire, c’est de l’accompagner dans ce mouvement-là.
Josée :Oui, tout à fait. Et tu parlais d’angles morts que nous on peut avoir. Notre client peut aussi en avoir, des angles morts. Je pense que notre rôle dans l’accompagnement, c’est surtout de montrer ces aspects-là, peut-être que la personne ne voit pas, n’a pas vus ou n’a pas considérés. Comme nous-mêmes, on est humains. Dans notre vie personnelle, il y a des décisions qu’on a de la difficulté à prendre parce qu’on est trop collés sur la situation, c’est émotif. Alors, la personne qui vient nous consulter, c’est son cas par rapport à sa carrière ou son emploi. Moi, je dis toujours à mes clients : je t’envoie des choses et je te laisse réfléchir à ça. Voici ce que je vois, si tu me permets, je vais t’en parler. « Oui, je suis là pour ça », souvent, c’est ce qu’ils me disent et je leur dis, écoute voici ce que je vois. On a toujours des mots bienveillants envers nos clients. Moi, j’ai ce portrait là de la situation. Tout à l’heure, tu m’as dit ça et là, tu me dis ça et ça m’apparaît contradictoire. Je te laisse réfléchir à ça. On n’a pas à dire, dans ma vision de notre rôle, ah c’est contradictoire ce que tu viens de dire, ça fonctionne pas ensemble. C’est : ça m’apparaît contradictoire, ou encore : je me demande comment tu peux concilier les deux. Est-ce que tu t’es posé la question, est-ce que tu le vois comme ça? Je ne veux pas de réponse tout de suite. Je te laisse réfléchir à ça. Tu dis : « Six heures, c’est peu dans la vie d’une personne ». Je ne sais pas si ça t’es déjà arrivé, mais moi j’ai déjà rencontré des personnes, je l’ai croisé comme ça, par exemple dans une fête, un party, un 5 à 7, dans la rue, au magasin et que cette personne-là, par sa présence, par un mot…
Aimy :Ça peut être significatif.
Josée :… ça a changé des choses dans ma vie ou ça m’a amenée une réflexion que j’avais pas. Six heures, ça peut aussi être beaucoup, par le rôle qu’on joue.
Aimy :Définitivement.
àa Josée :Tout ça, ça vient avec le lien de confiance qu’on a avec la personne aussi.
Aimy :C’est un beau portrait je trouve qu’on est en train de tracer, d’une belle profession.
Josée :C’est la meilleure (rire).
Aimy :On n’est pas biaisées du tout hein? (rire)
Josée :Je ne peux pas dire ça, non (rire).
Aimy :On a parlé de ton chapeau de conseillère d’orientation, si je te demandais maintenant de me décrire ton chapeau de présidente de l’Ordre? Qu’est-ce que ça représente au quotidien?
Josée :Si tu le permets, je vais commencer par parler de ce qu’est un ordre professionnel, puis à l’intérieur de ça après, je pourrai parler de mon rôle. Ça va situer dans le contexte et après ça, ça va aller dans le précis. Bien, un ordre professionnel là, il y en a 46 au Québec. Donc, nous on est un des 46 ordres. Tous les ordres professionnels ont la même mission, qui est dictée par une loi qui est le Code des professions, c’est de protéger le public. Qu’est-ce que ça veut dire, protéger le public? C’est une bien belle phrase. C’est qu’en fait, nous comme ordre professionnel, on doit s’assurer de la compétence de nos membres, de la qualité des services, je vais parler d’orientation, des services d’orientation, que nos membres vont offrir à leur clientèle, peu importe le secteur de pratique, peu importe la clientèle. C’est la même chose pour les dentistes, les médecins, les infirmières, les psychologues, les 46 professions qui sont réglementées au Québec parce que oui, c’est un règlement. On est encadrés, nous, par le Code des professions. Notre profession a un code de déontologie. Tous les ordres professionnels on un code de déontologie, donc nous devons respecter ces lois-là et c’est de cette façon-là que le public est protéger. Ce qu’on fait comme ordre professionnel, aussi, bien évidemment on va inspecter nos membres. On a tout un programme d’inspection, à chaque année, on inspecte des membres, des conseillers d’orientation, pour voir s’ils respectent le code de déontologie, s’ils respectent le Code des professions, s’ils pratiquent dans des conditions qui respectent la clientèle, donc la confidentialité, etc. Est-ce qu’ils tiennent leurs compétences à jour? On a une obligation de tenir nos compétences à jour, donc de se former pour être à la fine pointe et parfois, on peut imposer des cours, on peut imposer des stages. L’autre mission d’un ordre professionnel, quand je parle de protéger le public, pas l’autre mission, mais l’autre façon de faire cette mission-là, c’est de recevoir des plaintes. Alors, c’est ce qui ait que le public est protégé. Qui est le public, ce sont toutes les personnes qui consultent les conseillers d’orientation, alors si une personne se sent lésée ou l’est effectivement, c’est toujours une vision de la situation, quand on est dans la situation, bien cette personne-là peut appeler le syndic de l’ordre professionnel et porter plainte. Le syndic va faire une enquête et s’il y a lieu de retenir la plainte à la suite de l’enquête, va déposer une plainte au conseil de discipline qui est un peu comme un tribunal, alors le conseil de discipline va entendre la cause, avec des avocats et tout et ensuite, va rendre son jugement. On voit parfois passer dans les journaux des jugements des conseils de discipline, entres autres on en a vu passer chez les médecins et les psychologues en 2019, des infirmiers, aussi. Donc là, le conseil de discipline peut limiter l’exercice, suspendre un permis, imposer une amende, ça dépend de la cause.
Aimy :Alors, ça c’est un peu la définition d’un ordre professionnel, sa mission et son fonctionnement?
Josée :Oui.
Aimy :Quel est le rôle de la présidente?
Josée :Le premier rôle de la présidente, c’est d’être la porte-parole officielle de la profession. Alors, la prote-parole officielle, c’est que je suis la seule à pouvoir parler publiquement, officiellement, au nom de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation. Mais, évidemment, je ne suis pas toute seule. Des fois, on a l’impression, c’est pas parce que je suis la seule à pouvoir parler officiellement que je suis la seule à travailler. Alors, on est toute une équipe à l’ordre professionnel et quand je prends parole publiquement, c’est toujours supporté par des discussions, ma collaboration avec mes collègues au siège social et même avec d’autres conseillers d’orientation. On va se baser sur des études, on va écrire des mémoires, on va écrire des lettres ouverts. Je tiens à dire, par contre, on a fait des lettres ouverts à date, ça fait partie du rôle de la présidence, je signe les lettres ouvertes, c’est moi qui les écrit. À date, c’est toujours moi qui a écrit les lettres ouvertes, mais je ne le fais pas toute seule. Je fais un premier jet, mais on le fait vraiment en équipe. Je suis une personne qui croit beaucoup à la collaboration, alors je peux pas tout voir. Je signe une lettre, mais c’est le fruit d’un travail d’équipe. J’écris une chronique dans le Journal Métro, donc ça ce sont toutes des fonctions de porte-parole qui visent à informer le public, quand je parle de public, c’est le public en général, les citoyens et les citoyennes, sur la portée de l’orientation, en quoi ça peut leur être utile. Tout ce qui est en lien avec le travail, les études, ça on va traiter ça. Nous, ce qu’on peut faire, aussi, c’est favoriser l’accès aux services d’orientation. Alors là, j’ai des représentations politiques à faire. Donc, je m’adresse aux ministères, aux différents ministères qui offrent des services d’orientation, je veux dire, dans lesquels il y a des services d’orientation d’offert. Ministère de l’Éducation, ministère de l’Emploi, du Travail et de la Solidarité sociale, Immigration et …
Aimy :On a parlé de la santé, tout à l’heure.
Josée :Ministère de la Santé, exactement, merci Aimy. Ce sont pas mal les quatre ministères auprès desquels je dois intervenir, ceux qui nous consultent le plus. Donc, il peut y avoir un projet de loi, il peut y avoir un nouveau règlement, il peut y avoir des projets que eux ont, dans les ministères et il vont nous consulter pour avoir notre point de vue. Je vais être la personne qui va faire des démarches auprès des cabinets pour obtenir des subventions, par exemple pour la Semaine québécoise de l’orientation. Alors, on dépose une demande, c’est moi qui la signe, ça va au ministère. Mais moi, je vais pousser notre demande auprès des cabinets. Donc, j’ai des contacts dans les cabinets, moi, pour savoir où est rendu notre dossier, comment on peut collaborer avec vous pour que ça avance, de quoi vous avez de besoin. Alors, moi je suis ça de très près, le but ultime étant de pouvoir offrir à la population des services, soit qu’elle ait accès à des services d’orientation dans le réseau de la santé, dans le scolaire, en employabilité ou encore que nous on ait des subventions pour informer encore mieux le public. Par exemple, le site internet Espace parents, on a une subvention pour pouvoir entretenir ce site-là toute l’année, l’améliorer, le nourri aussi et on a une conseillère d’orientation qui répond aux questions des parents. Donc, ça prend des sous pour faire marcher des sites internet. Donc, tout le côté politique est très important, au niveau de la présidence.
Aimy :OK. Qu’est-ce qui t’a amenée à choisir cette voie-là?
Josée :Conseillère d’orientation ou présidente?
Aimy :Les deux.
Josée :Les deux, OK. Bien, on va commencer par conseillère d’orientation, car c’est celui-là que j’occupe depuis plus longtemps. Je vais essayer de faire une histoire plus courte possible, mais ça commence à mon enfance. Mon père travaillait dans le secteur manufacturier, c’était un monteur d’acier. Pas monteur d’acier, mais c’était un assembleur dans le domaine du métal, dans le secteur manufacturier. Il faisait de l’équipement pour les moulins à scie. Moi, je viens de la région du Centre-du-Québec, Mauricie-Bois francs. Tous les soirs au souper, il nous racontait sa journée et moi, j’étais captivée. Je m’étais dit : Un jour, je vais aller travailler avec mon père dans l’entreprise où il travaille. C’était une grosse entreprise. Évidemment, c’est pas ça qui s’est passé. Moi, je voulais être notaire, avocate, j’ai poursuivi longtemps cette idée-là et à l’université, j’ai pas été acceptée. J’ai été acceptée sur liste d’attente et mon deuxième choix, c’était orientation parce que j’étais allée voir un conseiller d’orientation puis il m’avait suggéré ça. Allons-y, et là, j’ai découvert tout un monde et je suis restée là. Je suis vraiment tombée en amour avec mes études et quand je suis arrivée à mon stage de bac, je me suis dit, je veux aller dans une entreprise. J’avais de la suite dans les idées, c’est revenu cette idée-là. Je suis allée voir la responsable de stages et elle m’a dit : « J’en ai pas, moi, des stages dans une entreprise » et j’ai dit, si je m’en trouve un, est-ce que tu vas l’accepter? Elle m’a dit : « Si ça rentre dans les critères, les objectifs, je vais le faire ». Alors, moi, je fais mon cold call et j’appelle différents endroits et j’ai trouvé un stage aux ressources humaines du Musée de la civilisation à Québec et j’ai su, pour la première fois il y a quatre ans, j’ai su pour la première fois, je n’en avais jamais entendu parler que j’ai été la première que depuis ce temps-là, c’est un milieu de stage pour les étudiants de l’Université Laval. Comme quoi, quand on sait pas qu’on ouvre une porte, c’est peut-être plus facile de l’ouvrir parce que, moi j’étais un peu innocemment, moi je me cherche un stage puis ça va bien là. J’ai fait vraiment un beau stage et j’ai dit OK, moi je m’en vais, ça ne s’appelait même pas l’organisationnel dans ce temps-là, moi je m’en vais en ressources humaines. Et j’ai fait mon stage de maîtrise en réadaptation pour tester et j’ai dit, j’aime ça, mais j’aime encore mieux organisationnel. Puis après, je suis allée en consultation chez André Filion et associés à Québec, ensuite j’ai travaillé chez Felice services conseils à Laval, ensuite je suis partie à mon compte. Alors, je suis toujours restée dans l’organisationnel après.
Aimy :OK, puis la présidence?
Josée :La présidence, j’étais déjà membre du conseil d’administration. J’ai eu le grand bonheur d’être sollicitée à un moment donné où le poste était libre. Il fallait trouver une personne parce qu’on était entre deux élections et on a pensé à moi. On est venus me chercher, j’étais très heureuse. En même temps, un peu impressionnée, est-ce que j’ai vraiment ce qu’il faut moi pour être sur un conseil d’administration? Et j’adorais vraiment mon implication et à un moment donné j’ai voulu m’impliquer encore plus et j’ai décidé de me présenter < la présidence et j’ai été élue à la présidence en 2016. Je dirais que c’est un rôle qui est très important. Il y a pas de cours pour apprendre à être président il y en a 46 au Québec, des présidents d’ordre professionnels. C’est un rôle sérieux que je prends au sérieux, mais dans lequel je m’amuse beaucoup et je réalise que je suis beaucoup meilleure pour défendre les autres que pour me défendre moi-même, dans le sens où défendre le public, parler en leur nom pour favoriser l’accès aux services d’orientation, parler au nom des conseillers d’orientation auprès, par exemple, du public ou du gouvernement pour dire que l’orientation c’est un service essentiel à la société. Ça, ça va super bien, c’est quelque chose que j’adore faire et on sourit souvent à mon passage parce que bon, ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une personne très imposante physiquement, j’ai pas une super grosse voix, mais je suis tenace et je rappelle les gens. Je rappelle les gens, toujours de façon très polie, bienveillante, je ramène toujours les mêmes messages parce que pour moi il y a un risque de préjudice important pour le public s’ils reçoivent des services d’orientation qui sont offerts par des personnes qui n’ont pas les compétences. Mais moi, pour moi, défendre des dossiers pour moi qui me concernent personnellement, je ne mets pas autant d’énergie je dois te dire (rire). Donc, ça me sied très bien moi ce rôle-là, défendre le public, parler au nom de l’orientation puis parler d’une profession qu’on adore, c’est facile.
Aimy :Qu’est-ce que tu dirais qu’il faut, pour être un bon conseiller d’orientation, une bonne conseillère d’orientation?
Josée :Tout d’abord, il faut aimer aider les gens. Il faut avoir une excellente écoute et je l’ai dit depuis tout à l’heure, ça prend beaucoup de bienveillance. Il faut vraiment, pour moi, aimer comprendre l’être humain. Donc, avoir cette curiosité-là. Il faut aussi avoir un bon jugement professionnel et clinique, moi j’appelle ça clinique, mais observateur, suivre son intuition, donc observer ce que la personne nous dit, observer son non-verbal, être capable de faire des liens entre tout ça. Pas nécessairement être capable d’utiliser les tests, mais quand on les utilise, les utiliser avec soin et les interpréter avec ouverture. On n’a pas à porter de jugement sur la personne qui est devant nous dans le sens que c’est jamais correct ou pas correct. Elle est ce qu’elle est, comment nous on peut l’accompagner mieux. C’est pour ça que je parle d’ouverture, d’écoute, de bienveillance. La capacité d’évaluer aussi, donc une rigueur. Tu sais, on dit souvent, on n’a pas à dire aux gens quoi faire, mais on a quand même à se formuler un avis et il faut en faire part dans la mesure où ça aide la personne à avancer dans son processus, dans sa démarche, à mieux se connaître puis à prendre des décisions. Puis, il faut avoir de la patience aussi parce que je pense que des fois, il y a des clients qu’on aurait envie, je vais le dire en bon français, en bon québécois, de brasser un petit peu. On a à respecter le rythme de chacun. Je dirais c’est un peu comme avoir des enfants là. Les enfants n’évoluent pas tous au, comme un enseignant, les enfants dans sa classe n’évoluent pas tous au même niveau, à la même vitesse et nos clients c’est la même chose. On a à respecter leur rythme aussi.
Aimy :Josée, ça a été super intéressant. Je te poserais une dernière question pour clore tout ça. C’est une question que je me suis posée moi-même, ayant la même profession que toi, j’ai une réponse incertaine et je serais curieuse d’entendre ta réponse qui est peut-être incertaine aussi, mais avec comment la société évolue, avec comment la technologie avance, tout avance, tout est en changement, comment est-ce que tu penses que la profession va évoluer dans les cinq, dix, quinze, vingt prochaines années?
Josée :C’est très intéressant. Elle a déjà évolué beaucoup. On a qu’à regarder les anciens conseillers d’orientation, moi j’ai 51 ans, bientôt 52. Le conseiller d’orientation que j’ai consulté au secondaire et les pratiques d’aujourd’hui, ça n’a rien à voir. Déjà, l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies, ça teinte déjà nos façons de pratiquer. Déjà, la pratique à distance avec des plateformes comme Zoom, c’est pratique courante maintenant. Donc, je pense que ça va prendre encore plus de place. Mais, quand je lis sur les différentes professions, je dirais humaines là, il y a des choses qui, il n’y a aucune technologie qui va remplacer puis ça je vais toujours me battre contre ça, je pense qu’il n’y a aucune technologie qui va remplacer la qualité du contact entre un professionnel et une personne. Il n’y a rien d’automatique dans ce que je disais tout à l’heure de faire des liens entre la personne, les études, le travail, entre maintenant et plus tard. Je ne vois pas d’algorithme qui pourrait de façon certaine dire à une personne : « Voici dans quel métier tu peux aller, hors de tout doute ». Ça se peut pas être sûr à 100%. Donc, notre profession va continuer d’évoluer. Moi, je trouve ça très utile d’avoir des, par exemple, des tests en ligne, maintenant. Ça, pour moi, c’est très positif.
Aimy :Quand tu dis des tests en ligne, tu veux dire des tests papier?
Josée :Oui. Comme la consultation en ligne, pour moi ça rend les services encore plus accessibles et moi, au lieu de corriger des tests à la main, j’ai plus de temps à mettre sur les consultations avec les gens. Donc, tout ce qui peut être automatisé, bien pas automatisé, mais…
Aimy :Bien, aussi, un peu. Comme la correction d’un test, par exemple.
Josée :Comme la correction d’un test, c’est ça. Moi, je me trouve plus utile à faire autre chose et ce que je peux faire d’autre, ça ne s’automatise pas. La pensée, la réflexion…
Aimy :C’est ça la plus value.
Josée :Bien, une machine ne pourra jamais être bienveillante. Je m’excuse, mais ça je ne le vois pas. L’accompagnement, même si une machine peut, sur une chaîne de montage, placer une vis à un endroit, ça je veux bien, mais comprendre un autre être humain, je pense que ça ça prend l’aspect émotif et l’aspect intelligence que l’artificiel, pour moi, rejoindra jamais.
Aimy :Josée, ça a été hyper éclairant, hyper intéressant. Merci beaucoup.
Josée :Bien ça a été un plaisir pour moi. Je reviens quand tu veux (rire).
Aimy :Bien, on va le refaire, fais attention (rire).
Josée :Merci, bonne journée.
Aimy :À toi aussi. Merci à notre invitée et merci à vous d’avoir écouté cet épisode des Portraits professionnels. Pour plus de détails sur cette profession, visitez notre site internet au www.saltoconseil.com.